Comme il peut être pénible de vivre avec un mal, sans pouvoir le soigner ! C’est ce qui arrive aux enfants atteints de plaies saisonnières. Chaque année, pendant l’hivernage, ils labourent leur corps avec les doigts, du fait des démangeaisons, au point de faire des plaies.

Comme si elles attendent les premières gouttes de pluie pour bourgeonner à l’image de certaines cultures, les plaies de saison se signalent pendant l’hivernage.

Dans des familles au Burkina Faso, des enfants développent ces lésions cutanées douloureuses et persistantes, connues sous le nom de prurigo strophulus, plus communément appelées « plaies saisonnières ». Elles se manifestent par des démangeaisons qui à force d’être grattées s’ouvrent et deviennent de petites plaies, infligeant une souffrance, aux victimes et aux proches, qui revient chaque année.

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A Bobo-Dioulasso au secteur 22, dans la famille Ouédraogo, Ali un garçonnet de 7 ans, lutte contre les démangeaisons. Sur sa peau, il y a des boutons, des marques, des croûtes. Certaines sont ouvertes, laissant apparaître des plaies rouges. Fatigué, il tend la jambe à sa grand-mère pour qu’elle l’aide à se gratter.

Ce que vit Ali n’est pas un cas isolé. Roxane Yaméogo, 10 ans, vit le même supplice depuis l’âge de 6 ans. Chaque saison des pluies, les mêmes symptômes reviennent. « Les plaies ont commencé quand j’avais 6 ans. Ça gratte, ça fait mal… et puis ça devient des plaies», témoigne-t-elle.

Des plaies apparaissent dès les premières gouttes de pluie

Pour de nombreuses familles, la saison pluvieuse est synonyme de douleur. Les plaies apparaissent dès les premières gouttes de pluie, puis disparaissent… pour mieux revenir l’année suivante. Mariam Ouédraogo, mère de deux enfants, vit cette épreuve chaque année. Elle écarte la thèse de maladie héréditaire. « J’ai deux enfants qui souffrent des plaies saisonnières. C’est pendant la saison pluvieuse que ça commence. Au départ, c’est une petite plaie… puis ça remonte au niveau des pieds. Moi, je n’ai jamais eu ça. Mon mari non plus. Donc, ce n’est pas quelque chose d’héréditaire », confie Mariam.

Cette autre mère,Claire Yaméogo, la cinquantaine, voit ses quatre enfants souffrir sans pouvoir les soulager. Elle souffre avec ses enfants, impuissante face à la situation. « (…) Ils souffrent beaucoup, parce qu’il y a des démangeaisons, des plaies… et souvent des mouches qui s’y posent. Quand ça commence, nous souffrons avec eux. On ne sait pas quoi faire, ni quel produit utiliser pour les aider», pleurniche la mère de famille.

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En dehors des douleurs et des traces physiques, les plaies saisonnières laissent aussi des cicatrices psychologiques et sociales. En effet, elles peuvent occasionner une stigmatisation et un rejet. Célestine Zèba en garde un souvenir amer. « Il y a de cela quelques années, je souffrais moi aussi de ces plaies qui sortaient chaque saison des pluies. C’était une période très difficile, parce que j’étais incomprise par mon entourage. Certains pensaient que je ne suivais pas de traitement, alors que si… Mais rien ne marchait. J’ai même essayé la médecine traditionnelle sans succès. Finalement, j’ai laissé tomber. Et puis un jour, les plaies ont cessé de sortir», se rappelle la jeune dame, les yeux rivés sur ses pieds présentant encore de minuscules cicatrices.

Le dermatologue au Centre hospitalier universitaire Sourou Sanou de Bobo-Dioulasso, Dr Aristote Dabré, explique que le Prurigo strophulus touche principalement les enfants âgés entre 6 mois et 10 ans. A l’en croire, cette maladie est liée à la saison pluvieuse et pour l’instant, il n’existe pas de traitement pour le guérir. Quand elles surviennent, il faut juste se contenter de calmer les effets à travers des soins symptomatiques.

Boureima DEMBELE sur un reportage de Mamou OUEDRAOGO