La pénurie de carburant à Ouagadougou, une aubaine pour des revendeurs
Les consommateurs n'ont pas d'autres choix: acheter le carburant à des prix exorbitants

La pénurie de carburant à Ouagadougou, une aubaine pour des revendeurs

Quand l’Union des transporteurs routiers est en grève au Burkina Faso, ce sont les revendeurs de carburant qui se frottent les mains. Le débrayage de 96 heures a asséché les réserves d’hydrocarbures des stations-service. De 600 F CFA, le litre d’essence se négocie désormais à 1000 F CFA voir plus chez certains revendeurs aux abords des routes. Les consommateurs se plaignent, mais n’ont d’autres choix que d’acheter.

 

Le visage dégoulinant de sueur, l’air épuisé  Sabane Sana, 23 ans, inspecte le réservoir de sa moto. Depuis trois jours, il est sec, explique le jeune homme. Après des jours de galère, Sabane a enfin eu le liquide « précieux » chez un revendeur dans le quartier Bénégo de la capitale.

Il a dû débourser 800F le litre au lieu de 600F CFA le prix à la station. Ce, après près avoir parcouru près de cinq kilomètres. «  J’ai poussé la moto de Nioko 1 à Bénégo. Près de cinq kilomètres. Je suis fatigué », dit-il la voix cassée. Carreleur de profession, le jeune Sabane Sana dit avoir perdu une matinée de travail avec cette pénurie de carburant. « J’avais des rendez-vous de travail ce matin (lundi 19 octobre, ndlr), mais voilà que je ne pourrai pas les honorer. Ce sont des petits revenus que je perds ainsi », poursuit-il, anxieux. Le revendeur de carburant Boukari Bouda, lui fait de bonnes affaires. Il fait un bénéfice de 300F  CFA par litre d’essence vendu.

Le moteur de Aicha Sawadogo, 28 ans coiffeuse de profession, s’est éteint dès qu’elle s’est garée devant une station dans le quartier Dasasgho. Elle est à la recherche de carburant pour aller chercher ses enfants à l’école. Aicha est sa 5e station en cette matinée. « Je suis allée déposer mes enfants ce matin à l’école avec le peu de carburant que j’avais dans le réservoir. Il est midi et je dois encore aller les chercher. Voilà que l’essence vient de finir complétement », dit-elle inquiète. En attendant de trouver une solution elle appelle un responsable de l’école de ses enfants pour prévenir de son retard. Elle pousse sa moto vers les revendeurs près de la station. Là-bas le litre d’essence est vendu à 1000F. «  Vous exagérer maintenant. De 700F à 1000F ? Qu’est-ce que vous gagnez à arnaquer ainsi les pauvres populations que nous sommes », fulmine-t-elle, doutant par ailleurs de la qualité de l’essence vendu dans des bouteilles. Et le revendeur de répliquer : «  Il ne faut pas nous en vouloir. Nous aussi, on cherche notre petit bénéfice. On le paye aussi cher dans les stations ».

Sur une étable au bord de la voie, une vingtaine de bouteille sont remplies d’essence. Soumaila Derra, revendeur se frotte bien les mains depuis trois jours. « Ça marche bien depuis vendredi. Par jour, je peux vendre 5 bidons de 25 litres avec un bénéfice de 20 000F CFA », explique le jeune homme de 36 ans, qui d’habitude, ne vend que de l’huile de moteur. Joël Ouédraogo, jeune cinéaste, en veut quant à lui aux autorités. « Le gouvernement doit prendre ses responsabilités. On ne peut pas manquer du carburant pendant quatre jours. C’est inquiétant », enrage-t-il.

Selon nos confrères du journal Sidwaya, les chauffeurs routiers refusent de reprendre le travail, bien que la grève de 96 heures se soit achevée dimanche 18 octobre. Ce débrayage des transporteurs visait à protester contre l’ingérence du politique dans la gestion du fret.