Coronavirus : prudence et méfiance au CHU de Tingandogo
Le Centre hospitalier universitaire de Tingandogo a pris les dispositions pour l'isolement des cas suspects de COVID-19

Coronavirus : prudence et méfiance au CHU de Tingandogo

Les cas suspects du Covid-19 sont accueillis au Centre d’isolement du Centre hospitalier et universitaire de Tingandogo (CHU-T), de Ouagadougou, ex Hôpital Blaise Compaoré où les mesures de précaution sont renforcées par l’administration. Des accompagnants de malades, se tiennent loin du bâtiment de confinement pour ne pas se faire contaminer.

Un point commun chez tous les visiteurs qui entrent et sortent du Centre hospitalier et universitaire de Tingandogo (CHU-T) de Ouagadougou: ils ont le visage fermé, l’air pensif et anxieux. Certains portent des masques, signe de prise de précaution contre la pandémie du Covid-19 (communément appelé coronavirus). A l’intérieur, c’est le calme plat. Les chants d’oiseaux laissent croire que le visiteur se trouve dans un parc plutôt qu’à l’hôpital. A l’écart, au côté Sud-Ouest, se trouve le bâtiment 15 destiné à accueillir et isoler des cas suspects de Covid-19. Un corbillard est stationné à côté mais personne aux alentours du bâtiment. 

A travers les vitres, l’on aperçoit des hommes et des femmes dans des combinaisons (masques, verres de protections, et gans), faisant des allers-retours à pas accélérés. A la porte, une affiche manuscrite prévient « Accès interdit ». Une autre indique un numéro vert, le 01 60 89 en cas de besoin. Malgré notre masque de protection, un sentiment de peur nous envahit.

Quelques minutes après, trois hommes sortent de la salle de confinement. « Vous voulez quelque chose ? », demande l’un d’entre eux. Nous expliquons l’objet de notre présence sur les lieux. « Monsieur, nous vous conseillons de ne pas rester ici. Ce n’est pas bon pour vous. Vous voyez bien qu’il n’y a personne ici », rétorque-t-il d’un ton sec.

« On respecte la distance de sécurité»

Quelques mètres plus loin, des accompagnants de malades attendent devant une salle d’hospitalisation. Lorsque des hommes en blouses blanches, masqués s’approchent d’eux, ces derniers reculent. « C’est nous qu’ils fuient », lancent une infirmière en langue local dioula à sa collègue avant de poursuivre leur chemin en riant. « Non. On respecte juste la distance de sécurité », répond avec humour un accompagnant.

Puis, il témoigne sur ce qu’il a vu ces derniers jours depuis qu’il est à l’hôpital. « La dernière fois, il y a un rasta qui était là. Il disait qu’il est rentré de la France et qu’il a senti des signes. Il est donc venu ici, raconte-t-il avant de poursuivre, il y a aussi la dame qui est venue hier avec sa « bonne » ». Un autre accompagnant ajoute : « et le Blanc-là ? C’est comme je le disais, coronavirus, c’est une maladie de riche. Tous ceux qui viennent, ce sont les riches-là ». 

A la direction de l’hôpital, le chargé de communication explique que toute la communication sur le Covid-19 passe forcément par la direction de la communication du ministère de la santé. Mais, en face du secrétariat, une circulaire indique les instructions techniques à suivre. « Prévoir deux pavillons dont un pour les cas suspects en attente de confirmation et un pour les cas confirmés de sorte qu’il n’y ai pas de croisement entre les deux groupes de patients (…) pour les cas suspects non confirmés, utiliser une salle par patient », souligne la note.

A la date du mardi 17 mars 2020, le ministère de la santé a enregistré un décès sur les 27 testés positifs du Covid-19.