inondations au Burkina : de jeunes sinistrés appellent l’Etat à l’aide
Des jeunes sinistrés disent avoir le regard tourné vers l'Etat

inondations au Burkina : de jeunes sinistrés appellent l’Etat à l’aide

Tristesse et désolation dans la famille Somda, au quartier non loti de Zagtouli à la sortie Ouest de Ouagadougou. La maison de deux pièces s’est écroulée, conséquence des pluies diluviennes. Sur les ruines de son ancienne demeure, il retourne chercher quelques effets. Sa douleur, plusieurs autres familles sinistrées à Kilwin et dans différents quartiers la partage.

C’est avec amertume que Eric Somda revient chez lui. Il est juste de passage pour démonter les plaques solaires, ampoules et antenne parabolique de son ancienne maison qui s’est écroulée le 8 septembre dernier. Les quelques murs qui tiennent encore sont soutenus par des poutres. « Ça m’a surpris », dit-t-il à petite voix, arrêté sur les amas de briques. Juste à côté du tas de ruine qu’est devenue la maison de Eric Somda, son voisin lui, prend ses précautions. Désiré Taoko, 33 ans est en pleine séance de renforcement de la structure de son abri. « L’eau a rongé le bas de la maison, je suis en train de faire un pilier pour solidifier, en attendant la fin de l’hivernage (…) », explique le jeune électricien. Ces derniers jours ont été pénibles pour lui et les habitants Zagtouli, ce quartier périphérique.

                                                                             

                                                                                                                                           Studio Yafa · « Quand la pluie s’annonce, on n’a pas l’esprit tranquille » ( MiniMag 17/9/20)

 

« Quand la pluie nous trouve au bureau et qu’on veut rentrer, nous n’avons pas accès à nos maisons. Nous sommes inquiets au bureau et à la maison », poursuit-il. Le trentenaire se dit surtout inquiet pour sa famille quand il n’est pas là. « Je devrais effectuer une mission, mais j’ai laissé tomber. Je n’ai pas le cœur net », ajoute Désiré qui par précaution, a mis tous ses objets précieux tels que ses diplômes et attestations en lieu sûr, pour ne pas courir de risque.

Colère et doléances de sinistrés

A Kilwin, un autre quartier de la capitale, c’est le sinistre sous les yeux. Dans certaine portion, zone non lotie, tout est à reconstruire. On ramasse les tôles, on renforce les maisons qui menacent de s’écrouler. Souleymane Perkouma, 26 ans, père de deux enfants, a dû évacuer sa famille chez sa tante dans un autre quartier. La maison de son grand frère qui jouxte un marigot n’a pas résisté aux averses. Le jeune homme lui squatte dans sa bicoque, mais il est anxieux.
« Je n’ai pas confiance à la maison, parce que le bas est très mouillé. Hier (9 septembre ndrl.) quand il pleuvait, je ne pouvais plus dormir. J’ai porté une culotte et j’étais arrêté dehors sous la pluie aux environs de 1h du matin», commente le jeune chef de famille qui s’attèle donc, avec l’aide de certains amis, à consolider son logis.

Au milieu des ruines, la colère monte chez certains jeunes sinistrés. Souleymane Kaboré, environ 25 ans, en veut aux hommes politiques qui jusque-là, n’ont manifesté aucun signe de compassion et de solidarité. « Au moment des élections, ils savent où nous trouver. Mais dans ces situations, on ne les voit pas. Ils devraient quand même passer nous voir », fulmine-t-il. Le jeune homme affirme être conscient que le gouvernement ne peut tout faire. Mais il attend un geste. « Quelques sacs de ciments, et quelques tôles ça peut nous aider », suggère le mécontent. De l’autre côté à Zagtouli, Eric Somda compte reconstruire sa maison. Mais cette fois, en ciment. « Si le gouvernement pouvait travailler à baisser le prix du ciment, cela allait soulager aussi les pauvres comme nous », plaide le chef de famille.

A l’issue du conseil des ministres du 9 septembre 2020, le gouvernement a déclaré l’état de catastrophe naturelle au Burkina Faso. 5 milliards de francs CFA ont été prévus pour faire face aux urgences occasionnées par les inondations.