Déscolarisée à cause du terrorisme, Salimata lance un appel de soutien : «(…) je suis peut-être la future présidente du Faso »
Salamata Sawadogo pendant l'enregistrement de l'émission Ya'Débat le 25 septembre 2020 à Kaya

Déscolarisée à cause du terrorisme, Salimata lance un appel de soutien : «(…) je suis peut-être la future présidente du Faso »

A quelques jours de la rentrée scolaire 2020-2021 au Burkina Faso, l’amertume envahit les cœurs de jeunes déplacés internes à Kaya dans la région du Centre-Nord. Cette année, Salamata et Anne n’iront pas à l’école, faute de moyens financiers. Fuyant les attaques terroristes, leurs familles se sont réinstallées dans le chef-lieu de cette province aux portes du Sahel, laissant tout derrière elles.

Une année scolaire à la maison. C’est ce qui attend Anne Sawadogo, jeune déplacée interne à Kaya. L’allure svelte, la jeune fille d’environ 20 ans a quitté la région du Sahel avec sa famille pour trouver refuge dans cette partie du territoire qui accueille le plus grand nombre de déplacés internes au plan national (422 267 personnes). « Je suis là depuis le 29 janvier, je n’ai pas encore pu intégrer une école, faute de moyens (…) On avait dit qu’on allait nous aider à continuer, mais depuis rien », relate la jeune fille qui dit appréhender la rentrée scolaire avec tristesse, surtout qu’elle devrait passer le Baccalauréat cette année. Comme ses cinq sœurs, Anne est dans l’incertitude.

Avec un enfant d’environ 1 an sous les bras, le destin de Salamata Sawadogo a également basculé à cause du terrorisme. Elle est originaire de Dablo, une commune qui a essuyé deux attaques d’envergure en 2019. Une première qui a visé une église le 12 mai 2019 avec un bilan de six morts dont un prêtre, et une autre le 21 juillet 2019 ayant fait 11 morts.

En aout 2019 quand Salamata, 23 ans débarquait à Kaya, elle avait dans ses baluchons un diplôme de brevet d’étude du premier cycle (BEPC) nouvellement obtenu, alors qu’elle était enceinte. Malgré une situation sécuritaire délétère, et sa condition physique, la jeune fille dit avoir donné le meilleur d’elle-même pour décrocher son diplôme. « Pendant l’année scolaire, les professeurs sortaient en plein cours parce qu’ils recevaient des appels les prévenant de ce que les terroristes étaient à côté, dans des villages voisins (…) On écrivait en regardant à travers les fenêtres (…) j’ai composé mon BEPC avec la grossesse, mais j’ai réussi », dit-elle avec fierté.

L’année qui a suivi, par faute de moyens financiers, elle n’est pas allée à l’école. « C’est à partir de l’agriculture et de l’élevage qu’on payait nos frais de scolarité. Les terroristes nous ont chassés et ont tout pris », se remémore-t-elle. A l’idée de ne pouvoir continuer les cours, Salamata dit avoir « peur », parce que, se demande-t-elle, « qu’est-ce que je vais devenir ?».  Comme Anne, Salamata espère un accompagnement de la part de l’autorité ou de ses partenaires pour continuer ses études en cette année scolaire qui pointe à l’horizon. La native de Dablo, affiche une confiance certaine en l’avenir, seulement si elle arrive à retrouver le chemin de l’école. « Aider moi à retrouver une école. Peut-être que je suis la futur ministre, gouverneure, ou pourquoi pas la présidente du Faso ».

Selon un rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), en avril 2020, 339 909 élèves étaient privés d’accès à l’éducation, du fait de la fermeture de 2 512 écoles en raison de l’insécurité. La rentrée scolaire 2020-2021 au Burkina Faso est prévue pour 1er octobre 2020.