Insécurité : «Un vrai Burkinabè ne négocie pas avec les terroristes »
Négocier ou pas avec les djihadistes? les invités de Ya'Débat sont partagés sur la question

Insécurité : «Un vrai Burkinabè ne négocie pas avec les terroristes »

Des candidats à l’élection présidentielle du 22 novembre 2020 ne s’accordent pas sur la façon de venir à bout du terrorisme au Burkina Faso. Pour certains, notamment des candidats de l’opposition, il faut discuter avec les groupes armés pour comprendre leurs motivations. Pour le président sortant par contre, cette option n’est pas envisageable. Cette semaine, l’émission hebdomadaire Ya’Débat a posé la problématique dans la région du Nord. Face aux jeunes à Ouahigouya, des représentants des candidats ont exposé leurs stratégies antiterroristes.

En pleine campagne électorale pour les scrutins présidentiel et législatives du 22 novembre, 14 soldats ont encore été tués dans une attaque djihadiste à Tin-Akoff dans le Sahel Burkinabè le 11 novembre. En signe de deuil, plusieurs candidats ont suspendu leurs meetings. 5 ans que ça dure. Au-delà du symbole, que proposent les candidats à l’élection présidentielle pour le retour de la paix ? Issoufou Maïga, représentant Eddie Komboïgo du Congrès pour la démocratie et le progrès (CDP) note que le candidat de l’ancien parti au pouvoir est prêt à négocier avec les terroristes. Avec plus de 1500 morts en 5 ans, et 1/5 du territoire qui n’est plus contrôlé, c’est une option envisagée par Eddie Komboïgo selon son représentant. «Il faut aller face à ces individus pour comprendre ce qu’ils veulent. Il va falloir nouer le dialogue. Tout n’est pas que l’armée », explique Issoufou Maïga.

Cette option est également dans le programme du candidat Gilbert Ouédraogo de l’Alliance pour la démocratie et la fédération – rassemblement démocratique africain (ADF-RDA), à en croire Sidiki Belem qui l’a représenté. Pour lui professeur d’histoire géographie, toutes les guerres finissent par une négociation. Autant le faire maintenant pour préserver la vie des Burkinabè. Si Zéphirin Diabré est élu président du Faso au soir du 22 novembre, lui aussi compte engager des discussions avec les djihadistes. Par contre précise, le représentant du candidat de l’Union pour le progrès et le changement (UPC), Moumouni Ouédraogo, il y a des dimensions non négociables : l’intégrité du territoire et la laïcité de l’Etat.

Autour de la table de Ya’Débat, les échangent s’enflamment, le modérateur a du mal à maitriser ses invités qui monopolisent la parole. Le tout, sous le regard attentif d’un public jeune qui participe au débat avec questions et applaudissements. Le représentant du candidat Roch kaboré, bat en brèche les propositions de ses vis-à-vis. Pour Saïdou Ouédraogo qui parle au nom du candidat du Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), parti au pouvoir, négocier avec les djihadistes est une idée que bannit son candidat dans ses stratégies. «Un vrai Burkinabè ne négocie pas avec les terroristes, avec des gens qui ne sont pas organisés en tant qu’entité républicaine », clame Saïdou Ouédraogo pour qui, la négociation peut être envisagée s’il s’agissait d’une guerre entre pays. Par contre, il explique que si Roch Kaboré est réélu, il va plutôt continuer à renforcer les moyens des Forces de défense et de sécurité, à augmenter leurs effectifs et à doter la police de proximité de moyens conséquents.  « Ce n’est pas une question d’équipement. Depuis 5 ans, c’est un phénomène qui sévit, vous tenez les rênes de ce pays et vous ne cherchez pas à savoir qui sont les auteurs. Nous regrettons », lui répond Moumouni Ouédraogo, représentant de Zéphirin Diabré.

Des volontaires à l’abattoir ?

Quel sort le prochain président du Faso va-t-il réserver aux volontaires pour la défense de la patrie (VDP). Ces civils qui ont été armés pour participer à la lutte contre l’insécurité. Sidiki Belem de l’ADF-RDA croit savoir que parmi les VDP, il y a des « gens désœuvrés, des bandits qui se font justice », d’où les différentes exactions dénoncées par les organisations de défense des droits humains. Il n’est pas contre leur instauration, mais penche pour un choix porté pour des « les gens de bonnes moralité ».
Moumouni Ouédraogo de l’UPC estime pour sa part que les VDP sont une trouvaille pour « conduire nos frères à l’abattoir ». Et pour y remédier Zéphirin Diabré entend changer leurs attributions s’il est élu président. «Ils seront là pour donner l’information, participer au renseignement », ajoute-t-il. Quant au représentant du candidat Roch Kaboré, les VDP seront encore sollicités dans la sécurisation du territoire. Un point de convergence entre les représentants des candidats:  la lutte contre le chômage des jeunes. Ils s’accordent pour reconnaitre que le chômage de cette frange importante de la population et le manque de perspectives nourrissent le djihadisme.

Retrouvez l’intégralité du débat ce samedi à partir de 10h00 sur l’ensemble de nos radios partenaires.