Terrorisme au Burkina : le douloureux quotidien des orphelins et veuves de militaires
L’armée burkinabè paye un lourd tribut en vie humaine en à la lutte contre les groupes jihadistes

Terrorisme au Burkina : le douloureux quotidien des orphelins et veuves de militaires

La douleur de l’absence est encore vive chez des centaines d’enfants et de femmes, devenu (es) orphelins et veuves ces dernières années au Burkina après la mort de leur papa/conjoint tombé sur le champs de la lutte contre le terrorisme. 

Nadia, 2 ans, pleure sans cesse. Voyant des hommes en tenue militaire autour d’elle, elle se faufile entre eux, en sanglotant : « Papa, papa, papa ». Son père est décédé dans une attaque terroriste il y a quelques mois. Pour Nadine, 26 ans et sa fille de 2 ans Nadia, la vie n’est plus la même depuis le 6 novembre 2019. La jeune mère esquive depuis les questions de Nadia qui demande régulièrement les nouvelles de son père. Ce 3 octobre 2020, assistant à une cérémonie au milieu de militaire, la petite Nadia se prend à espérer de revoir son père. Sa mère impuissante la saisi pour la mettre au dos, alors qu’elle continue d’appeler son père introuvable.

Cette tristesse et ce manque, Mariam Ouattara, 32 ans, les vit tous les jours. Alors qu’elle porte une grossesse, Mariam apprend la mort de son conjoint. « Je l’aimais énormément », dit-elle, franchement. « Jacques, poursuit-elle, était tout pour moi. Nous étions plus qu’un couple, il était mon coéquipier. Nous avons vécu 4 ans ensemble comme si c’était une éternité ». Quand la nouvelle de la mort de Jacques, gendarme de 33 ans, tombe comme un couperet le 8 février 2020, Mariam ne supporte pas le coup. Elle perd le bébé. « C’est le jour de l’enterrement que j’ai aussi perdu notre bébé », raconte la jeune veuve qui dit vivre avec les réclamations incessantes de leur premier enfant de 3 ans, Priscilla. Chaque jour, explique-t-elle : « Elle me demande quand est-ce que son papa revient de la mission ».

« Il nous manque, ma petite sœur et moi »

Rachid Wereme 9 ans, a la gorge nouée et les yeux imbibés de larmes. L’élève en classe de CE2 garde encore les derniers moments passés avec son père. « Quand il revenait de la mission il s’assurait que j’avais étudié. Je lui racontais ce que nous avons fait à l’école, Papa me disait qu’un homme doit bien travailler (…). Il nous manque, ma petite sœur et moi », lâche-t-il douloureusement.

Sa mère, Awa Koné, 27 ans peine à placer un mot. La main sous le menton, le regard hagard, elle pousse un long soupir quand on lui demande comment elle a accueilli la nouvelle du décès de son époux. « C’était un choc. Comme si on m’avait poignardé », dit-elle la voix tremblante. C’était le 21 novembre 2019. La veille, le couple était au téléphone, près d’une heure tard dans la nuit. Le dernier appel, avant que le pire n’arrive tôt le lendemain matin,  se rappelle Awa.

Yasmine Lallé 22 ans, elle également vit depuis deux ans d’absence de son père. Djibril Lallé, est tombé lors de l’attaque de l’’Etat-major général des armées le 2 mars 2018 à Ouagadougou. La jeune fille qui rêve de devenir pédiatre en discutait régulièrement avec son père. « Il m’encourageait beaucoup à étudier pour obtenir ce que je veux », dit-elle d’une petite voix.

Ce 3 octobre 2020 des familles des militaires tombés sur le champ de la lutte contre le terrorisme ont reçu du soutien de la part de la hiérarchie militaire. Des fournitures scolaires pour les enfants et des parcelles pour les familles.