Epilepsie : « Je croyais être possédée par des esprits maléfiques »©DR
L'épilepsie est la deuxième cause de consultation en neurologie

Epilepsie : « Je croyais être possédée par des esprits maléfiques »

Au Burkina Faso, l’épilepsie est la deuxième cause de consultation en neurologie après les accidents vasculaires cérébraux. Cette maladie chronique se manifeste par des gesticulations anormales. La victime tombe et perd souvent connaissance. Studio Yafa plonge dans le quotidien des victimes de cette maladie.

10h au centre Hospitalier Universitaire Yalgado Ouédraogo de Ouagadougou. Dans le plus grand hôpital du Burkina, Mariam (nom d’emprunt) vient de terminer sa visite de contrôle avec son neurologue. Teint clair, taille moyenne, Mariam a le regard apaisé. Rien ne montre le mal qu’elle porte depuis 6 ans. « Quand je pique les crises ce sont les enfants qui me secourent et aucun d’eux ne souffre d’épilepsie », dit-elle, comme pour couper court à ceux qui pense que l’épilepsie est contagieuse.

« Mon médecin m’a interdit carrément de circuler à plus de 5 km toute seule. A tout moment la crise peut déclencher », ajoute la patiente. Heureusement Mariam est suivie par un médecin et suit un traitement pour minimiser la survenue des crises. Mais là aussi, ce n’est pas sans effet secondaire. Mariam se plaint sur les pertes de mémoire.

Accepter tôt pour minimiser les risques

Les victimes d’épilepsie sont souvent dans le déni. C’est le cas de Mariam qui a longtemps refusé d’accepter sa maladie. Elle a dépensé beaucoup de temps et d’énergie chez des guérisseurs pensant qu’elle était possédée par des esprits maléfiques. « Au début je n’ai pas écouté mon mari quand il me disait la première fois que j’ai fait les crises. Il m’a dit que c’était l’épilepsie. Je lui ai dit non ce n’est pas l’épilepsie c’est l’Afrique, je ne peux pas accepter ça. J’ai vraiment gaspillé son argent », regrette la patiente.

Généralement les patients épileptiques sont mal vus dans nos sociétés. Le jugement de l’entourage constitue un traumatisme psychologique. Mariam elle a eu plus de chance. Elle a le soutien de sa famille. « Grâce à mon mari que je suis toujours en vie, puisque les tentatives même de mettre fin à mes jours étaient énormes. S’il n’était pas à mes côtés… », se rappelle Mariam comme pour dire qu’elle ne serait plus de ce monde.

2e cause de consultation

Selon Julie Kyélem, l’épilepsie est une maladie liée à un mauvais fonctionnement des neurones du cerveau. Cette maladie est la deuxième cause de consultation après les AVC ajoute la neurologue. « Le cerveau a une activité électrique. Les différentes cellules du cerveau communiquent entre elles grâce à cette activité électrique. Et l’épilepsie c’est quand il y’a justement un dérèglement de cette activité électrique dans le sens de l’excitation donc ça crée une hyperexcitabilité et ensuite on a des crises convulsives », explique Dr Kyélem.

Selon l’organisation Mondiale de la Santé, cette maladie touche environ 50 millions de personnes dans le monde et le déficit thérapeutique peut atteindre 75% ou plus dans les pays à faible revenu.

 

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