Franklin Nyamsi parle de Géostratégies et géopolitiques de la communication à Ouagadougou
Le philosophe et analyste politique, Franklin Nyamsi, présent à Ouagadougou pour les Universités Africaines de la Communication (Ph. Studio Yafa)

Franklin Nyamsi parle de Géostratégies et géopolitiques de la communication à Ouagadougou

Ouagadougou est le nombril du journalisme et de la communication du 1er au 3 octobre 2025, du fait de la tenue des Universités Africaines de la Communication de Ouagadougou (UACO). Entre exposition et autres activités, des communications rythment la tenue de cet évènement. Après la cérémonie d’ouverture, le philosophe et analyste politique, Franklin Nyamsi, a posé son regard sur les Géostratégies et géopolitiques de la communication en Afrique contemporaine.

Aux Universités Africaines de la Communication de Ouagadougou (UACO), le philosophe et analyste politique, Franklin Nyamsi, a entretenu un auditoire par une communication sur le thème: «Géostratégies et géopolitiques de la communication en Afrique contemporaine ».

Devant des étudiants, des professionnels des médias et de la communication d’institutions, de membres du gouvernement du Burkina Faso, Mali, Niger etc., Nyamsi a clamé haut et fort que celui qui contrôle le mental des hommes peut leur faire faire ce qu’il veut. Aussi, il alerte que les médias sont des armes redoutables dans les rapports de force à l’international.

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En présence d’un public acquis à sa cause, au regard des salves d’applaudissements en réaction à ses propos, l’analyste politique a comparé la puissance d’une bombe communicationnelle à celle d’une bombe atomique, avertissant que les armes culturelles sont souvent plus efficaces que les armes militaires. L’enseignant se désole que l’Afrique, pendant plusieurs siècles, ait été victime de bombardements communicationnels.

Et de nos jours, à l’en croire, ce bombardement se poursuit avec l’aide et la bénédiction des « terro-journalistes ». Pour lui, ceux-ci, d’une main présentent les pays africains comme des zones de chaos, et de l’autre, blanchissent les dictateurs de la Françafrique et donnent des justifications aux ingérences sous couvert de lutte contre le terrorisme. Il conclut que « tout cela n’est acceptable qu’au prix du terrorisme médiatique ».

Appel à un « panafricanisme communicationnel »

Il regrette, dans la foulée, que les Africains n’aient pas été suffisamment préparés et c’est pour cela qu’ils se retrouvent dans cette situation. « On ne s’est pas rendu très tôt compte du fait que les armes militaires étaient moins puissantes en effet que les armes spirituelles, culturelles et nécessairement les armes médiatiques et communicationnelles. Le rapport de forces techniques et militaires ne suffira jamais à expliquer la domination de six siècles que nous avons subie », relève Franklin.

Le philosophe pousse le bouchon en affirmant que les dictatures africaines ont hérité des pratiques coloniales, notamment dans leur manière de communiquer pour asseoir leur pouvoir. Le bémol qu’il met est que les choses changent. « Mais aujourd’hui, le monopole de la communication est brisé. Les peuples africains s’expriment librement sur les réseaux sociaux », fait-il savoir. Il se réjouit du reste, car dans son analyse, « le panafricanisme communicationnel pose de mieux en mieux les conditions de retour en équité dans les politiques nationales et internationales concernant l’Afrique ». Il saisit l’occasion pour alerter sur le fait que la souveraineté commence par la maîtrise de ce que diffusent nos médias car ils forment les opinions et influencent les comportements.

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Faisant un lien entre le terrorisme, que subissent les pays du Sahel, et le contenu des médias, le communicateur défend une position selon laquelle le traitement du phénomène du terrorisme en Afrique par les grands médias occidentaux fait montre « d’une parfaite illustration de cette géopolitique et de sa géostratégie communicationnelle funeste ».

Pour ce faire, il appelle à un « panafricanisme communicationnel », c’est-à-dire une « communication fondée sur la justice, la vérité, et la libération des esprits, une communication qui mobilise, rassemble, et raconte l’Afrique telle qu’elle est, sans filtre ni soumission, une stratégie qui redonne aux Africains le pouvoir de dire leur histoire, de défendre leur dignité, et de construire leur avenir ».

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Au pas de course, la communication du Camerounais d’origine a suscité la réaction du ministre en charge de la communication du Niger qui remercie le communicateur pour l’Afrique. Il relève ensuite que la communication en Afrique a beaucoup de problèmes. Selon lui, ces problèmes sont lié aux ressources humaines formatées dans un moule occidental. Pour le ministre, la plupart des pays accordent une liberté tous azimuts aux journalistes, mais pour lui, « il va falloir recadrer cela ». A ce propos, il avance que « dans le cadre d’une géostratégie adaptée à nos réalités, il faut revenir sur certains textes sans être des dictateurs communicationnels ».

Sous la modération de l’ancien directeur de la télévision nationale burkinabè, Pascal Thiombiano, la communication de Franklin Nyamsi a été écourtée, au bout de quelques réactions, pour éviter de marcher hors des limites de temps imparti.

Boureima DEMBELE