Attaques contre des civils : une part de règlements de compte selon Serge Oulon©lefaso.net
Il y a des règlements de possibles règles de comptes selon Serge Oulon

Attaques contre des civils : une part de règlements de compte selon Serge Oulon

Depuis le début de l’année 2019, les attaques terroristes attribuées aux terroristes sont orchestrées contre des civils. Selon le journaliste Serge Oulon, auteur du livre Comprendre les attaques armées au Burkina Faso, profils et itinéraires de terroristes, il y a des règlements de comptes.

Les attaques attribuées aux terroristes contre les cibles civiles sont de plus en plus fréquente. Qu’est ce qui explique, selon vous, cette nouvelle stratégie ?

Je pense qu’il faut émettre des hypothèses. La première, dans le monde des terroristes, il plusieurs sortes d’interprétation de ce qu’ils appellent le Djihad. Il y a certains groupes qui estiment qu’il ne faut pas viser les civiles et qu’il faut s’en prendre à l’Etat. Alors qu’il y a d’autres groupes qui disent qu’il faut s’en prendre à tous ceux qui ne sont pas musulmans de la tendance dite radicale. (…) La deuxième hypothèse à mon avis, concerne les conflits communautaires. On constate que les attaques sont concentrées dans la zone du Centre-Nord. Les règlements de comptes suite au drame de Yirgou ne sont pas à écartés avec les questions ethniques. Avant les événement de Yirgou, le Centre-Nord était, en quelques sortes, la première région du Burkina où il y avait des tensions ethniques. Il y a même une étude officielle du ministère de la justice qui faisait une cartographie des conflits au Burkina Faso et notamment la région du centre-nord venait en tête. (…) La troisième hypothèse que je peux émettre, est liée à la première qui peut constituer des règlements de comptes au niveau des groupes terroristes où tout simplement des soupçons de collaboration des civiles avec les forces de sécurité. Quand il y a des soupçons de collaboration, on assiste à ces assassinats ciblés.

L’adoption de la loi sur le recrutement des groupes de volontaires pour la défense de la patrie explique-t-elle également les attaques contre les civiles ?

A mon avis, cette loi votée à l’Assemblée nationale n’est qu’une formalisation, une officialisation de ce qui se fait déjà sur le terrain. Et peut-être dans le Lorum, on se rendra compte que c’est quelque chose qui porte fruit. A plusieurs reprises dans la ville de Titao les groupes terroristes ont tenté de prendre d’assaut les services de sécurité. Grâce à la jonction des moyens de police et la gendarmerie, les gens ont réussi à repousser et il y a même eu des représailles dans certains secteurs de la ville. Mais depuis que les populations se sont organisées, ce sont des choses qu’on entend de moins en moins dans la province du Lorum. Ce sont des éléments qui montrent que les gens se sont déjà organisés dans certaines zones et la population essai de prendre en main sa sécurité.

Y a-t-il des risques de dérapages  avec des volontaires comme beaucoup le craignent ?

Je sais que ce sont les détachements qui vont s’occuper de ces volontaires. Concernant l’armée, on sait tous qu’elle est professionnelle et que son organisation n’est pas ethnique ni régionaliste. La base n’est pas aussi mauvaise que ça. Il y a des risques de règlement de comptes, de dérapages, il y a des risques même que parmi ces éléments, qu’il y ait des infiltrations et mêmes des tirs fratricides. L’essentiel, c’est de corriger quand il y a des erreurs pour pouvoir s’adapter.