8-Mars: parler des femmes, une position qui coûte à des médias

8-Mars: parler des femmes, une position qui coûte à des médias

A l’occasion de la commémoration du 8-Mars, le Studio Yafa a jeté un regard sur certains médias du Burkina Faso créés par des femmes et qui ont décidé d’être des organes de presse à thème, en s’intéressant principalement aux questions autour des femmes, mais pas que. Une prise de position qui leur coûte…

Le premier dénominateur commun entre Mousso News, Queen Mafa et Femina FM est que ce sont des médias qui ont été portés sur les fonts baptismaux par des dames. Ensuite, s’ils traitent des informations générales, ils préfèrent celles qui traitent des questions liées à la femme. Femina FM le fait depuis 15 ans, Queen Mafa 2015 et Mousso news 2019, officiellement.  

«  (…) mettre les hommes au service des femmes»

Aussi, même si la femme est leur centre d’intérêt, leur personnel n’est pas exclusivement féminin pour autant. « Le personnel n’est pas exclusivement féminin. Quand on veut faire du branding, on met l’accent sur les femmes sinon on a au moins deux hommes en arrière et qui sont dans l’équipe », a dit la promotrice de Mousso News, Bassératou Kindo.

Bassératou Kindo, promotrice de Mousso news

La co-fondatrice de Radio Femina FM, Evelyne Salambéré, nous a confié la même chose : « Le personnel n’est pas exclusivement féminin. Notre assistant le plus proche est un homme. Souvent on taquine les gens en disant que nous avons préféré mettre les hommes au service des femmes ». A Queen Mafa, « les femmes sont plus sensibles à venir, mais ce n’est pas une préférence », a expliqué la promotrice, Fatouma Sophie Ouattara, précisant que « le personnel n’est pas exclusivement féminin».

Pourquoi l’information principalement au féminin?

A en croire la promotrice de Mousso News, « nous sommes dans un monde où il faut que tout le monde parle » et c’est pour cette raison que son journal en ligne « donne la parole aux femmes et transmet de façon authentique cette parole au public ». Elle estime aussi que « la femme a du potentiel et de belles idées qui peuvent apporter des changements qualitatifs et positifs ». Elle fait comprendre que Mousso news s’est fixé l’objectif d’offrir un cadre d’expression à la femme pour qu’elle puisse s’exprimer « librement, qualitativement et utilement ».

Dans le même élan, nous a soufflé Bassératou Kindo, le journal fait la promotion des activités et des initiatives des femmes afin de les valoriser, car « on s’est rendu compte qu’il y a de nombreuses femmes qui font des merveilles, qui impactent mais qui ne sont pas connues ».

Fatouma Sophie Ouattara directrice de publication de Queen Mafa

Comme si elles se sont passées le mot,Femina FM comme Mouso News, en se refusant d’aller contre les hommes, « aide les femmes », en donnant non seulement « la parole aux femmes », mais aussi en les « écoutant énormément », parce que pour Evelyne Salambéré, « il faut écouter pour pouvoir aider et accompagner ». Même trait de plume à Queen Mafa. Et là, Fatouma Sophie Ouattara est formelle: «  (…) nous prenons positon pour la femme pour tout ce qui concerne les droits. J’avais constaté que les femmes étaient quasi-inexistantes dans la presse. Nos petites filles qui arrivent ont besoin de modèle! », a-t-elle expliqué.

Une prise de position qui coûte…

« Certains ont eu à nous insulter du fait de notre contenu », s’est désolée la promotrice de Queen Mafa, ajoutant qu’à la publication des articles, des lecteurs leur disent d’aller au front pour la lutte contre les groupes armés terroristes, poussant plus loin en leur demandant combien de femmes ont accepté se faire enrôler lors du recrutement des Volontaires pour la Défense de la patrie (VDP).

Lire aussi: Burkina : les «cordons-bleus» du 8 mars

Moussow news, à écouter Bassératou Kindo, a « parfois été pointé du doigt (…) comme un média qui fait la propagande de la femme de façon aveugle. Quand on présente le média, certaines nous demandent pourquoi il n y’a pas  « tchai news » . Et c’est pareil à l’antenne de Femina FM où « au début, c’était compliqué », parce que certains ont pensé que c’est une radio qui entend « pousser les femmes à se rebeller ».

Pas de traitement de faveur pour ces médias de femmes

Queen Mafa, (Mafa qui signifie « je vais réussir » en Turka, un dialecte de la région des Cascades d’où vient la promotrice), déplore le fait qu’au « lieu que notre spécificité soit un avantage, elle a plutôt été un obstacle. Quand on fait appel à Queen Mafa, c’est que c’est pour un sujet qui porte sur la femme. C’est un journal d’actualité féminine, mais nous traitons de tout, même si nous prenons position pour la femme, pour tout ce qui concerne les droits ».

Evelyne Salambéré de Femina FM

Femina FM n’a non plus pas bénéficié de traitement de faveur : « Nous n’avons pas bénéficié de traitement de faveur » a brandi Evelyne Salambéré qui situe le positionnement de la radio sur la question : « Dès le départ nous avons dit que nous n’étions pas là pour demander des faveurs. Nous n’avons pas cherché à tirer profit parce que nous sommes des femmes ». Même veine pour Mousso News (Mousso qui signifie femme en dioula).

Pour commémorer le 8-Mars cette année 2023, Queen Mafa, Mousso News et Femina FM se mettent en réflexion, même s’ils ne sont pas contre les réjouissances.

Boureima Dembélé