VDP au Burkina : une loi dévoyée dans sa mise en œuvre
Les invités de Ya'Débat sont partagés sur les actions des volontaires

VDP au Burkina : une loi dévoyée dans sa mise en œuvre

Les invités de Ya’Débat de cette semaine ont croisé les idées sur l’impact de l’action des volontaires pour la défense de la patrie (VDP) dans la lutte contre l’insécurité au Burkina Faso. Certains accusent les volontaires d’exaction, de stigmatisation pendant que d’autres les acclament et louent leur sacrifice pour la sécurisation du territoire.

Le modérateur introduit par une actualité qui donne le ton du débat : 7 volontaires pour la défense ont été assassinés ce 1er avril 2021 et depuis leur création, au moins 200 sont tombés sous les balles des terroristes selon des ONG. de défense des droits humains. Souleymane Koanda demande à ses invités si ces civils formés en seulement deux semaines, armés et opérant sur le terrain de la lutte antiterroriste ne sont pas des chaires à canon. « Il faut déplorer qu’ils ne soient pas bien équipés. Les deux semaines de formation ne sont pas suffisantes. Il fallait bien les équiper cela allait permettre d’éviter le carnage. C’est compliqué, c’est décourageant », déplore Alphonse Sana Kaboré, membre fondateur du mouvement pour la résistance populaire.

Dr Daouda Diallo secrétaire général du Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) rappelle que dès le début de l’institution des VDP son organisation avaient émis des réserves. « Il y a avait des signes annonciateurs de dérives et nous avons dit que si ce n’est pas bien encadré, c’est un saut dans l’inconnu. Armer un civil dans ce contexte d’insécurité (…) le fusil est un gagne-pain », ajoute l’invité.

Journaliste-éditorialiste, Ousmane Paré lui également avoue n’avoir pas caché ses réserves dès le départ. Mais il précise que l’apport des VDP dans la lutte contre le terrorisme « est indéniable ». Ousmane note que la loi instituant les VDP au Burkina précise que ces derniers doivent agir essentiellement comme des agents de renseignement et résister en cas d’attaque terroriste, en attendant l’arrivée des forces de défense et de sécurité. « Mais dans la mise en œuvre ce sont des substituts des FDS », regrette le journaliste.

Changer de fusil d’épaule…

Alphonse Sana Kaboré semble idéaliser l’action des VDP. Pour lui, il faut que l’Etat leur donne tout le matériel dont ils ont besoin pour casser du terroriste. « Même l’armée fuyait à un moment donné parce qu’elle n’avait pas de matériel », fait-il remarquer. Quand le modérateur lui demande si les VDP ne se rendent pas coupables d’actes répréhensibles, l’invité répond par la négative. « Non je ne suis pas au courant (…) affaire de VDP là est tellement simple. Ce sont les gens qui compliquent ça ».

La réponse fait surgir un autre invité : Ousmane Paré. Il s’insurge contre ce qu’il appelle la stratégie de l’autruche. « On ne peut pas dire que dans ce que les VDP font, il n’y a que du positif. Il y a des exactions qui ont été commises (…) la stigmatisation est réelle. Ce n’est pas parce que vous avez soutenu la création des volontaires que vous devriez le nier », lui martèle le journaliste éditorialiste. Dr Diallo reproche aux VDP d’avoir écorché la cohésion sociale. Il explique que la communauté peule est victimes de stigmatisation et de délit de faciès de la part de volontaires.

« Des jeunes, peuls, sont exclus dans le lot des VDP », regrette l’invité. « Je ne suis pas d’accord qu’on donne une arme à n’importe qui », plaide le secrétaire général du CISC. Au passage, il cite des bons exemples de VDP dans certaines localités, comme pour dire qu’il n’est pas fondamentalement contre leur existence. Tous les invités sont unanimes pour reconnaitre que l’idée des VDP n’est pas mauvaise en soi. Par contre, ils regrettent tous une loi dévoyée dans sa mise en œuvre.