A l’occasion d’Octobre rose, un mois dédié à la lutte contre le cancer du sein, une clinique mobile a été mise en place pour sillonner les zones reculées du Burkina Faso. Plus de 200 femmes participent au test de dépistage.
Il est 14h30 sur le site de Tougzaguet, un village de Ouahigouya, dans la région du Yaadga, au nord du Burkina Faso. En ce mois d’octobre rose, une clinique mobile s’est installée dans une place du village pour une campagne de dépistage gratuite du cancer du sein. Sous un soleil de plomb, des femmes cherchent de l’ombre au pied de la clinique mobile. Les pleurs de certains enfants se mêlent aux causeries.
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Adèle Noélie Kiemdé sort de la clinique mobile, un sourire aux lèvres et avec une enveloppe d’échographie mammaire en main. Déjà habituée, elle était parmi les premières à se faire dépister du cancer du sein et du col de l’utérus. « Ça ne fait pas mal, ça n’a pas pris du temps. Les agents de santé qui sont là-bas, vraiment ils sont aimables », explique Adèle, visiblement soulagée. Habitué du dépistage, elle se réjouit de ne pas à parcourir plusieurs kilomètres pour le faire. « Mais avec la clinique mobile, c’est facile », admet-elle.
La première fois pour Aminata
Après elle, c’est au tour d’Aminata Ouédraogo, 56 ans. Elle vit sa première expérience de dépistage. Hésitante au départ, elle a vite été rassurée. « A l’intérieur, la température est tellement douce qu’on n’a même plus envie de ressortir. A la fin de l’examen, l’agent de santé a dit que c’est bon », explique-t-elle avec un sourire.
Dans la salle d’examen située à l’avant du véhicule, Abdoul Razak Sankara, enchaîne les examens. Il a déjà réalisé une quarantaine d’échographie. Il prend le temps d’expliquer comment fonctionne le dépistage. C’est pareil que dans une clinique ou un centre de santé habituel. Dans le véhicule, il y a un compartiment qui permet le traitement des images.
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Dans un second compartiment se tient le dépistage, avec des appareils adaptés pour la circonstance. « Lorsqu’on réalise l’examen, si toutefois il y a des nodules, l’appareil signale. C’est un signal sonore qu’on reçoit », explique-t-il. Abdoul Razack ne travaille pas seul. A ses côtés, Judicaël Congo, médecin radiologue. Les yeux rivés sur deux écrans, il classe les différentes données en plusieurs catégories. « A mon niveau, j’ai dépisté 3 pathologies que j’ai classé en fonction des normes internationales et qui seront pris en charge par le gynécologue », précise Judicaël.
Des médicaments gratuits
La clinique mobile ne se limite pas exclusivement aux dépistages. Une mini-pharmacie est aussi installée pour permettre aux patients de repartir avec les médicaments nécessaires. « Au cas où il y a une ordonnance que l’on peut aider la femme à honorer sur place, on lui offre gratuitement ces médicaments », assure Judicaël.
Si la majorité des femmes est venue pour le dépistage du cancer du sein et du col de l’utérus, certaines espèrent voir l’offre s’élargir. « Mais nous voulons aussi les examens d’autres pathologies. Je sens parfois des maux de ventre, du bas-ventre. J’espère que prochainement ça sera pris en compte », propose Aminata Ouédraogo, tout en espérant que cette doléance sera prise en compte.
Pour Assami Ouédraogo, le major du CSPS de Tougzaguet, l’arrivée de la clinique mobile est un ouf de soulagement pour la plupart des femmes déplacées internes du village. Pour Octobre rose, 16 sorties sont au programme de la clinique mobile dans la région du Yatenga. Selon l’équipe de dépistage, près de 200 femmes sont dépistées lors de chaque sortie.
Patrice Kambou
Correspondant