Des déplacées internes recousent leur vie dans un centre de formation à Bobo-Dioulasso
Mariam dans son centre de formation gratuit pour les déplacées internes et filles mères (Ph. Studio Yafa)

Des déplacées internes recousent leur vie dans un centre de formation à Bobo-Dioulasso

Après leur déplacement forcé, des filles et femmes essaient de refaire leur vie, en apprenant la couture dans un centre de formation à Bobo-Dioulasso. Une dame leur permet de se former pour espérer recoudre les morceaux qui restent de leur vie.

Après avoir tout laissé derrière, lors de leur déplacement forcé, l’une des peines des personnes déplacées internes, c’est de se trouver un emploi, ou tout au moins une activité génératrice de revenus. Mais le plus souvent, elles doivent repartir de zéro. Nouvel environnement, nouvelle activité ! Il est question de s’adapter aux exigences de la localité d’accueil.

Pour ce faire, certains sont obligés d’apprendre un nouveau métier. C’est le cas de Karidiatou Sangla et Mamounata Yonaba des déplacées internes qui se sont retrouvées dans une zone non lotie à Bobo-Dioulasso. N’ayant que peu de choix, il s’est offert à elles, la possibilité de se faire former en couture.

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La double peine de Karidiatou Sangla, venant de Wo, localité située derrière Banfora, depuis deux ans environ, c’est d’être orpheline de père et déplacée interne. Vivant avec sa mère, elle a dû se rendre chez sa tante à Bobo-Dioulasso pour espérer prendre sa vie en main. Elle a la chance de s’inscrire dans un centre de formation en couture.  « Je vis avec elle et c’est dans son centre que je fais la formation ». Inscrite à titre gracieux, elle confie qu’elle « ne paie rien ». Et mieux, la maitresse des lieux la « traite comme sa fille ».

Le pagne local Koko Dunda est transformé en des habits par les pensionnaires (Ph. Studio Yafa)

Yonaba Ganda Mamounata, pensionnaire du centre depuis deux ans apprécie aussi l’opportunité : « Pour être honnête, elle aide énormément les gens, les personnes déplacées qui sont nombreuses. Elle fait un excellent boulot, elle partage ses connaissances, et si tu ne sais pas comment faire, elle te montre. Son initiative de nous aider nous les femmes vulnérables est très appréciable, c’est une belle initiative et nous lui en sommes reconnaissantes ».

Un centre gratuit pour les déplacées internes

Mariam Savadogo, la formatrice en pagne tissé et koko dunda situe qu’elle a créé son « centre pour montrer à la jeunesse comment monter les habits, comment se prendre en charge. Nous sommes plus basé sur la production du koko dunda ».

Le Centre la Grâce divine, qui forme plus de filles que de garçons, est un lieu d’apprentissage et de formation professionnelle. A en croire Mariam, la fondatrice, il faut deux ans de formation aux apprenants et à l’issue, ils passent le CQP (certificat de qualification professionnelle).

Entre instructions et coups de main, la fondatrice du centre explique que sous sa coupe, il y a beaucoup de déplacés internes. Parmi ceux-ci certains peuvent faire deux ans dans leur quartier, une zone non lotie de Bobo-Dioulasso, sans arriver en ville. Du coup, ils n’ont pas l’occasion de se faire former. « J’ai pensé à eux et je me suis mise ici », détaille-t-elle. Elle ajoute que « s’ils apprennent quelque chose, ils pourront se prendre en charge. Même s’ils retournent d’où ils viennent, ça sera avec un bagage et cela va les arranger ».

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Mariam précise qu’il y a des cas sociaux divers, et des déplacés. Pour cela, elle donne la formation gratuitement et même met à leur disposition la matière pour travailler.

« En temps normal, la formation dure deux ans et pour la première année, il faut  85 000 F CFA. Cela prend en compte la tenue et la matière d’œuvre, ce qu’il utilise pour apprendre toute l’année. La 2e année fait 95 000 F CFA et c’est à la 2e qu’ils font le CQP », fait savoir la formatrice.

Les pensionnaires du centre recevant des instructions de la formatrice (Ph. Studio Yafa)

En plus des déplacés, la formation prend en compte des filles-mères. Mariam confie qu’en tant que mère, elle ne sait où vont terminer ses enfants. Pour elle, quelqu’un va peut-être les soutenir un jour. Et c’est cela qui la pousse à les prendre en charge.

En plus, Mariam, dans la formation depuis 2010, s’est donné un combat.  Celui de faire en sorte que les femmes puissent se prendre en charge. « ça fait pas joli de les voir en ville en train de mendier. Mais quand tu apprends un métier, tu fais quelque chose de tes 10 doigts, quand tu vois ce que tu as fait, toi-même tu es content. Gagner quelque chose par la sueur de ton front, il n’y a rien de tel», clame-t-elle.

Boureima Dembélé