Burkina : « La frustration motive notre féminisme »
Annick Koussoubé et Bénédicte Bailou, sont très engagées pour le respect des droits de la femme.

Burkina : « La frustration motive notre féminisme »

Etiquetées et taxées, les féministes burkinabè se disent incomprises. Elles soutiennent pourtant défendre une noble cause, celle de l’épanouissement de la femme. Le féminisme dans le contexte burkinabè et africain a fait l’objet du débat hebdomadaire de Studio Yafa. Les invité(e)s ont aussi déploré le dévoiement de cette lutte par certaines femmes qui en ont fait un fonds de commerce.

La frustration justifie en majeur partie l’engagement des femmes dans les mouvements féministes. Elles se disent frustrées par les inégalités sociales ainsi que les violences qu’elles subissent.  » Le féminisme n’est pas dirigé contre les hommes. Il vise notamment le respect des droits de la femme « explique Annick Koussoubé chargée de plaidoyer à Panantugri. Annick se dit étiquetée par certains hommes. Elle est souvent qualifiée de  ‘’femme bandite’’, de ‘’femme capable’’. Et pourtant poursuit-elle : ‘’Le féminisme est juste contre un système patriarcal qui réduit les droits de la femme’’. Le journaliste Boukari Ouoba, se dit étonné de l’argumentaire de Annick évoquant le système patriarcal. ‘’ Le patriarcat est plus occidental qu’africain. En Afrique c’est plutôt le matriarcal ’’, argumente-t-il. Pour lui les féministes ne doivent pas circonscrire le problème des femmes à un seul continent. ‘’ Le problème des femmes est universel’’ précise-t-il.
                                                                                           
                                                                                                               Pour les femmes et par les femmes

La campagne #unevraiefemmeafricaine est par exemple un phénomène de mode qui n’a pas permis d’aller au fonds du véritable débat sur les préoccupations des femmes déplore le journaliste ‘’ Tout ce qui a été dit dans les messages visaient les hommes alors que le mouvement féminisme ne devrait pas être dirigé contre les hommes. En tout cas, celles qui vont aller dans le sens d’une confrontation auront moins de chance de réussir leur lutte’’, prévient Boukari Ouoba. Bénédicte Bailou coordinatrice du mouvement de femin-in reconnait que certains contenus sont incompris. ’’ Aujourd’hui les femmes qu’elles soient citadines ou rurales sont  discriminées par certains hommes. Et nous luttons pour toutes ces femmes d’où qu’elles soient’’, indique la jeune femme.
                                                                                                         

Pour Annick Koussoubé, le combat féministe doit être essentiellement porté par les femmes. ‘’ Le plus grand féminisme du monde a été feu Thomas Sankara qui en moins de quatre ans a plus fait bouger les lignes en terme d’égalité des droits entre les deux sexes’’, réplique Boukari. De nombreuses femmes mariées se plaisent dans leur confort regrette Annick tout en reconnaissant que la lutte est devenue un fonds de commerce pour beaucoup de femmes.