Pénurie de sang : moins de 150 poches sur une prévision de 500
des banques de sang vides, les demandes en hausse

Pénurie de sang : moins de 150 poches sur une prévision de 500

Sur une prévision de 500 poches, les agents du centre national de transfusion sanguine n’ont collecté que moins de 150 les 26 et 27 août 2021 suite à une alerte lancée par une association au regard de la pénurie. Une maigre moisson enregistrée dans la capitale dans une période de forte demande. La période de juin à septembre est celle durant laquelle l’on dénombre beaucoup de décès par manque de sang dans les hôpitaux.

  

Abdoul-Bassid Sanfo, 7 ans a pu être sauvé ce 25 août 2021. Ce, grâce à une transfusion sanguine. Admis d’urgence à la pédiatrie du Centre médical avec antenne chirurgical (CMA) de Pissy le 23 août ses parents avaient perdu espoir. «  L’enfant respirait à peine. A un moment donné, je pensais qu’il allait mourir. Il était tout pâle. On sentait qu’il n’avait vraiment plus de sang et ce n’est que 48h après qu’on a pu avoir le type de sang qui lui convenait », raconte Karim Sanfo, son père. « C’est maintenant, poursuit-il, que j’ai compris l’urgence et les difficultés de sang ».

Abdoul-Bassid a eu de la chance, d’autres pas. Ils en sont morts.

A la pédiatrie de Pissy tout comme celle de Charles De Gaulle et dans plusieurs autres centres de santé, le besoin en sang est une urgence en continue.  Le médecin-pédiatre Madibèlè Kam dans un communiqué diffusé sur les réseaux sociaux le 25 août dernier, témoignait avoir assisté à trois décès d’enfants par manque de sang. Un SOS pour une collecte d’urgence de sang est ainsi lancé par la chaine de solidarité. Mais, l’engouement n’est pas au rendez-vous.

Mahamadi Ganemtoré a vu l’appel d’urgence sur les réseaux sociaux mais, il dit avoir toujours eu peur de donner son sang. « Mais l’information sur les décès m’ont donné le courage à faire le don. Je vois que ce n’est vraiment pas sorcier », commente le jeune homme après avoir posé l’acte. Ibrahim Tiemtoré, aussi, n’a pas hésité un instant. « Les membres de l’association ont fait le porte à porte des commerces et je suis venu faire le don de sang. J’invite tous ceux qui peuvent le faire de ne pas hésiter pour sauver des vies » dit-il.

Manque criard de tous les groupes de sang

« Tous les groupes sanguins manquent. Notamment les groupes sanguins négatifs qui sont rares. Mais en ce moment, tout manque », alerte Ali Kaboré, attaché de santé en hémobiologie au CNRST. Pourtant, poursuit-il : « Il arrive des jours où nous n’avons rien alors que nous avons 200 à 400 demandes par jour ».  Le 26 août,  premier jour de la collecte d’urgence, sur une prévision de 50 poches, seulement 33 ont pu être collectées sur l’un des sites à Ouagadougou.

Sur un autre site, sur une prévision de 70 poches, 15 ont pu être collectées. En somme, pour la journée du 26 août moins de 100 poches ont été enregistrées dans la ville de Ouagadougou. Pourtant, le centre approvisionne plus de 50 cliniques dans la seule ville de Ouagadougou, en plus de 5 autres provinces environnantes.

Le refus du don, une incompréhension

Ali Kaboré déplore le peu d’engouement des populations à faire le don. Cela est dû, selon lui, à une incompréhension et la diffusion de fausses informations autour du don de sang. «  Les gens ne vont pas à l’information. Certains avancent la question des reventes de sang alors qu’il n’en est rien. Nous continuons de sensibiliser sur ces fausses informations qui circulent », rassure-t-il.

Le SOS de la chaine de solidarité se poursuit et l’objectif est de collecter 500 poches, explique Rachid Faycal Emérite Tiendrébéogo, membre de l’association chaine de solidarité.  Il rappelle qu’en plus du paludisme qui sévit en cette saison des pluies, se sont ajoutés des blessés des attaques terroristes.