Des agents de santé réquisitionnés dans le cadre de la riposte contre l’épidémie de la Covid-19 au Burkina attendent toujours leur paiement. Ils disent être déçus du silence des autorités sanitaires malgré les risques pris pendant la phase critique dans la prise en charge des patients atteints de la Covid-19. Ils dénoncent notamment le paiement des agents n’ayant pourtant pas été réquisitionnés comme des gynécologues, des anesthésistes, des secrétaires de bureau, etc.
Aboubacar Ouédraogo, ne sait plus où donner de la tête. Il dit être confus car après trois mois de prestation dans le cadre de la riposte contre le coronavirus, l’agent de santé ne sait pas quand il va entrer en possession de ses indemnités. « Notre cœur bat. depuis deux semaines, nous sommes dans le doute malgré l’assurance que les autorités sanitaires tentent de nous donner », s’emporte Aboubacar Ouédraogo, agent itinérant de santé réquisitionné.
Assis sur des bancs ce lundi 22 juin dans la cours du Centre des opérations de réponses aux urgences sanitaires (Corus), d’autres agents de santé, également réquisitionnés attendent depuis près d’un mois maintenant leur paiement. Parmi ces derniers Moussa Foé Konaté. Déçu et perdu, cet agent de santé dit ne plus savoir à quelle porte frapper pour percevoir son dû. « Lorsque nous nous adressons aux responsables du Corus, ils nous tournent en rond. On nous dit de voir, tel responsable. Ce responsable nous balance chez un autre », raconte-il. Ces agents réquisitionnés dans le cadre de l’opération – les étalons de la santé– se disent aujourd’hui dépités. Pis encore « il y a des gens qui ont perçu les indemnités alors qu’ils n’ont pas travaillé. Des gynécologues, des anesthésistes, des secrétaires de bureau, bref, ce sont des gens qui n’ont jamais vu de malades de la Covid-19 qui ont été payés », dénonce Moussa Foé.
Contaminés, stigmatisés et aujourd’hui abandonnés
A l’hôpital de Tengandogo, les services où officient ces paramédicaux sont considérés comme zone rouge. En contact permanent avec les malades de coronavirus, certains ont été contaminés à la Covid-19 lors de leurs prestations. « J’ai caché ma maladie, même à ma famille, tout en les protégeant. Dans le quartier, les voisins appelaient mon domicile – coronavirus-. Et personne n’osait s’approcher de ma famille », affirme Aboubacar Ouédraogo. Moussa Foé Konaté s’est quand à lui, éloigné de sa famille pour éviter un éventuel risque de contamination. « Mon fils avait peur de moi estimant que j’étais devenu méchant tellement je lui demandais s’éloigner de moi », témoigne-t-il. Les promesses d’isolement des agents de santé pour préserver leurs familles sont restés vaines. « On rentrait chez nous et revenait travailler à l’hôpital. C’est l’œuvre de Dieu si nos proches n’ont pas été contaminé ».
Les paramédicaux réclament deux mois de paiement à raison de 10 000 francs CFA par jours. Lors d’une conférence de presse tenue récemment, la ministre en charge de la Santé, Claudine Lougué, rassurait du paiement des indemnités des agents réquisitionnés. Les retards, dit-elle, sont dûs à des problèmes techniques. Deux semaines après, les 69 agents de santé attendent toujours leur argent alors que la réquisition a pris fin le 14 juin dernier.