A Gayéri, « plus rien ne va! » 
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A Gayéri, « plus rien ne va! » 

Des jeunes de Gayéri ont peint un tableau sombre de la situation sécuritaire de leur localité au micro d’une équipe du Studio Yafa. Au nombre de huit, ils ont, à l’unisson, fait comprendre que « plus rien ne va ».

Des jeunes de Gayéri (environ 75 km de Fada, chef-lieu de région), dans la Komondjari, région de l’Est du Burkina Faso, à l’unisson dépeignent une situation « difficile » dans leur localité. Au micro d’une équipe du Studio Yafa, l’ensemble des huit intervenants sont unanimes : « A Gayéri, plus rien ne va ». Ils déclinent cela en manque de nourriture, de carburant, de médicaments… « Depuis le blocus total de Gayéri, notre situation est devenue de plus en plus difficile. Tout est bloqué. Nos vivres sont finis, on n’a plus de carburant, pas d’électricité. Il n’y a plus rien à Gayéri ici. Ça ne va pas », s’est plaint l’un d’entre eux. Et c’est la même chose qu’ont exprimé tous les autres.

« Certains cultivateurs n’arrivent pas à ramasser leur mil (…) »

 A côté de cela, le bétail se meurt, sinon même périt de faim et de soif, car, Gayéri est asséché et impossible de se rendre dans les pâturages hors de la localité, sous peine que le bétail change de propriétaire, du fait des groupes armés et souvent même de voleurs de bétail.

Hors de la ville également, des paysans n’ont pas pu enlever leur récoltes, ont confié ces jeunes interlocuteurs du Studio Yafa : «Certains cultivateurs n’arrivent pas à ramasser leur mil, parce que c’est juste après la récolte que la situation a commencé », a martelé l’un d’eux.

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Dans le même sens, ils ont expliqué que les voies d’accès sont sous contrôle des groupes armés qui empêchent la sortie de la ville aux populations. Ceux qui s’entêtent sont molestés pour certains, d’autres enlevés. Et même que, à en croire le témoignage de nos interlocuteurs, des populations ont été enlevées à Gayéri ville, et « on ne sait pas ce qu’ils leur font, même s’ « il y en a qui reviennent».

«A l’heure là, nous-mêmes on se demande si la Komondjari fait partie des 45 provinces du Burkina»

« A l’heure là, nous-mêmes on se demande si la Komondjari fait partie des 45 provinces du Burkina Faso », a lancé l’un des jeunes de Gayéri. Pour appuyer ces propos, ils ont confié qu’à Gayéri, ils ne sont pas «du tout contents de nos autorités, puisqu’elles ont fui nous laisser avec nos problèmes. Il y a aussi la démission de nos FDS. Chaque matin que Dieu fait, on se réveille ici avec des tirs. A Gayéri ici, il y a cinq secteurs. Et seul le secteur 3 n’est pas touché. Dans les autres secteurs, les hommes armés non identifiés frappent les populations, les pillent, or il y a des FDS pour notre sécurité. Ils tournent dans la ville prennent les animaux et la nourriture des gens et pourtant des FDS sont là ».

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Le cas d’élèves et d’étudiants, au moment des entretiens, a aussi été mis sur la table. Rentrés pour les congés, ou dans le besoin de s’inscrire, ils sont bloqués sur place, même si certains « (…) ont pris le risque de contourner, parcourant des centaines de kilomètres pour pouvoir arriver à Fada ». Ils disent ne pas comprendre : « On ne peut pas comprendre ça ! Des élèves et des étudiants sont dans les difficultés pour déposer leurs dossiers des examens, alors qu’il y a des vols qui viennent et qui repartent vides », se sont-ils épanchés, pointant du doigt, une fois de plus, les autorités.

«S’il n’ y a pas de réaction, la faim va nous tuer ici»

Un autre a fait savoir  qu’il y a des étudiants qui sont là, sans possibilité de rejoindre là où ils étudient et faire leur inscription pédagogique. Des élèves de 3e et terminale sont là, ils n’ont pas pu repartir. On nous a dit qu’il y aura un convoi, mais jusque-là, rien! »

Les jeunes, avec qui l’équipe du Studio Yafa a parlé, ont demandé une réaction des autorités: « S’il n’ y a pas de réaction, la faim va nous tuer ici ». D’autres émettent des souhaits : Notre souhait est que la paix revienne au Faso. Que nos dirigeants veillent à ce que la paix revienne ».

Gayéri comme le reste de la région de l’Est, en plus d’une grande partie du pays, fait face à des attaques de groupes armés, et depuis 2016, ce n’est pas la désescalade au Burkina Faso.

Boureima Dembélé