Les chenilles de karité sont des vers comestibles. Communément appelé chitoumou, elles sont un enjeu économique au-delà du plaisir gourmet.
Bobo-Dioulasso est réputée être la ville du chitoumou ou chenille de karité. Dans les rues, les marchés, on en vend partout, quand c’est la période. Fraîches, séchées grillées, mangées avec du pain, parfois conditionnées et vendues comme des produits manufacturés, les chenilles ou chitoumou en langue locale dioula se sont ancrées dans les habitudes alimentaires de nombre de personnes, même si c’est un mets qui a presque toujours existé à la table des peuples de l’ouest. Aussi, il y a toute une économie autour du chitoumou.
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« (…) Souvent on s’en sort, souvent on perd car quand le marché est lent et que tu l’as en quantité, ça devient une perte. Mais quand il y a assez de client, je peux avoir des bénéfices », confie une vendeuse Djeneba Koné.
La saison des pluies est la période d’abondance des chenilles sur le marché. Mais cette année, des voix s’élèvent pour dénoncer la hausse des prix. C’est l’avis de l’étudiante, Aïda Sanou. « (…) personnellement je trouve que le prix de la boite de chenille n’est pas accessible à nous. Si tu dois payer à 1250 F CFA, je trouve que c’est trop cher. On aime ça mais si le prix est élevé, ça serait difficile d’acheter (…) ».
Des valeurs nutritives reconnues dans les chenilles
Mais Djeneba Koné, vendeuse de chenilles depuis plus de dix ans, trouve des justifications à cette hausse du prix des chenilles à Bobo-Dioulasso. « La semaine passée, nous avons vendu la boite entre 750 et 1000 F CFA. Mais ceux qui sont en brousse disent qu’ils veulent beaucoup d’argent alors que les chenilles deviennent de plus en plus rares. Nous sommes obligés de vendre ça ici un peu plus cher ».
Consommées par plaisir gourmet, le plus souvent, les chenilles de karité regorgent de richesse nutritionnelle. La nutritionniste du Centre hospitalier universitaire Souro Sanon de Bobo-Dioulasso, Safiatou Pitroipa, détaille les apports contenus dans les chenilles séchées. A l’en croire, 100 grammes de chenilles sèches ont environ 430 kilocalories pour ce qui est de l’apport énergétique. La même quantité de chenilles comporte 53 grammes de protéines et 16 grammes de glucides. L’on peut en relever également 14 grammes de lipides.
« Mais on peut également mentionner des sels minéraux tels que le calcium, le magnésium, le potassium et des vitamines telles que les vitamines B1, B2 puis P aussi qu’on peut retrouver dans les chenilles », révèle la nutritionniste.
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L’engouement autour de ces vers comestibles les place entre une tradition culinaire et un potentiel économique. Du reste, certains estiment que c’est une ressource locale à valoriser. C’est dire donc qu’au-delà de la consommation quotidienne, la valorisation du chitoumou devient un enjeu culturel et économique. Dans ce sens, l’association Wobakare engagée dans le social et la promotion du consommons local, organise depuis six ans la Foire aux chenilles à Bobo-Dioulasso.
Elle entend par là encourager la conservation et la commercialisation du produit. Le président de l’association, Franck Olivier Bambara, détaille que la foire permet de faire la promotion des chenilles. « Les chenilles sont maintenant mises en conservation. C’est vrai que ce n’est pas repandu pour le moment, mais les chenilles sont conditionnées en sachets pour être revendues. Donc la foire aux chenilles permet déjà en fait de faire la promotion de tous ceux qui s’approprient les chenilles pour pouvoir revendre ou pour pouvoir conserver », se satisfait-t-il.
Boureima DEMBELE