Dans quelques heures, une phrase familière retentira dans les centres d’examen du Burkina : « Candidats, approchez ! ». Ce sera l’instant de vérité pour des milliers de jeunes candidats au Baccalauréat lancé le 24 juin, au terme de neuf mois d’efforts, de nuits blanches et de sacrifices. Mais avant, il faut affronter une ultime épreuve : l’attente. A Ouagadougou, nous avons rencontré trois candidats en plein compte à rebours. Entre stress, impatience, prières et confiance en soi…
Sur le mur de sa chambre, un emploi du temps pour les révisions est bien visible. Les matières à réviser et le temps qui va avec ainsi que les périodes de repos. On peut lire aussi des messages pour booster l’envie, se stimuler : « Exclue toute distraction de 22 h à 23 h/1 h 30. Ou encore, « pas de sommeil dans mon programme ». Candidate au BAC G2, la jeune Djamilatou Tapsoba n’a pas ménagé son énergie pendant l’année scolaire. « Dans certaines matières, on ne s’attendait pas à ces sujets-là. Mais par contre, dans d’autres matières aussi, ça peut aller », dit-elle après avoir composé.
Depuis la fin de la composition, elle, comme bien d’autres candidats, fait face à une autre épreuve : l’attente. « Mes journées, en tout cas, on peut dire qu’il y a un peu de stress qui est là. Les journées-là ne sont plus pareilles. En tout cas, on a l’impression que l’heure la même là ne file pas. Les journées n’avancent même plus », juge Djamilatou en esquissant un sourire.
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Dans un autre quartier de la capitale, le temps semble s’être arrêté pour Clovis Ouédraogo, prétendant au BAC F3. « On dirait que de 7 h à midi maintenant dépasse plus 5 h. Là maintenant c’est 7 h ou bien 8 h. Ouais. Les journées sont plus longues », admet-il. En cette journée du 2 juillet, il refait la peinture de sa chambre. Un projet qu’il avait depuis l’année scolaire, mais dont l’exécution ne pouvait trouver meilleur moment. « Comme j’ai fini de composer, je me suis dit que voilà, c’est peut-être le moment de commencer », explique Clovis, entouré de ses amis.

Cette occupation lui permet de penser à autre chose qu’à ce qui le stresse vraiment. Mais peut-on vraiment éviter de penser aux résultats ? Pas vraiment, répond Ouangrawa Sougr-noma Ashley Astrid, candidate au BAC D. « Tu as l’impression que ce sont des jours interminables, en fait. Tes pensées, tout est dirigé vers ce qui va se passer le 3 juillet pour la proclamation des résultats. Du coup, ce n’est pas facile. Le cœur bat tout le temps», confesse la jeune fille.
Elle passe ses journées à faire le ménage, la lessive et à scroller sur son téléphone. Peine perdue. « Quand tu rentres encore la nuit, c’est la même chose. Aujourd’hui (Ndlr. 2 juillet), c’est le dernier jour d’attente. Et là, c’est encore plus dur. Ton cœur pèse comme ça. Tu ne sais pas comment ça va se passer », poursuit la candidate qui garde quand même le sourire.
Confiants malgré tout
Ce stress permanent, Ouangrawa Sougr-noma Ashley Astrid dit l’avoir vécu pendant la composition. Mais elle a toujours pu se réfugier dans « la prière et les chansons de louanges et d’adoration pour le Seigneur ». Une fois la composition terminée et consciente qu’elle ne peut plus rien faire pour changer quoi que ce soit, la prière est encore son réconfort. « On s’accroche au Seigneur parce que nous, on ne peut plus rien faire. On a fait ce qu’on a pu. Et là, maintenant, on remet tout entre les mains de Jésus. Voilà, parce que c’est lui seul qui peut nous aider dans la correction. Et c’est là, maintenant, que les bonnes chances, les prières interviennent », poursuit-elle.
Malgré tout, elle se dit confiante. La même confiance anime Djamilatou Tapsoba qui dit ne pas vouloir seulement le BAC. Malgré son stress, elle vise haut. « Si je finis un examen, ce que je vise là, c’est la mention. Voilà, je ne vise pas le fait d’avoir l’examen juste pour avoir. Je vise un peu plus haut. Maintenant, c’est à Dieu de voir. S’il va te donner le haut, il te donne le haut. Maintenant, au cas où aussi, que tu puisses avoir le minimum », soutient la candidate au BAC G2. Entre deux coups de peinture, Clovis Ouédraogo également se dit « serein » et confiant en ce qu’il a écrit.
Les candidats rencontrés disent tous bénéficier du soutien de leurs parents durant cette longue attente des résultats. Comme de grandes filles et de grands garçons qui s’assument, nos trois candidats ont tous expliqué qu’ils iraient eux-mêmes voir les résultats. Un moment unique qu’ils veulent encore affronter. « Je vais bien entendre mon nom, je vais bien entendre mon numéro PV, je vais bien entendre ma mention », clame avec conviction Ouangrawa Sougr-noma Ashley Astrid.
Tiga Cheick Sawadogo