Ouahigouya: les salles de classe débordent

A Ouahigouya, les salles de classe n’arrivent plus à contenir les élèves. Du fait des effectifs pléthoriques, certains suivent des cours hors des salles. Les nouveaux manuels scolaires fournis par l’Etat sont insuffisants pour satisfaire les besoins.

Il est 8h45 dans l’espace non clôturé de l’école primaire publique Pèèla 2 au secteur 13 de Ouahigouya. Devant la salle de classes, en plein air, des élèves sont assis par terre. Un élève se détache du lot, court rattrape une feuille de cahier emporté par le vent.

Au même moment, les autres enfants assis, présentent leurs ardoises à la maitresse débout. Celle-ci contrôle les résultats avant de demander aux élèves de poser les ardoises. L’enseignante entame un autre exercice. A l’intérieur, de la classe les autres suivent une partie des élèves suit une séance de lecture.

« Il n’y a plus de place assise. Voilà pourquoi vous les voyez dehors. Malgré le fait qu’il y ait une partie dehors nous n’arrivons même pas à avancer avec ceux qui sont en classe », déplore Kadisso Porgo/Sawadogo enseignante de la classe du cours préparatoire première année (CP1). En effet, cet établissement souffre des effectifs pléthoriques. Les enseignants se disent contraints de diviser la salle de classe en deux. Du fait de l’insuffisance des infrastructures d’accueils, certains écoliers suivent les cours à l’air libre.

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Cette de CP1 compte 232 élèves. La norme nationale recommande environs 70 par salle de classe au maximum. Les enseignants sont débordés. « Une séance d’écriture dure 15 minute, comment aider tous ces élèves dans ce laps de temps », s’interroge Kadisso Porgo/Sawadogo. Cette école primaire publique Pèèla 2 compte 798 élèves dont 288 sont des déplacés internes.

Autre lieu, même spectacle. 16h à l’école Oufré A au secteur 11 de la ville de Ouahigouya. Un groupe d’élèves est assis le long du mur à la recherche d’ombre. Juste à côté, un véhicule et une moto sont garés. Pendant ce temps, d’autres camarades sont en plein devoir d’exercice d’observation. Là-bas, les élèves sont assis à quatre sur un table-banc prévu pour deux élèves. « Nous avons 140 élèves dans la classe. On ne peut pas laisser quatre élèves sur une table pour un devoir. On est obligé de scinder la classe en plusieurs groupes pour évaluer. Donc pour un devoir de 30mn, il faut prendre 2h », se lamente Honorine Sankara /Tinta, maîtresse titulaire de la classe de CE1.

Des manuels scolaires insuffisants

Dans le cadre de la reforme curriculaire, l’État a introduit à partir de l’année scolaire 2022-2023 de nouveaux manuels de lecture pour les niveaux CP1. Le nombre de manuels reçus par les écoles ne tient pas compte de ces effectifs pléthoriques. A l’école primaire publique Oufré A, le directeur déclare avoir reçu 160 livres pour un effectif de 220 élèves inscrits au CP1. A l’école Pèèla 2 c’est également le souci du directeur : « Notre véritable problème, ce sont les manuels. On nous a donné les livres sur la base de nos effectifs de l’année passée. Nous avons reçu 145 livres de lecture pour 232 élèves au CP1. Évaluez l’écart vous-mêmes », affirme, indigné le directeur Boukari Sawadogo.

Pour le post-primaire et le secondaire, la direction provinciale des enseignements post-primaire et secondaire du Yatenga a ouvert une vingtaine de sites d’accueil pour élèves déplacés internes.  Pour cette année scolaire, 914 élèves déplacés internes occupent le site du Lycée municipal de Ouahigouya. Ce site logé au sein de l’établissement regroupe neuf lycées et collèges et dispose de sept salles de classe.

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« Nous avons juste 7 salles de classe pour les élèves. Pourtant, pour la 5e seulement nous avons 274 élèves. Donc, nous avons scindé la classe en deux. La cohorte 1 fait cours de 7h-12h et la 2e cohorte commence les cours à partir de 13h pour finir à 18h », explique Edmond Rabi Kinda, point focal dudit site.

A Gourga, localité située à la périphérie de la ville, le site d’accueil regroupe trois lycées et deux collèges d’enseignement général. Certains élèves assis à même le sol suivent les cours. D’autres sont accrochés à la fenêtre. « Nous avons enregistré ici 287 élèves. Nous avons négocié avec des partenaires pour avoir pour le moment 40 tables-bancs pour cet effectif. Malgré tout, nous avons débuté les activités avec quelques bâtons de craie. Donc aujourd’hui nous appelons à l’aide pour accompagner ces enfants », plaide le point focal du site de Gourga, Boukari Ouédraogo.

Patrice Kambou, correspondant