Réo : la viande de chien prisée par des jeunes
Des jeunes sont friands de la viande de chien

Réo : la viande de chien prisée par des jeunes

A Réo, localité située à 130 km de Ouagadougou, la consommation de la viande de chien est une habitude pour beaucoup de jeunes. Mais pour avoir sa ration, le client doit passer sa commande un jour avant.

Arrêté devant son restaurant de fortune non loin de la salle de cinéma de Réo, William Bayala remue une grosse marmite posée sur un foyer de trois pierres. Dans la marmite, de la viande mijote. Le jeune homme remue de temps en temps le contenu, saisi un morceau, le pose sur la table et le découpe en petit morceau pour le servir à la clientèle. Il s’agit de la viande de chien. Dans une localité où, dit-on, la viande de chien est très prisée,  créé il y a une vingtaine d’année, la renommée de ce restaurant dépasse les frontières de la ville.

« A Réo, les gens apprécient beaucoup la viande de chien. Chaque jour, je tue entre deux à trois chiens pour vendre », raconte William, toujours attelé à découper les morceaux de viande. Cette activité est sa principale source de revenu, dit-il. Cependant, la mise à mort du chien peut paraitre choquante. Le chien est d’abord attaché à l’aide d’un câble, puis se sert d’un gourdin ou une daba pour fracasser son crâne. « C’est dangereux mais à toi de prendre des dispositions pour ne pas te faire mordre », averti.

Une fois, le chien tué, il est dépiécé et les morceaux de viande mis dans une grosse marmite. Le tas de viande assaisonné de potasse, de citron et de sel, il laisse mijoter pendant 1h30 environ.Ce temps est suffisant pour que la viande soit cuite selon le jeune vendeur.

Un massacre pour les uns

Assis dans ce restaurant, Sebastien Bayala, 18 ans, mange avec appetit de la viande  de chien accompagnée de tô (patte de farine). « Je préfère la viande de chien. Ce n’est pas comme de porc. La viande de chien a le même  goût que celle du bœuf. Il y a certains qui mangent ça avec du pain. Mais moi je préfère avec du tô», affirme Sebastien qui dit consommer cette viande depuis l’âge de 15 ans.

 

William le reconnait, il doit souvent faire face aux railleries. Mais, il estime que c’est la seule activité qu’il a trouvé pour joindre les deux bouts. Mais cette activité est considérée avec mépris par certains qui dénoncent un massacre du « meilleur ami de l’homme ». A cette préoccupation, il répond avec hésitation et d’un rire gêné : « je ne sais pas comment vous répondre mais je ne peux pas finir les chiens de Réo. Je ne suis pas le seul qui tue les chiens. Il y a d’autres qui le font également ».

Les femmes également adorent

La viande de chien est si prisée dans la localité que le client doit passer sa commande la veille selon des clients. « Si tu n’as pas fait ta commande la veille, tu ne peux pas avoir », soutient Bertille Bayala venue manger un morceau dans ce restaurant qui appartient à son père.

A Réo, consommer la viande de chien est une source de fertilité selon l’entendement générale comme l’explique Noëlie Bayala. « Les femmes préfèrent même le chien que la viande du porc. Souvent, on dit qu’une femme qui mange la viande de chien va avoir beaucoup d’enfants. C’est ce qu’on disait mais aujourd’hui avec le planning familiale, les choses ont changé », soutient Noëlie.

Les habitants de Réo sont réputés être de grands mangeurs de chien. Mais, ce n’est pas le cas dans toutes les familles selon Noëlie. Certains groupes ethniques ont pour totem ce canidé alors que d’autres ne le consomment pas pour des raisons mystiques ou religieuses. Selon certains jeunes, la consommation de la viande de chien est une protection contre la sorcellerie.