Construction de crèches de Noël: une tradition devenue un business pour Innocent
Innocent Kafando, 20 ans, a fait de la construction des crèches une activité à part entière (Ph. Studio Yafa)

Construction de crèches de Noël: une tradition devenue un business pour Innocent

Innocent, élève en Génie civil, a fait de la construction de crèches son activité après les cours. De cette manière, en plus de permettre aux chrétiens de respecter une des traditions de Noël, fête de la nativité, il a trouvé une source de revenus. Une tradition devenue un business pour lui.

C’est bientôt Noël ! La ferveur se sent par endroit, avant le jour J. Dans les maisons, il y a souvent le sapin, différentes décorations, et aussi… une crèche qui met en scène une naissance.

Dans un quartier populaire de Ouagadougou, Anne-Marie Nikiéma, plus de la soixantaine, portant une croix au cou, avance même que « (…) s’il n’y a pas de crèche, il n’y a pas de Noël, c’est le symbole de la fête !».

Innocent Kafando, 20 ans, en a profité pour faire de la construction des crèches une activité à part entière. En effet, il est ce qu’on pourrait appeler  »maçon de crèches ». Il les construit pour se faire des revenus. En plein chantier d’une crèche R+1 devant le domicile de ses parents à Sondogo, un quartier dans la périphérie ouest de la capitale burkinabè, il raconte comment il procède. Il dit avoir reçu le virus transmis par son grand-frère qui était l’architecte des crèches familiales, durant des années.

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Animé par l’envie de prendre la main, après que son grand-frère a arrêté la construction des crèches et dans le souci de bien maitriser cette activité, Innocent s’est fait orienter en Génie civil, après son Certificat d’études primaires (CEP). Cela lui a permis de s’améliorer dans le dessin des plans de construction de crèches. « Je dessine et des gens viennent souvent acheter les plans avec moi pour aller construire leurs crèches », a-t-il expliqué.

En plus de la vente des plans, le jeune élève de 20 ans se fait également des sous dans la construction de ces petites maisons dédiées au célèbre bébé de Bethleem. Il nous apprend à ce propos que « les frais de construction des crèches dépendent du plan choisi. Si le client a déjà des briques, je prends juste 3000 F CFA, si c’est un petit plan. J’ai fait des crèches à 5000 F CFA, même à 10 000 F CFA. Souvent aussi, les clients sont contents après les travaux et ils me donnent plus que le prix que j’avais donné ».

Des clients satisfaits

Anne-Marie a été cliente de Innocent. Elle dit avoir été satisfaite du travail du jeune homme. Saturnin Guissou, également au quartier Sondogo, a appelé Innocent pour la construction de la crèche de ses enfants devant leur domicile. Selon lui, l’élève en Génie civil fait du bon travail. « Quand les voisins ont vu que ce qu’il a fait était agréable à voir, chacun l’a appelé pour en faire également devant sa porte», a affirmé Saturnin qui fait aussi savoir qu’au regard de la beauté de leur crèche, des usagers de la route, durant la nuit, ont déposé dans la crèche des cadeaux comprenant des bonbons et même de l’argent.

« Quand ils (les enfants) se sont réveillés le matin, ils se sont précipités pour prendre. Cela leur a plu en tout cas et nous tous on était contents de voir ça », a lancé le père de famille, sourire de fierté au coin des lèvres. Luc Somé a aussi commandé la construction de sa crèche avec Innocent. «  Il travaille avec son intelligence et il essaie d’améliorer chaque fois. Et puis il essaie de voir tout le temps ses capacités augmenter dans ce qu’il fait », a témoigné Luc, un élève de 20 ans à Sondogo.

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Le maçon et ses clients sont tous unanimes pour dire qu’il est préférable de se faire construire une crèche que d’acheter celles pré-fabriquées qui sont, ont-ils dit, en papier et ne durent pas, par rapport aux crèches construites qui peuvent durer trois ans, sinon plus.

Boureima Dembélé