Entre sensibilisation et répression… la Police municipale de Ouagadougou, une police administrative, tente de faire régner l’ordre et la discipline. D’un bout de la ville à l’autre, sur les routes et les marchés. Une journée avec des agents a permis de constater de visu leur quotidien.
Il grouille du monde à la direction de la sécurité publique de la Police municipale à Gounghin, jouxtant l’échangeur de l’ouest. Les usagers ne sont pas là pour les mêmes raisons. Certains sont là pour récupérer un engin, d’autres des documents d’engins ou autres choses. Les agents sont répartis en plusieurs groupes. Chacun sait ce qu’il a à faire. Parmi eux, un groupe se concerte et ensuite se rassemble pour un briefing en vue d’une sortie terrain. Ça va vite, ils connaissent leurs missions. L’expérience, mais aussi l’urgence qui recommande d’agir vite et bien.
Il est 8 h 10 ! Des mineurs ont été interceptés dans un car à la gare de l’Ouest. Après quelques échanges de coordination, le véhicule démarre. En dix minutes, c’est la destination. Sur place, le chef de poste, le contrôleur de police municipale, Rasmané Ilboudo, présente la situation: « Un véhicule de transport en commun transportait au moins 21 personnes, composées de mineurs et d’adultes. Selon les informations ». Il précise qu’une dame, à bord du même véhicule, est chargée de convoyer ces mineurs chez son mari, qui se trouve dans un site aurifère au Mali.
Le policier raconte que « (…) le véhicule était bourré de jeunes. On s’est approché, on a demandé, où est-ce que vous partez ? Un enfant a dit, on part à Bobo. La dame a dit, non, c’est faux. Qui t’a dit qu’on part à Bobo ? Donc c’est déjà suspect. On a dit, ok, donc vous ne bougez plus», détaille l’agent.
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Parmi les jeunes interceptés, un petit garçon de 9 ans. Dans ce voyage vers l’inconnu qui ressemble fort à un grand saut dans le vide, le gamin est saisi d’un sentiment trouble fait de manque de l’amour et de la protection maternelle. Il l’extériorise à travers des pleurs. L’assistante de police municipale, Laetitia Nikièma, chargée de la prise en charge des enfants victimes de violence, l’approche avec douceur et empathie.
«On a dit que depuis le matin il pleurait. Et quand je me suis approchée de lui, je lui ai dit qu’est-ce que tu veux ? Que lui il veut retourner chez sa maman. Je lui ai dit tu vas rejoindre ta maman tout de suite seulement. Il a cessé de pleurer, il a pris confiance et puis on a causé». Après les premières vérifications, les enfants sont confiés à la police judiciaire pour enquête. Pour l’équipe Zoundi, cette mission s’achève.
Intervention dans un marché
Mais la journée ne fait que commencer. Quelques minutes plus tard, sur instruction du contrôleur de police municipale, Aimé Bado, une autre équipe se prépare. Cette fois, direction Toécin Yaar, sur la RN2, pour une mission de déguerpissement. Dans le véhicule, l’ambiance est bon enfant.
A la vue des agents de la Police municipale, c’est la débandade du côté des commerçants. Pris de panique, certains installés à même le sol sur la voie publique prennent leurs jambes au cou, laissant derrière eux leurs marchandises. C’est d’abord la pitié qui anime à l’observation.
Mais le contrôleur de police Bado et son équipe sont formels : « L’heure n’est plus à la sensibilisation ». L’on comprend le sens de ces propos après explications: « On est passés plusieurs fois. Et quand vous revenez, vous trouvez que la même personne est toujours là. Il n’est plus question de les sensibiliser. S’il y a les moyens pour ramasser, on ramasse. Ils vont passer payer les pénalités pour l’occupation du domaine public ».
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Quelques minutes plus tard, on pouvait apercevoir une rue de plus de 30 m de largeur dégagée. Mission accomplie, l’équipe rebrousse chemin. En route, les agents aperçoivent une vendeuse de riz installée sur la voie publique. Elle aussi a été plusieurs fois avertie, à en croire les agents. Le menu du jour est saisi.
« On les a prévenus, on les a reçus, on leur a rappelé la réglementation. Ça fait pratiquement un mois, ils sont toujours là. Regardez l’insalubrité ! », regrette le contrôleur Zoundi.

L’équipe retourne à la direction. Après une pause bien méritée, le contrôleur de police Zoundi ressort accompagné d’une autre équipe. Cette fois, il s’agit de traquer les stationnements anarchiques des véhicules. Munis d’une grue et des sabots, tous les conducteurs stationnés de façon anarchique sur la route nationale nº 1 sont verbalisés.
Aristide en est un. D’un air calme, il reconnait les faits qui lui sont reprochés. « En toute sincérité, je ne savais pas, franchement. La police a récupéré les documents. On reconnaît nos erreurs. On va donc respecter la procédure qui est de payer la contravention avant de récupérer nos documents », confie le contrevenant. Cependant, les sanctions divergent en fonction des moyens utilisés, prévient le contrôleur Achille Zoundi.
Une mission, mille difficultés
Quand les agents viennent chercher votre véhicule avec la petite grue, vous payez les prestations de la grue, 25 000 F CFA, plus l’infraction, 25 000 F CFA. Quand il s’agit d’un véhicule poids lourd, il est pris et mis à la fourrière et le contrevenant paye 50 000 F CFA pour les frais de la grande grue et 25 000 F CFA pour l’infraction. Malgré leur engagement, les agents de cette police administrative doivent composer avec un manque d’équipements. Par exemple, ils disposent d’une seule grue pour douze arrondissements, sans compter des contraintes de carburant.
« Il faut que nous ayons des sabots pour appuyer la grue. On a des véhicules actuellement qui pèsent plus de 4 tonnes. Généralement, ça cause des pannes, des incidents, le câble lâche. Il faut aussi une formation des hommes », confie l’agent, avec un pincement au cœur.
Créée par décret le 20 juillet 1995, la Police municipale agit sous l’autorité du maire (actuellement le président de la Délégation spéciale), en coordination avec la Police nationale.
Boureima Dembélé