Burkina : la fistule obstétricale, le mal pernicieux qui ronge la dignité des femmes

Burkina : la fistule obstétricale, le mal pernicieux qui ronge la dignité des femmes

Au Burkina Faso, près de 900 cas de fistules obstétricales sont enregistrées chaque année. Les victimes qui ont du mal à contenir les urines et parfois les matières fécales sont rejetées et stigmatisées. Cette maladie se guérie pourtant.

Salimata Sawadogo, 21 ans, a contracté sa fistule lors de son deuxième accouchement il y a de cela 3 ans. Lors de ce deuxième accouchement, le bébé n’a pas survécu. Mais, une douleur s’annonçait.  Sortie de la salle d’accouchement, Salimata constate qu’elle incapable de contenir ses urines et ses matières fécales. Ses habits sont constamment salis.

Son entourage la trouvait salle. Salimata est rejetée et humiliée. Son mari est dans l’embarras.  « Les gens même ont dit à mon mari de me répudier et prendre une autre femme parce qu’on ne peut pas guérir cette maladie mais il a refusé. C’est lui seul qui tournait avec moi pour trouver un remède », raconte Salimata encore émue par ces souvenirs douloureux.

Les causes de la fistule

Salimata fini par apprendre qu’elle souffrait de fistules obstétricales, une lésion qui survient après un travail d’accouchement difficile, prolongé et en dehors de toute assistance médicale.

Après des soins à Ouahigouya, le couple se rend à Ouagadougou où après deux mois de traitement, la jeune dame est guérie. « Je suis très contente d’avoir retrouvé la santé. (…) Sincèrement cette maladie m’a dextrement fait souffrir », explique-t-elle avant de rentrer chez elle, toute soulagée.

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A cause de cette incontinence, les femmes victimes sont stigmatisées. Rasmata Sawadogo, une autre dame, en a souffert pendant neuf mois. Elle a dû quitter la Côte d’Ivoire où elle résidait pour trouver des soins au Burkina Faso. « C’est quand je suis  arrivée à Ouaga que j’ai compris que plusieurs femmes souffrent de cette maladie », poursuit-elle. Jusqu’à ce moment, elle n’avait jamais entendu parler de cette maladie.

La fistule obstétricale, considérée comme la maladie des pauvres, est une lésion qui survient après un travail d’accouchement difficile, prolongé et en dehors de toute assistance médicale. Les victimes de la fistule peuvent également contracter d’autres infections. « Le fait que les urines coulent régulièrement, elle peut avoir des infections au niveau urinaire, des infections génitales, des infections digestives qui peuvent même entrainer la mort », détaille le chirurgien Moussa Guiro. En plus, la maladie a des conséquences psycho-sociales parce que les malades sont stigmatisées finissent par être déprimées avec « des tentatives de suicide ».

Selon les spécialistes de santé, les causes des fistules obstétricales sont dues au mariage d’enfant, les accouchements à domicile avec des personnes non spécialisées, l’excision, l’après accouchement ma suivi etc.

Au Burkina Faso, 900 nouveaux cas de fistules sont enregistrés chaque année selon le Dr Moussa Guiro. Les grossesses précoces, l’inaccessibilité des soins de santé et le retard de prise en charge de la femme en travail sont autant de facteurs favorisant la survenue d’une fistule obstétricale.