Petits commerces au bord de la route: le succès de l’escale de Boromo
Une vue des vendeuses à l'arrivée d'un car (Ph. Studio Yafa)

Petits commerces au bord de la route: le succès de l’escale de Boromo

La gare routière de Boromo était initialement destinée au transit des voyageurs de la route nationale 1. Mais, aujourd’hui, elle doit plus sa renommée aux petits commerces de poulets, de biscuits de sésame… qui sont une source de revenus pour de nombreuses femmes qui en ont fait leur activité. Zoom sur une gare qui fait office de marché.

Quand on évoque le voyage en direction de Bobo-Dioulasso et l’escale de Boromo, cela fait penser au poulet, au sésame… à ceux qui ont déjà emprunté ce trajet ou qui en ont entendu parler. Pas de voyage sur la Route nationale numéro 1 (RN1) sans l’escale de Boromo! On y boit et on y mange, on reprend des forces et on poursuit son chemin. Cette escale célèbre de Boromo fait le bonheur de nombreuses femmes qui animent les abords de la route et de la gare routière. Avec ou sans bus et passagers, elles sont présentes dans cette gare.

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Des petits commerces se sont développés et sont devenus une source de revenus pour la plupart des femmes de la localité. Même les anciennes vendeuses de la gare ferroviaire de Siby, devenue morose, y ont trouvé refuge. Des arachides, du pois de terre, des bananes, et bien sûr du sésame, du poulet et bien d’autres nourritures sont vendues à la criée à la gare de Boromo.

Dans ce marché d’un autre genre, c’est la cohue ! Chacun parle et personne n’écoute l’autre. Des vendeuses aux voyageurs, en passant par les chauffeurs et les convoyeurs, le tout mêlé au vrombissement des moteurs des cars à l’arrêt ou au redémarrage, en direction de Bobo-Dioulasso ou de Ouagadougou, ou encore vers d’autres localités le long de la Route nationale numéro 1 (RN1).

Quand un véhicule s’arrête, ces dames et ces enfants, assiettes en main ou sur la tête, accourent vers les passagers, au mépris du risque d’accident. Le commandant de la Police municipale de Boromo, l’Adjudant Joël Ramdé, confie qu’il y a souvent des accidents dus à cela.  Pour ces vendeuses, ce qui compte, c’est d’être les premières à présenter leurs marchandises aux clients avec l’espoir de se faire de petits sous. Cela, du matin jusqu’à la fin de la nuit pour certaines.

Les clients

Fatoumata, vendeuse de biscuits de sésame, explique : « Comme je suis une femme au foyer, si j’ai beaucoup de travail à la maison, je ne peux pas sortir vendre très tôt. Sinon, en général, je suis sur place à la gare vers 10h et je rentre vers 17h. Je ne vends pas la nuit car je suis mariée ». Abdoul Bachirou Sanogo, venu remplacer sa mère sortie pour des courses, debout devant un étal de boissons, de biscuits et de gâteaux, informe que leur boutique ouvre à 6h et ferme à 19h. Il fait savoir qu’il y a « des gens qui vendent jusqu’à minuit ou même 2h du matin ».

Le plus grand bénéficiaire de ce commerce à la gare routière de Boromo, ce sont les voyageurs en transit. Par faim, par habitude, par envie ou même par curiosité, les voyageurs ouvrent leur porte-monnaie. L’un d’eux, Moussa Dao, venant de Diébougou et partant à Ouagadougou, a acheté des sandwichs et de la boisson.

Parti à 9h et arrivé après 12h à Boromo, il espère faire son déjeuner pendant le reste du trajet. Un autre, Ibrahim Dembélé, en partance également pour Ouagadougou, a déboursé 1000 F CFA pour ce qu’il considère comme son repas de midi. Du pain, de l’eau et une sucrerie, voilà ce qui suffit à faire le bonheur de Boureima. Il dit n’avoir rien mangé depuis le départ à 11h30 de la deuxième ville du pays.

Ce que gagnent les femmes de la gare

Les petits commerces à la gare routière de Boromo connaissent des fortunes diverses. Si certaines vendeuses se réjouissent, d’autres se lamentent de la morosité du marché. D’après le témoignage de Assétou Barry, vendeuse d’œufs, il y a des jours où le marché est « bon », mais souvent aussi « c’est difficile ». Cela dépend de la fréquentation des cars, « quand ils sont pleins, on a le marché », sinon, « le marché est lent ».

Selon ses explications, elle vend entre deux et trois plaquettes par jour aux passagers qui sont ses principaux clients. Pour ses recettes, dame Assétou achète la plaquette d’œufs à 2800 F CFA et la revend à 3000 F CFA, lorsqu’elle arrive à tout écouler.

Depuis deux ans qu’elle fait ce commerce, le bénéfice, à ce jour, est de 200 F CFA par plaquette. Adammou Aboubacar, 30 ans, vendeur de lunettes et de casquettes, dont les voyageurs sont également les clients, peut vendre 10 000 ou 15 000 F CFA par jour.

Ce que la commune gagne

Les petits commerces à la gare routière de Boromo font rentrer de l’argent dans les caisses de la commune. A ce titre, le directeur des Finances et du Budget de la mairie, Évariste Casimir Go, détaille: la commune reçoit par an, environ 25 millions de F CFA sur la location des guichets, des hangars, des boutiques; les frais de stationnement des cars sont de 500 F CFA par arrêt pour les grands cars; ils sont de 300 F CFA par arrêt pour les mini-bus. Les vendeurs ambulants comme les femmes qui vendent les biscuits de sésame, les poulets et autres paient 100 F CFA par jour et par personne comme droits d’accès et de vente à la gare.

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En ce qui concerne la qualité des nourritures vendues à la gare routière, le commandant de la Police municipale, l’Adjudant Joël Ramdé, assure qu’il y a un suivi « pour voir comment les aliments sont protégés, pour voir comment les dames arrivent à conserver leurs aliments. Cela pour éviter qu’il y ait des aliments malsains ou en tout cas des aliments qui ont trop duré et qui peuvent causer des problèmes aux populations », a-t-il fait comprendre, précisant qu’il n’y a pas eu de saisie d’aliments non consommables à la gare.

Boureima Dembélé