Ces difficultés qui veulent cramer l’Unité des grands brûlés de la Pédiatrie à Ouagadougou
Avec seueement 14 lits, l'unité des grands brûlés accueille des patients dans ses couloirs (Ph. Studio Yafa)

Ces difficultés qui veulent cramer l’Unité des grands brûlés de la Pédiatrie à Ouagadougou

Le Centre hospitalier universitaire Pédiatrie Charles De Gaulle reçoit en moyenne par jour quatre blessés par brûlure. Et pourtant, il n’y existe pas une section en bonne et due forme dédiée à ce genre de cas. Cela suscite des difficultés qui risquent de cramer cette entité.

Ambiance particulière du côté du centre des grands brûlés du Centre hospitalier universitaire Pédiatrie Charles De Gaulle. Des pleurs d’enfants souffrant de douleurs. Des parents au regard vide pour les uns, certainement du fait de l’état de leur enfant, pour d’autres, la fatigue cumulée suite aux nuits passées à la belle étoile. Une vague odeur embaume l’air ! Odeur de médicaments ou des plaies en infection. Des patients installés dans les couloirs. L’on passe par toutes les émotions en ces lieux. Certaines vues sont intenables.

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Une chaleur suffocante accueille à l’entrée de la salle d’hospitalisation des grands brûlés de la Pédiatrie. Il y a une coupure d’électricité, et pas de relai. Chaque parent se démène à sa façon pour ventiler son enfant déjà en souffrance du fait de brûlures.

Ousmane Sawadogo, parent d’enfant, témoigne de ces difficultés. Après deux semaines en ces lieux avec son enfant de 17 mois tombé dans de la bouillie chaude, il a eu assez de temps pour constater que « la salle est petite. On est coincés. Entre temps la climatisation ne donnait pas. Il faisait très chaud. Moi je dors dehors dans les moustiques, c’est la maman qui est à l’intérieur avec l’enfant. Le fait de dormir dehors, j’ai piqué un palu », se plaint-il.

18 patients pour 14 lits d’hospitalisation

Le chef de l’unité des grands brûlés du CHU-Pédiatrie, Dr Hyacinthe Zongo, reconnait la difficulté.  Pour 14 lits d’hospitalisation, ils en étaient à 18 patients. « Ça fait que beaucoup de patients restent dans les couloirs, en attendant d’avoir une place », se désole le chirurgien.

Le surveillant de l’unité, Amidou Balima, dans le même sens, explique que le Centre hospitalier universitaire Pédiatrique n’est pas préparé à recevoir les brûlés. Il ajoute que: « nous les recevons parce qu’on n’a pas le choix ». A l’en croire lorsqu’une victime de brûle est admise à la Pédiatrie, on l’envoie directement au service qui s’occupe des urgences. A ce niveau, il y a cohabitation avec tous les malades. Cela pose un sérieux problème selon le surveillant de l’unité. « Le risque d’infection est très élevé. Si le malade fait 24 ou 48 h là-bas, il sera contaminé ».

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Aussi, il fait comprendre que le nombre de places n’étant pas suffisant pour recevoir tous les grands brûlés, il y en a qui restent dans le couloir, « avec la poussière, et tout ce qui s’en suit, avec les autres malades, le risque d’infection est très élevé ».

Selon les dires du surveillant des lieux, le bâtiment destinés aux accompagnants a été transformé pour augmenter la capacité d’accueil de l’unité. Mais des difficultés subsistent.

Le chef de l’unité rassure que malgré tout, le taux de mortalité s’améliore. Il soutient qu’avant la création de l’unité (avant 2023), le taux de mortalité était de 30%. « Mais ça s’est amélioré. Et avec le nouveau protocole qu’on a adopté, le taux tourne autour de 5% », se veut-il satisfait.  

La majeure partie des brûlures sont dues aux liquides chauds

Toutefois, il prévient qu’à la période de fraicheur qui s’installe, l’unité des grands brûlés accueillie un nombre important de patients. Du reste, durant le mois d’octobre 2025, le flux était de 4 ou 5 malades par jour. « Avec la période de fraicheur qui arrive, nous allons être carrément débordés. Avec le froid, les parents chauffent de l’eau pour le bain de leurs enfants », s’alarme-t-il.

Il informe que 98% des brûlés sont dus à des accidents domestiques. Il précise, du reste, que la majeure partie des brûlures sont dues aux liquides chauds (eau chaude, bouillie, sauce…). Il y a également les brûlures par flamme, mais ça c’est rare chez les enfants. « Donc il faut que les parents fassent beaucoup attention à ce niveau », suggère l’agent de santé.

Boureima DEMBELE