Concours de la fonction publique : «  Nous y allons par contrainte et non par vocation », candidat
60 concours directs de la fonction publique burkinabè : plus d'un million de candidatures pour 4721 postes à pourvoir

Concours de la fonction publique : « Nous y allons par contrainte et non par vocation », candidat

1 290 142 candidatures pour 4721 postes à pourvoir. Ce sont les chiffres des concours directs de la fonction publique qui se déroulent du 18 septembre au 2 octobre 2020 au Burkina Faso. Certains jeunes candidats composent dans une dizaine de concours pour augmenter, disent-ils, leurs chances de réussite. Dans ce jeu de loterie, l’essentiel est de décrocher une place à la fonction publique. La vocation peut attendre.

 

Le métier de rêve, celui que Julien Yaogo, 22 ans a toujours voulu exercer, c’est secrétaire de greffe. Mais ce 24 septembre 2020, il venait de finir la composition pour un poste en intendance scolaire et universitaire dans un centre à Ouagadougou. Pour cet étudiant en Histoire à l’université de Ouagadougou, l’essentiel est d’avoir un emploi dans la fonction publique, peu importe lequel. Cette année, Julien est candidat dans neuf concours. Entre autres, attaché d’éducation, éducateur de la petite enfance, infirmier, agent technique d’élevage, agent technique en génie civil, secrétaire de greffe au parquet. « Nous déposons plusieurs dossiers dans l’espoir d’avoir au moins un, même si cela n’est pas notre vocation », explique le jeune candidat.

Même stratégie pour Ousséni Zabré pour qui, c’est la 5e fois de « tenter sa chance » aux concours de la fonction publique. L’étudiant de 32 ans en histoire et archéologie a, cette année, misé sur sept concours. Il a postulé pour le recrutement des enseignants du primaire, les professeurs certifiés, les assistants en eaux et forêts, les agents techniques d’agriculture. La mine grise et d’un pas nonchalant, il sortait d’une salle de composition au lycée Philipe Zinda Kaboré de Ouagadougou. « Ce matin (NDLR. jeudi 24 septembre), j’ai composé le concours sur l’attaché d’intendance scolaire et universitaire », dit-il d’une voix presque inaudible. « J’aimerai surtout avoir un poste en lien avec l’éducation, c’est ce que j’aime le plus, mais si je gagne aussi l’agriculture ou l’environnement, je suis preneur », ajoute-t-il sans trop de conviction.

Alice Yaro, 25 ans, compte elle, sur la chance même si elle dit avoir préparé le concours durant toute l’année. L’étudiante en Assistanat de direction a postulé à neuf concours. Elle ne pourra composer que sept. « La date des deux concours se coïncide » nous explique-t-elle, l’air confiante. Pour elle, la fonction publique est comme une loterie où seule la chance est évidente. C’est pourquoi, se convainc-t-elle : « nous déposons plusieurs dossiers dans l’espoir d’avoir au moins un même si cela n’est pas notre vocation ».

Reformer un système saturé

Etudiant en économie, Pascal Zeda 30 ans, caresse le secret espoir d’être retenu pour le concours de la douane. Pour le titulaire d’une licence en économie, c’est un métier en lien avec sa formation de base. Le jeune homme est toutefois conscient qu’entre sa volonté et la réalité, il y a des incertitudes. « Je passe les concours de la fonction publique depuis 3 ans. Je dépose chaque année au moins 5 concours dans l’espoir d’avoir une place dans la fonction publique. Tous ces concours sont loin d’être une vocation. C’est beaucoup plus pour avoir de l’emploi », reconnait Pascal.

Cependant, fait-il savoir, chaque année, les postes à pourvoir diminuent alors que le nombre de candidats ne fait qu’augmenter. « Nos autorités en charge de l’éducation doivent repenser notre système. Elles doivent mettre l’accent sur l’enseignement technique, la formation professionnelle pour permettre aux jeunes d’avoir des emplois décents », propose-t-il.

Une idée partagée par Julien Yago, étudiant de 22 ans en Histoire, pour qui, il faut nécessairement reformer le système éducatif en instaurant des formations professionnelles après le BEPC et à l’université. La seule alternative selon lui, pour résorber le chômage de jeunes burkinabè.

Pour cette session 2019/2020 il y a 60 concours directs de la fonction publique pour 4721 postes à pouvoir. 1 290 142 candidatures ont été enregistrées contre 1 247 365 en 2019, soit une augmentation de 42 777 candidatures.