Être atteint de nanisme est souvent synonyme de vulnérabilité, de mendicité, d’exclusion sociale. Mais Mariam et Adama ont refusé de se laisser définir par leur taille. A force de détermination et de travail acharné, ils ont réussi à s’imposer dans la société malgré toutes les pesanteurs.
Mariam Ouédraogo mesure 1,20 m. Par contre, ses ambitions n’ont pas de limites. « Moi, mon rêve, c’est d’être maîtresse de cérémonie internationale. Pouvoir animer des panels, des ateliers, être entre deux avions… pourquoi pas présenter le journal » confie-t-elle, les yeux scintillant d’ambitions.

En plus des défis liés à son handicap, Mariam au quotidien a dû affronter les railleries, rejets et préjugés dès son jeune âge. Mais très tôt, elle s’est forgée un mental d’acier. Avec son caractère bien trempé, elle ne se laissait pas faire. « Lorsque j’étais à l’école primaire, c’était vrai qu’il y avait des moqueries, mais je ne me laissais pas faire, hein! Moi seulement tu te moques de moi tu vas avoir chaud. Je te frappe bien », se rappelle-t-elle avec le brin d’humour qui la caractérise.
En attendant de réaliser pleinement ses ambitions, Mariam Ouédraogo est journaliste à la radiodiffusion-télévision du Burkina (RTB Zénith). Au quotidien, elle travaille à valoriser les personnes de petite taille à travers ses reportages.
« Moi, mon combat, c’est de mettre la lumière sur les personnes de petite taille. Il y’a des couturières, j’essaie de faire des reportages sur elles. Il y a des mécaniciens… juste pour valoriser leur talent. », explique la jeune dame.
Une société pas toujours bienveillante
Cap sur Tampouy, un autre quartier de la capitale burkinabè. Dans un jardin public, bondé de monde par ces temps de chaleur, nous avons rendez-vous avec Adama Kafando. D’environ la trentaine, il mesure moins de 1,20 m. Dès son arrivée, Adama attire les regards.

Certes pas de haine dans les yeux, mais de la curiosité pesante, maladroite à la limite gênante. Adama nous confie en avoir l’habitude. Le jeune homme a le sourire éclatant, mais son regard cache une vie pleine de challenges au quotidien. « Quand on a un handicap, les gens vous regardent différemment. Votre situation inhabituelle les intrigue. Il y’a d’autres aussi qui vont se moquer ouvertement de vous, mais tout est une question d’éducation », analyse Adama.
Malgré les regards et les doutes, Adama a toujours excellé à l’école. Régulièrement premier de sa classe, il est diplômé en sciences économiques et de gestion et est aujourd’hui fonctionnaire de l’État. Il ne compte pas s’en tenir à cela. Dama compte faire un troisième cycle pour décrocher le doctorat. « Être de petite taille ne me définit pas. Même les parents ne pensaient pas qu’un jour j’allais pouvoir être indépendant. Mais aujourd’hui, avec mon statut, je me prends en charge non seulement, mais je prends aussi en charge ma famille », affirme-t-il, avec une fierté non dissimulée.
À travers leurs parcours, Mariam et Adama déconstruisent les clichés sur les personnes de petite taille. Ils prouvent que la grandeur d’une personne ne se mesure pas en centimètres. Leur message est clair : il est temps que la société burkinabè et bien au-delà adopte un regard plus inclusif et bienveillant envers les personnes en situation de handicap. Car, comme le rappelle Mariam : « Être petit de taille, ce n’est qu’un détail ».
Awa Mouniratou Tankoano