Terrorisme au Burkina : « Il y a des attaques dont on ne parle pas »
Selon les invités de l'émission Ya'Débat les attaques terroristes sont devenues le quotidien de certains Burkinabè

Terrorisme au Burkina : « Il y a des attaques dont on ne parle pas »

Le sentiment de résurgence  des attaques terroristes au Burkina Faso est un signal de la part des groupes armés pour rappeler leur présence selon les participants à l’émission Ya’ Débat. Pour eux, la sécurité au niveau de la zone dite des trois frontières (Burkina Faso, Mali, Niger) doit reposer d’abord sur les armées des pays concernés et non sur l’armée tchadienne.

« Quotidiennement, il y a des attaques qui ne sont pas médiatisés. Sinon quand vous allez à l’intérieur du pays, c’est avec la peur au ventre. Parfois, quand vous partez, dix ou quinze minutes il y a des attaques après vous », témoigne Masbé Ndenga journaliste tchadien vivant au Burkina Faso.

Ce constat inquiète Eldaa Kouama, coach et formatrice. Elle dit avoir peur que la récurrence de ces attaques n’installe un sentiment de résignation des populations face au terrorisme. « Il y a des attaques dont on ne parle pas. A un certain moment, la population elle-même pense que c’est devenu le quotidien. Cela me fait peur que les gens meurent et que l’on se dit « ça arrive », regrette la jeune dame.

« Des représailles contre les populations »

Cette inquiétude est partagée par Mahamoudou Savadogo, gendarme à la retraite et expert en sécurité. Il souhaite le changement de cette tendance. « Sinon, lorsqu’on trouve que la violence est devenue normale, on s’habitue à cette violence et on devient de plus en plus violent », prévient-il.

Cependant, pour les invités, la mort de l’ancien président du Tchad Idriss Déby Itno constitue un handicap dans la lutte contre le terrorisme au Burkina Faso. Les attaques dans la commune de Seytenga (Nord du Burkina Faso) et l’exécution de trois journalistes européens (à l’Est) peuvent être interprétées comme des représailles après le repli des 1200 hommes de l’armée tchadienne, venus en renfort dans la zone des trois frontières.

« C’est comme des représailles contre les populations qui ont collaboré avec les tchadiens pour les repousser», estime Eldaa Kouama. Pour sa part, Mahamoudou Savadogo déplore que la stratégie du G5 Sahel et de la communauté internationale repose sur l’armée tchadienne. « La mort d’Idriss Déby met mal à l’aise la communauté internationale et empêche les autres Etats de dormir », soutient l’expert en sécurité.

A ce sujet, Masbé, opposé à toute forme de négociation avec les terroristes, appelle les chefs d’Etats concernés à prendre leur responsabilité : « J’ai comme l’impression que les pays d’Afrique de l’Ouest reposaient leur sécurité sur Déby. Il faut qu’au niveau du G5 Sahel, chaque pays s’organise à défendre son territoire. Le Tchad l’a fait et cela a marché». S’il partage l’idée de renforcement des actions militaires, Mahamadou Sawadogo propose de « déconstruire les discours radicaux », réinstaller l’administration publique dans toutes les régions et impliquer les populations dans les projets de développement.

Ya’Débat est diffusée à partir de samedi à 10 heures pendant l’émission « Le grand rendez-vous » sur l’ensemble des radios partenaires du Studio Yafa.