Enseignante, mère de famille et femme engagée, Fatoumata Gandema consacre son énergie à améliorer le quotidien de sa communauté à Bobo Dioulasso. La jeune dame, à travers des initiatives citoyennes, prouve que le développement passe également par le courage de passer à l’action.
Secteur 6 de Bobo-Dioulasso. Sur un chantier de l’initiative Faso Mèbo, un embouteillage bloque les véhicules et motos sur la voie étroite. A coups de klaxon mêlés aux vrombissements des moteurs, chacun tente de se frayer un passage. Au milieu de ce bruit, un groupe de femmes au travail se fait remarquer. Elles posent des pavés le long des trottoirs.

Parmi elles, Fatoumata Gandéma, jeune femme à la taille svelte et au visage souriant, se distingue par son dynamisme. Elle donne des ordres çà et là comme un chef de chantier. « Ramassez les pavés et posez-les là », lance-t-elle d’une voix empressée en désignant un endroit aux femmes qui l’accompagnent. Celles-ci se mettent aussitôt à la tâche. Elles sont aussi venues apporter leur contribution.
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Son visage ruisselant de sueur témoigne de son effort de la journée. Malgré les traits tirés, Fatoumata, habillée d’une chemise jaune nouée à la taille et d’un jean noir bien ajusté, ne s’arrête pas pour autant. Pour elle, travailler pour le bien-être communautaire est une véritable passion. Interrompue dans sa lancée, elle prend juste le temps d’essuyer son visage avant de répondre à notre micro.
« Les pavés qu’on est en train de placer, les routes qu’on est en train d’arranger, en fait, c’est pour tout le monde. Ça appartient à tout le monde. C’est la population qui va les emprunter. Donc nous avons trouvé bon d’apporter notre contribution dans le sens du développement de la nation », explique-t-elle.
L’initiative Faso Mèbo, portée par le gouvernement, vise à aménager les routes et les espaces urbains du Burkina Faso. Dans ce cadre, plusieurs personnes s’engagent comme bénévoles, tandis que d’autres apportent des contributions matérielles. Fatoumata et ses collaboratrices ont décidé de mettre la main à la pâte afin de donner l’exemple.

Foyer, recherche et engagement
Dans la quarantaine, Fatoumata Gandéma est enseignante en physique et chimie au lycée Guimbi Ouattara de Bobo-Dioulasso. Lorsqu’elle dépose la craie, elle se consacre à ses activités sociales et communautaires. Pourtant, passionnée de physique appliquée, elle aurait pu se contenter de son salaire de fonctionnaire et de sa vie de mère de trois enfants. Mais le bien-être communautaire lui colle à la peau. « Depuis que j’étais petite, j’aimais participer aux activités sociales. J’aimais aussi partager », raconte-t-elle avec passion.
Cette passion l’a poussée à créer en 2017 l’Association Femmes d’Aujourd’hui (AFA), dont l’objectif est d’accompagner la réussite scolaire des jeunes filles et la gestion menstruelle. Mais depuis 2022, cette association a marqué une pause. Fatoumata, quant à elle, n’a pas arrêté son engagement. Elle fonde la même année l’Association Bolibana, une initiative citoyenne plus large et plus ambitieuse.
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Pour mener ses activités sociales, Fatoumata jongle entre son métier d’enseignante et la préparation de sa thèse en physique appliquée. Tout cela lui complique la tâche, surtout pour une mère de famille. Cependant, elle peut compter sur le soutien de son mari, qui travaille dans une autre localité à près de 200 km de Bobo-Dioulasso. « Ce n’est pas facile, mais j’ai un mari qui me soutient dans tout ce que je fais. Il est mon pilier. C’est lui qui me donne la force », explique-t-elle, toute souriante.

Un modèle pour les jeunes femmes
A ses côtés, Christelle Sawadogo, une jeune femme qui lui voue une grande admiration. « C’est la définition exacte de la femme battante. C’est une femme très dynamique. Et quand tu côtoies Mme Gandéma, il faudra éliminer de ton quotidien la paresse », explique-t-elle d’une voix timide. Christelle est aujourd’hui la secrétaire de l’association Bolibana, grâce au soutien de son mentor qui lui a permis de gagner en confiance.

A la mairie de l’arrondissement 2 de Bobo-Dioulasso, le nom de Fatoumata Gandéma n’est plus à présenter. Nomwendé Franck Alex Ouédraogo, chef de cabinet du président de la délégation spéciale le reconnaît. Elle participe activement aux activités de développement communal à travers son association. « En plus, dans toutes nos activités où nous avons besoin de l’accompagnement des associations, elle est présente », assure-t-il. Il reconnaît pleinement son engagement pour le bien-être de la commune.
« C’est ce que nous demandons, que nos leaders soient des relais et cela contribue à éclairer l’idée de la décentralisation et cela participe à la bonne gouvernance locale », poursuit le chef de cabinet du président de la délégation spéciale de Bobo. Malgré le manque de temps, Fatoumata compte se donner encore plus pour contribuer au bien-être de la commune de Bobo Dioulasso et des femmes de la même localité.
Boukari Ouédraogo