<strong>Burkina Faso : Des céréales cherchent des acheteurs</strong>

Burkina Faso : Des céréales cherchent des acheteurs

Le gouvernement burkinabè a décidé de l’interdiction d’exportation des céréales dans le but de faire face à la flambée des prix. Le marché extérieur fermé, les clients se font attendre dans les magasins.

A Dassasgho, dans le magasin de Amidou, commerçant vent des céréales du Burkina Faso dans des pays voisins comme le Ghana depuis 30 environs. En retour, il ramène chez lui, des biens de consommation comme l’igname. Dans son magasin, des sacs de sorgho, de petit mil et de maïs sont entassés. Cependant, depuis quelques temps, Amidou est soucieux. Un décret du gouvernement adopté en février 2022 interdit l’exportation de céréales hors du pays.

Cette décision n’arrange pas ses affaires puisque l’exportation de céréales est l’une de ses principales activités. Il craint des répercussions. « On est dans une communauté qu’on appelle UEMOA. Il faut qu’on essaie de s’entraider. Souvent, quand ça ne va pas ici, on peut aller au Niger ou au Ghana pour envoyer du maïs », fait remarquer Amidou. Pour lui, le gouvernement devait tout simplement limité l’exportation de ces denrées. « On pouvait limiter les quantités à exporter et non interdire tout simplement l’exportation », regrette-t-il.

Décision justifiée pour d’autres

Par contre Mahamadi, commerçant au marché de Neemnin juge la décision gouvernementale salutaire. « Cette mesure ne dérange aucun commerçant parce qu’il n’y a même pas assez de céréales, argumente-t-il, avant d’ajouter, on devrait en arrivé à cette mesure car c’était prévisible, avant il y’avait les céréales on consommait et on exportait mais avec l’insécurité, c’est devenue compliqué ». Sa principale préoccupation, le retour de la sécurité : « Si nous retrouvons la paix, tout ça sera levé. Si la guerre est finie, c’est fini pour les problèmes. Si les déplacés rentrent, ils vont cultiver et on aura la nourriture en pagaille ».

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Au marché de Sankaryaré, cette fois. Comme tous  les jours, il faut se faufiler entre les jeunes poussant des charrettes ou tricycles chargés, les véhicules, les vendeurs ambulants pour accéder au marché. Là, Installé dans sa boutique dans la partie réservée au commerce de céréales, Salif propriétaire d’un magasin, échange plutôt avec ses employés en l’absence de la clientèle. Prudent, le cinquantenaire hésite avant de répondre à la préoccupation. Quand il s’agit d’évoquer la gouvernance actuelle, certains se montrent prudents. « Ce sont les agriculteurs qui souffrent le plus de cette interdiction parce que ce sont eux qui perdent beaucoup plus que nous », répond Salif qui préfère déplacer le sujet.

S’adapter

Le commerçant, habitué également a exporté ses céréales dans des pays voisins espèrent plutôt s’adapter à la nouvelle donne. « Cette décision va faire plaisir à certains et faire pleurer d’autres. Mais pour moi, il y a plus important qui est la question sécuritaire que vit le pays », estime-t-il.

Cependant, ce qui fait l’unanimité chez ces commerçants, c’est l’absence de la clientèle du fait de l’inflation. Ils ne peuvent plus compter sur le marché extérieur. Pourtant, selon la Société nationale de gestion du stock de sécurité alimentaire (SONAGESS), les prix moyens au détail du mil local et du sorgho blanc sont en hausse de 32% et ceux du maïs de 36%.

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L’insécurité qui frappe le Burkina Faso a engendré une crise humanitaire. Selon un rapport de l’ONU, plus de 18,6 millions de personnes dans le Sahel se trouvent en situation d’insécurité alimentaire. Le Burkina Faso, le Niger et le Nigeria font partie des pays les plus touchés.