Dans son centre de formation en tissage à Houndé dans la région du Guiriko au Burkina Faso, Odette Ouédraogo redonne de l’espoir à des filles et femmes vulnérables. Plus qu’un apprentissage, c’est une offre pour la survie.
Des femmes s’entraident à mener le combat contre les vicissitudes de la vie. Pour ce faire, elles ont compris que la première arme, c’est savoir faire quelque chose de leurs 10 doigts. C’est ainsi qu’il faut comprendre les efforts de Odette Ouédraogo. A Houndé, dans la province du Tuy, elle apprend aux jeunes filles à tisser leur avenir. Dans son centre de formation, plusieurs jeunes filles et femmes apprennent le tissage de pagnes traditionnels.
Sous un vaste hangar transformé en salle de classe, une vingtaine de femmes apprennent les rudiments du tissage. Enfant au dos, la dame de 47 ans fait le tour, supervise et assiste les apprenantes dans leurs tâches. L’ambiance est studieuse. « J’ai fait le choix d’initier les jeunes filles et les femmes au tissage parce qu’elles sont vulnérables. En majorité, ce sont les femmes qui s’occupent de la famille. Voilà pourquoi je leur apprends pour qu’elles puissent subvenir à leurs besoins », explique Odette entre deux instructions aux élèves tisseuses.
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Dans la pratique, l’atelier de formation Sugr-Nooma de Odette reçoit chaque année des apprenantes de tout âge pour un cycle de 3 ans. A l’en croire, les frais s’élèvent à 50 000 F CFA l’année. Une somme qui sert à l’achat du matériel de tissage pour l’apprenante. Mais, selon ses dires, celles qui ne disposent pas de cet argent bénéficient tout de même du savoir.
« Beaucoup n’ont pas les frais de la formation mais nous ne regardons pas cela et beaucoup d’apprenantes peuvent vous le confier. Je ne regarde pas l’argent, sinon beaucoup n’allaient pas suivre la formation. Ce qui compte pour moi, c’est d’aider les femmes à préparer leur avenir et d’être utiles au pays », confie la formatrice.
Parmi les apprenantes de l’atelier Sugr-Nooma, il y a Colette Ouédraogo. Avec une licence en poche, elle est au chômage. « Je fais les concours, ça ne marche pas, donc j’ai décidé de venir entreprendre. Après ma formation, je souhaite que le gouvernement nous aide à avoir des centres pour que nous soyons des formatrices ou bien ouvrir une boutique pour les pagnes traditionnels », explique-t-elle. Comme elle, le centre est une sorte de refuge pour des jeunes filles en quête d’emploi après les études.
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Mais les choses ne se passent pas sans difficulté. La responsable du centre fait comprendre que la difficulté majeure se résume en une question de matériel. « Je n’ai pas de moyens pour acheter du matériel pour les apprenantes », se désole la vieille dame dont la bonne volonté côtoie son impuissance face aux difficultés de son centre. Mais, au fond d’elle, son souhait est que toute femme qui sort de son centre puisse bénéficier de matériel. « Si elles apprennent et ne pratiquent pas, c’est contraire à notre vision. L’idée vraiment, c’est de leur permettre de travailler et de gagner de l’argent après qu’ils ont fini la formation », précise Odette.
Elle détaille que l’idée est de permettre aux jeunes filles et femmes de s’installer à leur propre compte après la formation. Au moins 10 femmes sorties de son centre ont pu s’installer à leur propre compte et d’autres sont devenues des formatrices.
Ces efforts sont reconnus et appréciés par la faîtière des associations féminines de Houndé. La coordinatrice provinciale des femmes de la province du Tuy, Aminata Lamien, salue un courage au service de l’épanouissement de la femme. « Elle est très dynamique parce que quand tu vas là-bas (au centre), tu vois le tableau qui est dressé et elle est en train de leur expliquer comment faire. Elle leur donne des exercices et même pour les fils, elle leur montre comment faire. La discipline y est donc toutes celles qui sont ici, à la sortie, elles vont faire un bon travail », témoigne la coordinatrice provinciale.
Du reste, c’est elle qui a mis à sa disposition le local qui lui sert de centre pour la formation. Après plus de 20 ans d’encadrement, elle a contribué à former des générations de femmes entrepreneures dans la province.
Boureima Dembélé
