Bobo Dioulasso : Awa Kassamba ou l’art de cuisiner la solidarité
Awa Kassamba (gauche) fait partie des femmes leaders qui accompagnent les initiatives de développement et de solidarité à Bobo Dioulasso. Photo, Studio Yafa, septembre 2025.

Bobo Dioulasso : Awa Kassamba ou l’art de cuisiner la solidarité

A Bobo-Dioulasso, dans la région du Guiriko, une vingtaine de femmes bénévoles sous la conduite de Awa Kassamba assurent chaque jour la préparation de repas pour les ouvriers mobilisés dans l’initiative Faso Mébo, notamment. Jeune dame volontaire et infatigable, elle investit son énergie dans le bien-être de sa communauté.

Sous l’un des grands halls du village artisanal de Bobo Dioulasso qui sert de siège pour l’initiative Faso Mèbo, une senteur épicée titille les narines des passants. A quelques mètres de l’entrée, cinq grosses marmites posées sur des foyers de bois de chauffe bouillonnent. A l’intérieur du riz gras. Un peu plus en avant, deux autres marmites mijotent, surveillées par deux femmes. La vingtaine de femmes en gilets verts s’activent. Certaines, couteaux en main, découpent les oignons et divers condiments. D’autres lavent des marmites encore brûlantes un peu à l’écart près d’un robinet.

Chaque jour, plus de six mille plats sortent du restaurant mis en place par Awa Kassamba et ses collaboratrices. Photo: Studio Yafa, septembre 2025.

Dans ce groupe de femmes en pleine activité, Awa Kassamba, la présidente du Mouvement des femmes pour la défense des droits, se fait remarquer. De gauche à droite, elle donne des consignes, aide à travailler. Elle est la responsable de ce groupe de femmes volontaires. Depuis le mois de mai 2025, Dame Kassamba et ses collaboratrices assurent trois repas par jour pour les personnes mobilisées dans l’initiative Faso Mébo. « Nous avons commencé à sept, aujourd’hui nous sommes vingt et une », raconte-t-elle d’une voix ferme.

Une femme active

Dame Kassamba a choisi d’élargir son combat, elle qui venait en soutien aux veuves et aux orphelins. Au lancement de Faso Mébo, programme chargé d’embellir les villes du Burkina, elle n’a pas hésité à s’impliquer en participant à la pose de pavés. Elle prend l’initiative de cuisiner de façon volontaire pour les ouvriers à ses propres frais. Cette démarche touche plusieurs personnes séduites par sa détermination.

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Puis un jour, un particulier offre des vivres et du matériel à l’initiative Faso Mebo. C’est à elle que les initiateurs du projet pensent. Awa Kassamba se met à l’œuvre avec ses camarades dans cette aventure. « Le matin, nous faisons du café, à midi le déjeuner, et le soir encore un repas. Ici, personne ne doit rester le ventre vide. C’est huit marmites que nous posons dans la journée et trois pour le repas du soir », détaille-t-elle tout en jetant des coups d’œil sur les marmites. Elle s’éclipse même un instant pour aider un groupe de femmes, de longues louches en mains, qui renversent le riz dans des bassines.

Alors que certaines femmes finissent de préparent le riz, d’autres se mettent à la cuisson de la sauce. Photo: Studio Yafa, septembre 2025.

Le menu varie selon les jours. Du riz sauce arachide, légumes ou feuilles, du couscous, des pâtes font le bonheur des ouvriers. Environ six mille plats sont préparés et distribués chaque jour selon Kassamba, qui a mis en pause ses activités commerciales.

Courage et détermination

Leur journée de travail commence dès 4 h 30 pour que le café soit prêt à 6 h. Les rôles sont répartis et deux équipes sont mises en place pour se relayer. « Vous n’allez jamais venir ici pour trouver quelqu’un qui ne fait rien », lance Awa avec fierté. La distribution s’effectue ensuite en équipes sur les différents chantiers. Le travail se prolonge parfois jusqu’à 20 h. Il faut encore préparer le café du soir pour réveiller ceux qui sont sur les chantiers.

Des collaboratrices de madame Kassamba lavant des marmites. Photo: Studio Yafa, septembre 2025.

Mais leur engagement n’est pas sans difficulté comme la flambée des prix et le manque d’eau. « Parfois, l’argent que nous recevons pour la cuisine ne suffit pas. On peut aller au marché et trouver que le prix a augmenté. Tu ne peux pas revenir dire que l’argent n’a pas suffi. Donc, on essaie de gérer comme une mère qui doit gérer le foyer », énumère-t-elle. Faute de forage, les femmes doivent aller plus loin pour ramener l’eau nécessaire. « Mais, nous le faisons avec courage et détermination », insiste Kassamba.

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Mariam Ouattara, mère de cinq enfants et ancienne vendeuse de jus, s’active également les gants aux mains. Elle est prête à servir le riz. Elle accompagne Dame Kassamba depuis le début. « On n’a pas de salaire. C’est l’amour du travail qui nous motive », dit-elle, prête à servir les assiettes fumantes.

Cet engagement ne laisse pas indifférents les bénéficiaires. Aziz Kouyaté, l’un des ouvriers, salue l’initiative menée par Kassamba. « Le jour où je ne mange pas chez Madame Kassamba, il y a quelque chose qui me manque. Elle est très engagée et c’est une très bonne personne », dit-il avec reconnaissance. Pour Awa Kassamba, sa contribution et celle des autres sont la preuve de leur accompagnement citoyen pour le bien-être de leur communauté.

Boukari Ouédraogo