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Des membres de la coopérative lors d'une rencontre, Ph : COPSAC
A Founzan, le warrantage au service de la sécurité financière des agriculteurs
A Founzan, 45 kilomètres de Houndé dans la région du Guiriko, les producteurs ont trouvé une nouvelle manière de sécuriser leurs revenus. Sous l’impulsion de Félicité Somé, la Coopérative de Prestations de Services Agricoles mise sur le warrantage, un système de stockage de garantie qui redonne souffle et autonomie financière aux agriculteurs, tout en les aidant à sortir du cycle de la précarité.
Sur le vaste site de la Coopérative de Prestation de Services Agricoles-Coobsa (COPSAC), trois grands magasins se dressent, soigneusement organisés. A l’intérieur, les fruits de plusieurs mois de labeurs des producteurs. Des céréales essentiellement. Ces produits ne sont pas destinés à la vente immédiate, mais constituent une garantie pour l’accès au crédit. Félicité Somé, directrice de la coopérative, explique que le principe du mécanisme de warrantage est de permettre au producteur de ne pas brader ses récoltes.
Félicité Somé plaide pour un accompagnement des autorités pour renforcer la coopérative, Ph : Studio Yafa
« Il met ses produits dans un lieu sûr, un magasin, comme garantie, et cela lui permet d’obtenir un crédit. Avec ce crédit, il règle ses urgences et mène d’autres activités génératrices de revenus. À la fin, il rembourse le prêt et reste propriétaire de son stock », précise la présidente. Autrement dit, au lieu de vendre à vil prix juste après la récolte, à une période où les marchés sont saturés et les prix sont bas, les producteurs déposent leurs produits dans les magasins de la coopérative.
Ces stocks servent alors de garantie pour obtenir un crédit à taux raisonnable. Ce système ingénieux permet au producteur de disposer rapidement de liquidités tout en gardant la possibilité de vendre plus tard, lorsque les prix du marché seront plus avantageux.
Une coopérative au service de 5 000 producteurs
Créée en 2009, la COPSAC compte aujourd’hui environ 5 000 membres, répartis entre les régions du Guiriko et du Djôrô. Elle réunit majoritairement des agriculteurs, unis par la volonté d’améliorer leurs conditions de vie et de travail.
« Les membres ont créé cette coopérative pour résoudre leurs problèmes d’accès au marché, d’accès aux intrants, et pour augmenter leurs rendements. Nous avons constaté que les producteurs s’endettaient à des taux élevés et vendaient à perte. Le warrantage est venu comme une solution », poursuit Félicité Somé. Les principales productions concernées sont le maïs, le soja et le niébé, des cultures vivrières et commerciales prisées dans la région.
En plus du warrantage, la coopérative joue un rôle clé dans la collecte, le stockage et la commercialisation collective des produits agricoles. Cela renforce le pouvoir de négociation de ses membres face aux acheteurs.
Des bénéfices concrets pour les producteurs
Pour les producteurs, les avantages du warrantage sont multiples. « Nous les producteurs, ça nous aide beaucoup. Si on garde les récoltes à la maison, elles peuvent se gâter ou on est tenté de tout vendre rapidement. Mais avec le warrantage, on stocke dans les magasins, on obtient un prêt et on peut créer des activités génératrices de revenus pendant la saison sèche », témoigne Zoénabo Sanogo, productrice de Founzan.
Prenant son exemple, elle note qu’elle peut stocker dix sacs et prendre un crédit sur cinq. « Avec l’argent, je fais de l’élevage ou je vends des galettes. Les bénéfices me permettent de rembourser le prêt et d’avoir encore mes stocks comme épargne », se réjouit la productrice. Ce modèle d’échange offre donc une double sécurité. Non seulement, il protège la récolte, mais surtout, il fournit un accès au financement rural, souvent difficile à obtenir pour les petits producteurs.
En outre, il favorise la diversification économique, permettant aux femmes rurales comme Zoénabo de développer des activités parallèles pendant la saison sèche.
Des défis persistants pour la commercialisation
Cet après-midi, Félicité Somé et son équipe tiennent un conseil d’administration sur les activités de la coopérative. A l’ordre du jour, les difficultés rencontrées au quotidien, surtout en termes de commercialisation des stocks. Il faut dire que malgré ces résultats encourageants, le warrantage à Founzan butte face à ce défi.
« Une fois le stockage terminé, il est souvent difficile de vendre, car les prix ne sont pas toujours favorables. Certains producteurs souhaitent attendre une hausse, mais les magasins se remplissent vite. Parfois, nous sommes obligés de brader une partie des stocks pour libérer de l’espace », explique Félicité Somé , visiblement impuissante.
La COPSAC dispose actuellement de 45 magasins de stockage répartis dans les zones du Guiriko et du Djôrô. Ces infrastructures sont essentielles, mais la directrice estime qu’elles doivent être accompagnées par des politiques publiques, notamment dans la régulation des prix et l’accès aux marchés structurés.
Studio Yafa
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