<strong>Koupéla : le bosquet de Garibou Barry, la muraille verte contre l’avancée du désert</strong>

Koupéla : le bosquet de Garibou Barry, la muraille verte contre l’avancée du désert

A Koupéla, un bosquet fait la fierté de la commune. Il s’agit du bosquet mis en place par un ressortissant de la localité aujourd’hui décédé, Garibou Barry. Il a consacré presque toute sa vie pour mettre en place et entretenir ce bosquet géré aujourd’hui par la mairie. Cet espace constitue le poumon vert de Koupéla.

C’est à la sortie Est de la ville de Koupéla, sur la voie menant à la ville de Fada N’Gourma qu’il faut se rendre pour découvrir le bosquet communal de Koupéla. Une petite forêt qui s’étend sur plusieurs mètres de longueur en bordure du goudron. Une équipe de la douane veille non loin de là. En bordure du goudron, se dresse un vaste domaine domaine boisé. «Ça fait au total 85 hectares », explique Zakaria Zougmoré, directeur de département de l’environnement de Koupéla, le guide du jour.

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Dans sa tenue de service, il accompagne l’équipe de reportage dans le bosquet qu’il connait comme sa poche. Les bruits de ses bottes, des chants d’oiseaux et quelques fois des feuillages viennent briser le silence ambiant. Le domaine comporte deux parties. « Nous sommes dans la partie clôturée. Cela fait six hectares », explique Zakaria Zougmoré.

Des espèces diverses

Les autorités communales manquent de finances pour clôturer tout le domaine. Un premier pas a été franchi mais pas suffisant. La communauté avait pu construire un puit. Mais aujourd’hui, celui-ci est tari. « Tout notre souhait, c’est d’avoir un forage pour arroser les plantes », espère le forestier.

Dans cette partie clôturée une maisonnette pour stocker du matériel. Des eucalyptus, des baobabs, des caïlcédrats, des acacias, des neems, des fromagers, des goyaviers, du néré etc. de tailles différentes se dressent. Certaines ont poussé naturellement. D’autres ont été plantés. « Tout ce que vous voyez aligné a été planté. Certains par Barry d’autres lors des campagnes de reboisement », explique toujours Zougmoré.

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Le bosquet communal est l’initiative de Garibou Barry. Ce dernier a consacré près d’une vingtaine d’années de sa vie à mettre en place et à entretenir ce bosquet avant de le céder à la mairie.

La gestion de la partie non clôturée s’avère difficile. Elle est menacée par la coupe abusive du bois et le ramassage  de cailloux sauvages. « Regardez là, c’était des gens qui venaient ramasser les cailloux sauvages qu’on a chassé surement», explique-t-il en indiquant un tas de cailloux.

Un engagement personnel

Il n’existe pas de sécurité spéciale pour surveiller ce bosquet et éviter la coupe abusive du bois. Un volontaire quand même assure la veille. En plus, les riverains sont très alertes : « les riverains nous aident beaucoup. Quand il y a des personnes suspectes qui sont là, ils nous avertissent ». La famille du vieux Barry est aussi installée devant le bosquet. Elle assure aussi la garde.

Natif de la région et au-delà de ses engagements professionnels, Zougmoré fait de la préservation de ce bosquet une affaire personnelle. Le contexte de changement climatique avec des effets négatifs sur le Burkina Faso le préoccupe. La clôture d’une partie du bosquet est une victoire pour lui.

« Le reste, nous essayons de faire des plaidoyers, nous rédigeons des projets. Si ça marche  nous pourrons clôturer. Nous allons intégrer des associations s’ils peuvent intégrer dans leur plan d’action chacun un hectare pour clôturer petit à petit le bosquet, cela va nous permettre d’avoir le maximum d’espace clôturé », s’engage Zougmoré.

Entre 500 mille et un million pour l’entretien annuel

En plus, l’initiateur  a aussi planté des arbres pour renforcer le couvert végétatif à l’image de Yacouba Sawadogo, de Ouahigouya. Yacouba Sawadogo est reconnu pour avoir mis en place une forêt pour arrêter l’avancée du désert dans son village, menacé par la désertification. « Chaque année, nous ajoutons des plantations pour plus renforcer l’aspect végétatif. Quand on rentre dans la partie clôturée, tout ce qui est comme espace, nous essayons de replanter là-bas pour avoir le couvert végétal plus intensif », révèle-t-il.

Les plantes sont choisies pour leurs vertus médicinales mais surtout leur résistance à la sécheresse. « Par exemple, nous utilisons de moins en moins d’eucalyptus parce que ses feuilles ne nourrissent pas le sol », regrette Zakaria Zougmoré.

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La ville de Koupéla n’échappe pas au phénomène d’urbanisation et de déforestation incontrôlée pour le besoin de bois de chauffe. Le domaine appartient désormais à la mairie. Pour le protéger, elle prévoit chaque année un budget pour le reboisement du bosquet. « En terme de coût, je sais que c’est entre 500 mille et 1 Millions de FCFA qu’on prévoit chaque année. Il y a également un gardien que la commune a recruté pour la sécurité des arbres. Empêcher que les populations entrent dans le bosquet pour couper les arbres », révèle le secrétaire général de la Mairie de Koupéla Batibié Bazié. Pour les autorités locales, ce bosquet communal doit être une préoccupation nationale. Car, il est le plus important bosquet de la région du Centre-Est selon Zakaria Zougmoré.

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Boukari OUEDRAOGO