Burkina: A Koudougou, Sahida Ilboudo et son  business de la farine

Burkina: A Koudougou, Sahida Ilboudo et son business de la farine

Etudiante en deuxième année de Lettres modernes à l’Université Norbert Zongo de Koudougou, Sahida Ilboudo est également entrepreneure dans l’agroalimentaire depuis 2017. Née d’une famille commerçante, la jeune fille de 26 ans nourrit l’ambition d’être le numéro 1 de l’agroalimentaire au Burkina Faso dans les années à venir.

Mercredi soir. Dans une vaste cour commune de quatre portes au secteur 10 de Koudougou, des bruits de machines et de plats se laissent entendre dès l’entrée. Dans l’une des maisons, des sacs de maïs, de grosses bassines couvertes de sachets et des ustensiles de cuisine. Ce local est depuis maintenant trois mois une usine de transformation de produits agroalimentaires.

Dans sa blouse blanche, les mains gantées, Sahida Ilboudo, promotrice de Faso Noura production trie les graines de maïs. Priée de libérer son ancien local pour raison de réfection, la chambre de la jeune fille est en même temps son entreprise depuis mai 2023.

« Je fais tout ici en attendant de trouver un nouveau local. C’est une petite pièce, mais on fait avec en attendant » dit-elle. Dans cette petite pièce, c’est tout une chaine de travail. De l’approvisionnement en matière première jusqu’à la transformation. « Les céréales sont stockées ici, ensuite, triées pour garder les bonnes graines avant d’être encrassées puis mises en sac » explique-t-elle.

Croire en son idée

C’est l’histoire d’une passionnée de l’agroalimentaire qui commence en 2017. Nouvellement brevetée, la jeune Sahida qui a toujours assisté sa mère dans la vente des céréales décide de voler de ses propres ailes à 19 ans. Elle choisit d’abord Faso production comme nom d’entreprise. Son objectif, moderniser le travail de sa mère qui était déjà dans la vente des céréales.

« Ma mère vend des céréales depuis des années et je me suis dit pourquoi ne pas innover, transformer le maïs vendu à l’état brut en farine et faire des emballages pour vendre » se rappelle-t-elle. Elle choisit donc de transformer le maïs blanc, jaune, jaune potassé, le mil et le sorgho en farine. Sa conviction, croire en son projet et faire avec les moyens de bords.

Avec 17 500 F CFA, Sahida lance Faso Noura production. Ne pouvant pas acheter un sac de maïs avec cette somme, elle en prend la moitié. Le reste de l’argent sert alors à acheter du matériel. Avec la petite quantité de farine produite, elle se tourne vers ses enseignants, ses tout premiers clients. « Au début, tout ce que je faisais, ce sont mes enseignants qui achetaient. Ils m’ont beaucoup encouragée et soutenue. C’est grâce à eux que je n’ai pas abandonné » reconnait Sahida.

Une offre diversement appréciée

A 26 ans, Sahida Ilboudo est responsable de Faso Noura production. Son entreprise emploie cinq personnes à temps plein et huit autres contractuels. Les produits de la jeune entrepreneure sont consommés à travers le Burkina Faso, dans les alimentations, les restaurants, les hôtels et ménages.

De passage dans un restaurant à Koudougou, Sahida présente ses produits à Kolouko Senam, un restaurateur togolais. Convaincu, mais prudent, il se contente d’acheter juste un petit sac de farine de couscous. Le test s’est révélé concluant. « J’ai d’abord acheté pour la consommation en famille et nous avons apprécié. J’ai donc pris pour mon restaurant et les gens apprécient également », se réjouit Kolouko Senam.

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Chez Le chef du quartier Issouka, à Koudougou, la farine de l’étudiante est également bien appréciée quand elle est utilisée pour la préparation du tô (mélange de farine). « C’est une farine qui est bien faite et même dans la conservation, ça ne se gâte pas. Je l’ai fait gouter à des amis venus de la France pour une visite » fait savoir le chef de Issouka.

Dans une alimentation à Koudougou, le responsable des ventes est passé de cinq sacs à 20 le mois. Selon lui, la demande est forte et le produit est apprécié. L’homme lance un appel à promouvoir et soutenir l’activité de Sahida. « La jeune fille fait du bon travail et les autorités doivent la soutenir pour qu’elle développe son business. C’est aussi l’occasion de la soutenir, promouvoir nos produits locaux », souhaite-t-il.

Transcender les obstacles

L’ambition de Sahida Ilboudo pour les cinq ans à venir est d’être le numéro 1 de la transformation agroalimentaire dans la région du Centre-ouest et au Burkina Faso. Pour y arriver, elle devrait miser sur la matière première afin de satisfaire la demande. Chose qui constitue une difficulté pour l’entrepreneure. « Je n’arrive pas à m’approvisionner en grande quantité. Et puis il y a des moments où les denrées sont rares et les prix augmentent sur le marché. Par moment, nous sommes obligés de marquer un arrêt », regrette la jeune entrepreneure.

Produire en grande quantité demande également des fonds et un accompagnement. « Je voudrais demander aux autorités et aux bonnes volontés un accompagnement à la fois moral, technique et financier pour booster mon entreprise et contribuer au développement du secteur de l’agroalimentaire au Burkina Faso », formule l’étudiante en Lettres modernes. Outre la transformation des céréales en farine, Sahida Ilboudo fabrique des jus naturels, de la macédoine, des confitures et du yaourt.

Faïshal Ouédraogo (Collaborateur)