La Confédération africaine de football (CAF) tient à Ouagadougou la 5ᵉ édition du championnat scolaire dédiée aux élèves âgés de moins de 15 ans. L’objectif est de préparer la relève du football en Afrique mais aussi de promouvoir l’égalité entre les filles et les garçons dans la pratique du sport roi.
Depuis le lundi 1er décembre 2025, la pelouse du stade du 4-Août de Ouagadougou est animée par des séances de matchs de football. Sur la pelouse, des enfants arrivés du Bénin, du Burkina Faso, de la Côte d’Ivoire, du Niger, du Ghana, du Nigeria et du Togo se succèdent pour des rencontres de 2 x 20 minutes. Même si le format est allégé, l’intensité reste entière. L’envie aussi.
En plus, pour les encadreurs, il faut s’adapter à ce format qui change des habitudes. « Si tu encaisses un but dans cette rencontre, l’équipe adverse risque de jouer repliée et cela rend la tâche difficile pour égaliser », explique Ousmane Ouédraogo, entraîneur des garçons du Burkina Faso. Dans les gradins, d’autres gamins donnent de la voix pour encourager leurs camarades.
Pour ce tournoi, il n’y a pas que des garçons. Des filles du même âge se succèdent également sur la pelouse pour jouer au football dans les mêmes conditions que les garçons. Tous ces enfants participent au championnat scolaire U15 de la Confédération africaine de football (CAF), dans la zone 2 de l’UFOA.
De la visibilité pour les talents en herbe
Ce rendez-vous est pensé pour donner de la visibilité aux talents en herbe. Selon Adama Guira, chargé du développement de l’UFOA Zone B, ce concept entre en droite ligne avec la volonté de la FIFA. « Il faut amener les gens à comprendre que tous les enfants, quel que soit leur sexe, peuvent jouer au football », précise Guira.

Pour l’équipe féminine du Niger, battue lors de ses deux premières sorties, ce tournoi est bien plus qu’une simple compétition. Dans un pays où le football féminin demeure freiné par plusieurs préjugés, ce tournoi est une belle opportunité pour ces jeunes filles. Beaucoup n’ont pas toujours la possibilité de jouer au football. Au Niger, beaucoup de parents estiment que le football est une discipline pour garçons. Ce championnat vient donc légèrement déplacer les lignes.
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La sélectionneuse du Niger Rabo Mato Hapsatou, qui venait de voir son équipe s’incliner une nouvelle fois, garde pourtant le sourire. « Grâce à ce genre de championnat, on arrive à avoir des enfants qui s’intéressent au football et qu’on prépare pour les U17, les U20 et les séniors », affirme Rabo Mato Hapsatou. Le directeur technique de la Fédération nigérienne est présent à Ouagadougou pour assister au tournoi. Hapsatou espère qu’il va tirer des leçons de la prestation des jeunes filles, dont certaines se sont révélées.
De la compétition pour les enfants
Pour son confrère en charge de l’équipe masculine du Niger, Abdoukarim Amadou Gado, cette compétition arrive au bon moment. Les garçons se passionnent déjà pour le football, considéré comme le sport roi à côté de la lutte traditionnelle. Leur difficulté réside dans le manque de cadre d’expressions car les tournois pour jeunes manquent. « Ce tournoi va permettre aux équipes nationales d’avoir une base de données de jeunes joueurs pouvant intégrer les U17. C’est une très bonne chose », se réjouit-il.
Une équipe U17 existe déjà au Niger et est qualifiée pour la Coupe d’Afrique des nations. Il espère que les talents révélés durant ce championnat pourront la renforcer pour les prochaines échéances continentales, notamment la Coupe d’Afrique des moins de 17 ans.

Le sélectionneur du Bénin partage cet avis. Selon lui, le gouvernement béninois mise désormais davantage sur la relève en commençant par renforcer le sport scolaire. Une stratégie qui élargit la pratique du football dans le pays. « Ce tournoi permet à nos jeunes de se frotter à d’autres talents de la sous-région. C’est indispensable pour progresser », explique-t-il.
De jeunes arbitres mis en avant
L’autre particularité de ce championnat scolaire est l’occasion qu’il offre aux jeunes de s’essayer dans plusieurs domaines du football. Des jeunes de moins de 18 ans sont associés pour arbitrer certains matchs. Pour Ousmane Ouédraogo, entraîneur des U15 garçons du Burkina Faso, l’idée est excellente. « Si à la base on a des jeunes aguerris, on peut avoir des acteurs performants au niveau de l’élite dans tous les domaines », estime-t-il.
Outre la dimension formatrice, la compétition est dotée d’un prix de 100 000 dollars, soit près de 550 millions de francs CFA pour le vainqueur chez les filles comme les garçons. Cette somme est destinée à aider les équipes scolaires à renforcer leurs infrastructures sportives. A l’issue des quatre jours de compétitions, l’équipe féminine du Burkina Faso et celle masculine du Bénin se sont qualifiées pour les championnats d’Afrique scolaire.
Boukari Ouédraogo
