Trouble de la parole: le combat de Cyril et Flore contre le bégaiement
Orthopédiste échangeant avec des enfants souffrant de bégaiement, Ouagadougou, © Studio Yafa.

Trouble de la parole: le combat de Cyril et Flore contre le bégaiement

Le bégaiement est un trouble du langage qui empêche certaines personnes de s’exprimer correctement. Les victimes de ce trouble vivent souvent dans le complexe. Cyril Guel et Flore Ouédraogo vivent différemment leur trouble. L’un s’est adapté alors que l’autre suit des séances de rééducation pour vaincre ce trouble.

Cyril Guel, entrepreneur, et Flore Ouédraogo, élève, sont deux personnes qui souffrent de bégaiement, un trouble du langage souvent perçu comme une simple gêne dans la parole.

Nous avons rendez-vous avec Cyril Guel, au quartier Zogona de Ouagadougou, où se trouve son entreprise de communication, Educomunik. Vêtu d’une chemise mixée de motifs noirs, d’un pantalon et d’une casquette plate, Cyril, la trentaine, attend devant son ordinateur.

Sur le bureau trônent un petit calendrier portant le nom de son entreprise, des documents, en plus de son ordinateur. « Bonjour, vous pouvez prendre place », lance Cyril sans une once de bégaiement.

Cyril Guel, victime du trouble de langage expliquant une leçon, Ouagadougou, © Studio Yafa

Difficile d’imaginer qu’il vit avec un trouble du langage. Mais au fil de son histoire, il laisse transparaître son trouble. Quand il bute sur un mot, Cyril ne termine pas ses phrases. Il laisse passer un moment avant de retrouver de la fluidité dans son langage.

Regarder dans le bon sens

Le bégaiement, Cyril le vit depuis son plus jeune âge. L’enfance est la période où les railleries entre copains sont fréquentes. À cause de son trouble de langage, il a été victime de railleries de la part de ses camarades. Lorsqu’après le baccalauréat, il décide de mener des études en communication, il est découragé par certains amis. Ils estiment que Cyril, du fait de son trouble de langage, ne peut pas être un bon communicateur. Mais le jeune homme n’a rien lâché.

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« Quand je suis allé pour faire la communication, certains avaient dit que ce n’est pas possible. Quelqu’un qui a un problème d’élocution ne devrait pas faire la communication. Mais je vous assure que personne ne peut me bloquer », raconte-t-il. Aujourd’hui, Cyril ne regrette pas. Sans rancune, il a prouvé le contraire à ses détracteurs en étant à la tête d’une entreprise de communication. Educommunik réalise des formations en communication, notamment dans l’éducation aux médias.

Si beaucoup de personnes perçoivent le bégaiement comme un handicap, ce n’est pas le cas de Cyril. Pour lui, tout dépend de la manière dont les gens le perçoivent. « Tout se passe dans la tête. Il faut apprendre à regarder dans le bon sens, le verre à moitié plein, pas à moitié vide. C’est quand tu en fais un problème que ça te bloque », argumente-t-il.

Ange Elvira Kinibo est l’une des collaboratrices de Cyril depuis quatre ans. Elle le considère comme un modèle, sans complexe, malgré son trouble de langage. « La première fois que je l’ai entendu parler, on avait un atelier de formation et c’est lui qui devait donner la formation. La première chose que j’ai captée, c’est que c’est une personne très intelligente », explique-t-elle.

Le cas de Flore Ouédraogo

Si Cyril a surmonté son handicap, ce n’est pas le cas de Flore Ouédraogo, élève en classe de sixième. Comme une personne essoufflée, Flore a du mal à entamer ses phrases. Mais, dès qu’elle réussit, la jeune fille trouve une certaine fluidité. La jeune adolescente est l’objet de railleries parmi ses camarades à cause de son bégaiement.

« Des fois, mes camarades se moquent souvent de moi. Je peux m’arrêter pour parler et puis ils me demandent c’est quoi ça », dit-elle toute triste. Toutefois, elle arrive souvent à vaincre son bégaiement. « En classe là, moi, je ne bégaie pas. Je suis contente de suivre le traitement et j’espère que je vais guérir », insiste-t-elle, les yeux remplis d’espoir.

Le bégaiement empêche Flore de s’expliquer convenablement. Mais elle peut compter sur l’aide de Léa Ouédraogo, sa grande sœur. Elle ne manque pas de lui apporter son soutien comme elle peut. « Parfois, elle a du mal à s’exprimer. Parfois, ça part et puis ça revient. Je l’aide dans ses bosses. Si ce sont les leçons, parfois, je lui conseille de taper les mains », explique Léa.

Le bégaiement n’est pas une maladie, mais un trouble, souligne Benoit Kpatsa. « On peut surmonter le bégaiement. Comme conseil, il est important de ne pas se focaliser sur le bégaiement des personnes. Il faut plutôt se concentrer sur le message plutôt que sur la manière dont il est transmis », assure le spécialiste. Flore est déterminée à surmonter son trouble. Pour y parvenir, elle participe à des séances de rééducation avec un orthophoniste afin d’atteindre son but.

Carolle Kady Ouattara

Collaboratrice

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