Bobo Fashion week 4 : Du glamour sur du tissu local
Bobo Fashion week 4 a mobilisé 13 stylistes (Ph. Studio Yafa)

Bobo Fashion week 4 : Du glamour sur du tissu local

Soirée glamour dans cette Semaine nationale de la culture. Une occasion de magnifier la créativité des stylistes locaux. Une belle lucarne pour valoriser davantage le Koko Dunda et le Faso Danfani, ces tissus locaux dont le public s’approprie. Bobo Fashion Week 4 a défilé ce 3 mai 2023 dans un hôtel de la ville culturelle du Burkina.

Son et lumière dans un décor inhabituel. Le plateau de défilé est dressé au dessus de la piscine de l’hôtel. De part et d’autre, un public qui discute, prend un verre, va et vient. Sans crier gare, quatre mannequins hommes font leur apparition sur la scène. Ils sont torse nu, et tiennent tous des pagnes Koko dunda. Un mannequin, la démarche gracieuse, les rejoint dans sa robe jaune koko dunda moulant.

Les créateurs ont fait une fusion entre tissus locaux et ceux venus d’ailleurs ( Ph. Studio Yafa)

Au bout de la scène, elle laisse entrevoir les différentes coutures de sa tenue, lance un léger sourire de part et d’autre comme pour souhaiter la bienvenue au public. Bobo Fashion week vient de commencer. Une soirée ponctuée de défilés de 13 créateurs. Ils ont tous la particularité de mettre en valeur le tissu qui naquit là, à Bobo, c’est-à-dire le Koko dunda, avant d’irradier le pays. D’autres étoffes comme le Faso Danfani sont également à l’honneur.

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Entre deux prestations d’artistes, les créateurs font voir leurs dernières créations sous les acclamations d’un public conquis. Koro Dk Style a présenté sa collection « Reine d’Afrique ». Pour elle, c’est un honneur de montrer son génie dans un contexte où les espaces de diffusion des créations se rétrécissent à cause de la situation sécuritaire.

Le public a salué la créativité des stylistes (Ph. Studio Yafa)

Comme pour rendre hommage aux Forces de défense et de sécurité engagées dans la lutte contre les groupes armés, certains stylistes ont laissé leur génie parler. Des tenues militaires en pagne koko dunda, des bérets, des masques qui couvrent la bouche et laissent seulement voir les yeux graves. Pour le parrain de Bobo Fashion week 4, Lassiné Diawara, ce défilé est un symbole de résilience, d’un Burkina débout qui tient malgré les difficultés.

Koko Dunda, une reine réhabilitée

L’homme d’affaires a ainsi salué l’effort des teinturières qui sont parties de la tradition, ont accepté la formation pour rendre le Koko Dunda plus moderne, et plus compétitif. « Elles ont amélioré la qualité malgré la concurrence, la contrefaçon pour mettre sur le marché une bonne variété de pagne qui se vend bien ».

Pour lui, une chose est d’avoir le produit, mais une autre est de vendre. « Le meilleur marketing c’est le génie, voilà pourquoi ce défilé a toute son importance. Qu’on soit là pour montrer que par leur génie créateur, ces hommes et ces femmes portent le Burkina à l’intérieur comme à l’extérieur en accompagnant notre identité culturelle vestimentaire. Quand on parle de Koko Dunda, on parle du Burkina », s’est ravi Lassiné Diawara tout en incitant les créateurs à continuer à créer.

Dans un passé pas très lointain, c’était dégradant de porter le Koko Dunda, a rappelé le directeur de cabinet du ministère en charge de la Culture, Galip Somé . Il a ainsi rendu hommage à Sébastien Baziémo, styliste et promoteur de Bobo Fashion week qui par son génie, a revalorisé ce pagne en faisant en sorte qu’il sorte de son carcan traditionnel et artisanal pour être un produit prisé qui défile sur les plateaux les plus prestigieux.

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« Ce sont des ambassadeurs qui font notre fierté. Sur toute la chaîne du Koko dunda, ce sont des milliers d’emplois qui sont créés, démontrant que nous avons du potentiel dans notre pays, pour créer de la richesse endogène », s’est-il réjoui, avant d’inviter le public et les Burkinabè à porter le Koko dunda et le Faso danfani.

Le promoteur Sébastien Baziémo a salué la résilience des créateurs ( Ph. Studio Yafa)

Satisfaction pour Sébastien Baziomo à la fin de la soirée. Objectif atteint selon lui pour qui, il s’agissait de montrer l’image d’un Burkina debout malgré les meurtrissures de la situation sécuritaire. « On voulait montrer de la résilience, montrer à l’ennemi qu’on ne va pas baisser les bras, qu’on continue de vivre, de créer».  On a donc misé sur nous stylistes locaux, on n’a pas voulu faire venir des stylistes d’ailleurs », a expliqué le styliste promoteur de Bobo Fashion week. Aussi, il a ajouté que ce défilé était important pour mettre à jour les dernières évolutions du pagne : « Le pagne Koko dunda évolue et notre mode avec lui. S’il n’y a pas de défilé il n’y a pas de nouvelles créations ». Rendez-vous donc Bobo Fashion week5.

Tiga Cheick Sawadogo