Vitrine du bronze : des jeunes burkinabè, nouveaux clients des objets d’art
Les prix des objets d'arts faits de bronze font de 1000F à des millions de FCFA.

Vitrine du bronze : des jeunes burkinabè, nouveaux clients des objets d’art

La vitrine du bronze située en plein centre de la capitale Ouagadougou était, il y a quelques années, un lieu prisé par des expatriés à la recherche de souvenirs. Mais les attaques terroristes et la Covid-19 ont fortement affecté sa fréquentation. Les bronziers font mine grise. Par contre, ils se réjouissent d’un intérêt naissant pour les objets d’art en bronze, chez des jeunes burkinabè.

Les mines grises, deux artistes bronziers, à l’entrée de l’espace guettent de potentiels clients. « Venez ici. Il y a du tout. Des idées de cadeaux de Noël, de mariage, etc. », lance un jeune homme aux rares visiteurs. Dans l’enceinte de la vitrine située à un jet de pierres de la mairie centrale, des jeunes sont à la tâche. Certains polissent des objets nouvellement moulés, d’autres sont occupés à la forge. Sidi Mohamed, 34 ans vient de finir un baobab en bronze. « Souvenir du baobab dont tu as contribué à la construction de Tedis Pharma. Merci à toi Lionel », peut-on lire sur l’œuvre.

Une commande de Donal Kinda, jeune entrepreneur dans l’énergie. Visiblement heureux, le client ne cesse de contempler l’œuvre. « Offrir un baobab fait montre d’une preuve de gratitude. Et c’est une fierté pour moi d’offrir ce cadeau à un de mes collaborateurs en fin de mission au Burkina. C’est un objet qui voyage dans le temps », avance-t-il souriant.  Des clients comme Donald ne se bouscule plus à la vitrine du bronze, constate amèrement Issiaka Ouédraogo. Selon le bronzier, les attaques terroristes surtout dans la capitale, auxquelles s’est ajoutée la pandémie liée à la maladie à coronavirus, ont véritablement affecté le marché du bronze.

Devant son atelier, la main sous le menton, Issiaka dit penser même à changer de métier. « C’est dur. Ça ne marche plus comme on veut, on ne voyage plus. Les visites se font rares. Je risque d’aller cultiver », dit-il avec un brin d’amertume. Mais ce mois de décembre laisse entrevoir une lueur d’espoir. C’est une période de grande consommation et les années antérieures Issaka a constaté une embellie des affaires. Aussi, le bronzier fait le constat que les objets d’art en bronze entrent progressivement dans les habitudes des jeunes burkinabè.

Ces derniers n’hésiteraient pas à passer des commandes pour offrir aux occasions de mariages, d’anniversaires ou de départs à la retraite. « Beaucoup de jeunes burkinabè résidents ou vivant hors du pays lancent des commandes. Nous envoyons à la poste ce qui doit être envoyé et ceux qui sont ici passent les récupérer », ajoute-t-il. Abdoul Lookman Dan, artiste bronzier apprécie cet engouement naissant chez les burkinabè. « Ils ne disent plus que ce sont les affaires de blanc », commente-t-il.

Son seul regret : le manque de transmission du savoir-faire aux plus jeunes. « Les jeunes ne viennent plus apprendre. On avait un atelier ou on formait les jeunes pour la relève mais depuis un moment, les enfants ne viennent plus du fait de la morosité du marché », déplore-t-il.