Vacances artistiques à Ouagadougou : les enfants accordent leurs rêves à la créativité
Désiré Damiba en plein cour de piano, Ph : Studio Yafa

Vacances artistiques à Ouagadougou : les enfants accordent leurs rêves à la créativité

Guitare, piano, dessin, danse, perlage… Au Conservatoire national des arts et métiers de la culture et au musée national à Ouagadougou, les vacances riment avec créativité. Pour sa 24ᵉ édition, les vacances artistiques réunissent enfants et adolescents autour d’ateliers artistiques variés. L’objectif est d’éveiller la curiosité des apprenants, de renforcer leur confiance, ce qui pourrait ouvrir la voie à de futurs talents.

Les yeux rivés sur sa guitare, Rabiatou Dabré écoute attentivement son formateur. Quand ce dernier finit de parler, elle fait glisser ses petits doigts sur les cordes de l’instrument. Différents sons se font entendre. L’expression de son visage laisse deviner une grande joie. « Avant, je ne savais pas comment on attrapait la guitare. Maintenant, je m’en sors, j’arrive à placer certains accords », dit-elle d’une petite voix empreinte de reconnaissance. Une satisfaction qui lui fait presque oublier son mal de doigt, propre aux novices qui apprennent à jouer de la guitare.

Rabiatou Dabré est fière de jouer ses premières notes, Ph: Studio Yafa

Ernest Sawadogo le formateur, observe la scène avec fierté. « Ils sont courageux. Je suis très satisfait, on ne le dit pas souvent pour les pousser à aller plus loin. Qui enseigne s’enseigne. Plus on est avec les enfants, plus on apprend comment rentrer dans leur monde pour leur inculquer le savoir. Ça fait super plaisir de voir que l’enfant qui ne savait pas comment tenir une guitare arrive à jouer deux à trois accords enchaînés, c’est très intéressant », reconnaît l’enseignant.

Élève en classe de 4ᵉ, Rabiatou Dabré participe aux vacances artistiques au Conservatoire national des arts et métiers de la culture (CNAMC) au quartier Gounghin de la capitale.  L’initiative est à sa 24ᵉ édition. Elle permet chaque année à des milliers d’enfants et d’adultes d’apprendre les bases de certains instruments de musique ou de se perfectionner.

Des ateliers pour tous les talents

Différents ateliers sont proposés. L’art plastique (dessin, peinture, modelage), la musique (piano, batterie, percussion traditionnelle avec djembé et balafon), l’artisanat et le perlage.

Au Conservatoire, chaque élève suit son atelier, mais cette 24e édition a introduit des temps communs. « Cette année, nous avons décidé d’apporter des innovations. Nous avons remarqué que chaque année, chaque enfant était dans son atelier. Cette année, nous avons introduit la danse pour tout le monde. Ils apprennent tous à danser. Ils ont aussi une animation-réveil où ils apprennent les bases du chant en groupe », explique M. Salembéré de l’administration du conservatoire.

Adonija Convolbo est un talent prometteur selon son formateur, Ph: Studio Yafa

Tout comme Rabiatou Dabré qui réalise progressivement son rêve d’apprendre la guitare, Adonija Convolbo vit sa passion en touchant chaque jour au clavier. Dans une autre salle, la pensionnaire de la précédente édition, s’est encore inscrite cette année pour parfaire son doigté.  « Depuis l’âge de 5 ans, je joue au piano.  C’est ma passion. Je veux devenir une grande pianiste et musicienne », affirme l’adolescente qui, selon son enseignant Désiré Damiba, fait partie des meilleures. Avec de l’assiduité, son rêve de grande pianiste et de musicienne pourrait se concrétiser.

Semer les graines très tôt

En cette matinée du 11 août 2025, le directeur général de Faso Tourisme, Soulaïman Kagoné, sillonne les différents ateliers. Il constate l’engouement et l’enthousiasme qui y règnent. Parent de campeurs, il loue cette initiative qui, pour lui, contribue à l’éveil des enfants tout en leur permettant de passer de saines vacances. Convaincu, il plaide pour sa vulgarisation au profit du plus grand nombre. « Il est souhaité que nous allions vers l’intégration de ces modules artistiques dans le système scolaire pour que d’office, les enfants puissent être initiés. C’est un combat à mener et on va le faire », promet le patron du tourisme national.

Chaque enfant est orienté selon sa passion, Ph: Studio Yafa

Semer les graines. C’est la conviction de Traoré Mamadou, professeur d’art plastique au conservatoire. Depuis des décennies qu’il transfère son savoir aussi bien aux adultes qu’aux tout-petits, il dit être convaincu des retombées d’initier les enfants à l’art. « L’objectif c’est de créer une simulation en eux, de sorte à pouvoir leur donner le goût de l’art. A partir de leur âge, lorsque le déclic est parti, il faut dire qu’on aura de véritables artistes dans le futur », projette l’enseignant.

Guy Constantin Zongo en maillot blanc a amélioré son adresse, Ph : Studio Yafa

Pendant ce temps, l’air assidu, Guy Constantin Zongo, crayon en main devant une feuille blanche, jette régulièrement un coup d’œil sur le tableau. L’exercice de ce matin consiste à reproduire le paysage dessiné au tableau. Dans les moindres détails. Un exercice qu’il affectionne, lui qui est souvent expulsé de sa classe parce qu’il dessine pendant les cours. « Ces vacances artistiques m’ont apporté l’adresse. Ça m’a aussi appris qu’il ne faut pas forcément compliquer les choses. Simple, c’est bien aussi », nous lance-t-il, avant de replonger dans son exercice.

L’art comme outil d’éveil et d’avenir

Les cours commencent à 8 h pour prendre fin à 12 h. Assise sous sa moto sous un arbre, cette mère attend ses deux enfants, tous deux inscrits en batterie. « Ça leur apprend à être patient, la concentration.  Ils sont enthousiastes. Les vendredis quand on leur dit qu’il faut revenir lundi, ils trouvent que c’est long. Dès samedi, ils disent : « Maman, c’est demain que nous devons aller. Jean-Eudes, par exemple, à la maison prend un bidon et tape dessus comme si c’était une batterie », témoigne la mère des apprenants. Toute amusée.

Les encadreurs sont satisfaits du rendement des apprenants, Ph : Studio Yafa

Séni Yaguibou, parent, a également remarqué cet enthousiasme chez sa fille. Mais pour ce père, au-delà d’occuper sainement son enfant pendant les vacances, les cours reçus peuvent ouvrir des perspectives professionnelles plus tard.  Iphane Boro est de cet avis. La stagiaire en arts plastiques estime que « peut-être une opportunité peut se poser dans la vie, dans le dessin ».

Jusqu’au 30 août, les salles du Conservatoire et du Musée national résonneront de notes, de rires et de coups de pinceau. De quoi offrir aux jeunes Burkinabè des vacances rythmées par la créativité et, qui sait, peut-être révéler les artistes de demain.

Tiga Cheick Sawadogo