Face à l’afflux massif de déplacés internes, Titao innove avec la création de cinq Postes de santé avancés (PSA). Ces structures de proximité rapprochent les soins des familles et soulagent les centres de santé débordés. Cette initiative redonne espoir à une population éprouvée.
À Titao, chef-lieu de la province du Loroum dans la région du Yatenga, l’afflux massif de déplacés internes a profondément transformé la vie quotidienne. Les infrastructures de santé, déjà limitées, ont dû absorber une pression supplémentaire. Pour répondre à cette urgence, les autorités sanitaires, avec l’appui de leurs partenaires, ont mis en place cinq Postes de santé avancés (PSA). L’objectif étant de rapprocher les soins des populations et de désengorger les Centres de santé et de promotion sociale (CSPS) de la commune.
Originaire du village de Robolo à une vingtaine de kilomètres de Titao, dans la commune de Ouindigui, Nematou Ouermi s’est installée à Titao à cause de la crise sécuritaire. Dans le chef-lieu de la province du Lorum, elle fréquente régulièrement le PSA de son quartier pour les soins de son enfant. « Je viens ici parce que c’est le centre le plus proche. Les soins sont de qualité et chaque fois que mon enfant a besoin de soins, je l’amène ici », témoigne-t-elle, reconnaissante.
Raphaël Zoundi, médecin-chef du district sanitaire de Titao, se rappelle des périodes difficiles. Aussi bien pour les populations que pour les agents de santé. « Tu pouvais amener ton enfant à 8 heures et avoir la consultation à 14 heures ou même à 16 heures. En plus de ces consultations, il fallait gérer les urgences », dit-il.
Pour de nombreuses familles déplacées ou hôtes, ces structures représentent une véritable bouffée d’oxygène. Elles offrent les mêmes services essentiels que les CSPS, mais sans les longues files d’attente qui découragent parfois les patients.
Sensibiliser pour mieux soigner
La réussite de ces PSA repose aussi sur un travail patient de sensibilisation, mené par les Agents de santé à base communautaire (ASBC). Ces relais de terrain ont pour mission d’informer les familles et d’encourager la fréquentation des postes. Mahama Komi, président des ASBC de Titao, sillonne les quartiers et va à la rencontre des habitants. « Nous sensibilisons la population à venir dans les PSA pour éviter l’engorgement au CMA de Titao. Nous les incitons aussi à dormir sous les moustiquaires imprégnées pour prévenir le paludisme », explique-t-il.
Cet effort de proximité contribue à instaurer la confiance et à renforcer les bons réflexes sanitaires dans un contexte où les vulnérabilités sont multiples.
Parmi les usagers convaincus, Irisso Belem fait partie de ceux qui ont adopté sans hésiter le nouveau dispositif. Père de famille, il accompagne régulièrement ses proches dans les PSA. « La semaine dernière, j’ai amené mon enfant qui a bénéficié de soins et a retrouvé la santé. Aujourd’hui, je suis ici avec ma femme qui ne se sent pas bien. Pour moi, les soins que nous recevons au CMA sont les mêmes que ceux offerts dans les postes de santé avancés », rassure-t-il.
Ce ressenti partagé par plusieurs habitants démontre que ces structures, bien que modestes, remplissent efficacement leur rôle. Le médecin-chef du district sanitaire de Titao Raphaël Zoundi confirme également la qualité des services offerts dans ces PSA. « Ce sont des soins de qualité qui sont donnés avec du personnel formé et les médicaments aussi disponibles comme ce que le ministère a édicté comme directive. Il faut vraiment inviter la population à prendre en compte la fréquentation de ces PSA dans son quotidien », appelle M. Zoundi.
Des équipes mobilisées malgré des défis
Derrière cette organisation, des agents de santé s’activent chaque jour. Dès 7 h 30, Mady Ouédraogo, infirmier chef de poste, accueille déjà ses premiers patients. Avec trois autres collègues, deux infirmiers diplômés d’État et une sage-femme, , il assure la prise en charge des enfants de moins de cinq ans, des femmes enceintes et des adultes.
Mais les défis restent nombreux. « Nous travaillons dans des conditions difficiles. Nous n’avons même pas de lieu adapté pour nous soulager, ni pour les patients. Le site est improvisé : nous avons dû utiliser des rideaux pour séparer les espaces de consultation », explique-t-il.
Ces contraintes témoignent du caractère encore précaire de certains PSA, malgré les efforts consentis. Au-delà de la réponse immédiate, ces structures participent à bâtir une nouvelle dynamique de santé de proximité. Elles rapprochent les soins des plus vulnérables et contribuent à préserver l’équilibre du système sanitaire local, fortement sollicité par la crise sécuritaire et humanitaire.
Studio Yafa