Eventuel retour de Blaise Compaoré : des jeunes ouagalais réservés
Blaise Compaoré a émis le vœu de rentrer au Burkina Faso

Eventuel retour de Blaise Compaoré : des jeunes ouagalais réservés

Des jeunes burkinabè apprécient différemment les propos du chef de l’Etat Roch Kaboré sur le retour des exilés politique dont Blaise Compaoré. « Après les élections, nous aurons à finaliser le processus de réconciliation. Tout le monde pourra rentrer tranquillement au Burkina Faso (…) » a déclaré le président du Faso dans un récent entretien accordé à des médias étrangers.

Yempani Lankoandé, jeune militant de l’Organisation démocratique des jeunes (ODJ) se refuse d’abord à commenter la récente sortie du chef de l’Etat. Au milieu de ses amis à la bourse du travail de la capitale, il devise sur des sujets d’actualité. « Personnellement je n’en pense rien », lance-t-il vaguement. Après insistance, il explique sa position. « Je ne sais pas si c’est le chef de l’Etat qui avait travaillé à ce que des burkinabè quittent ce pays. De ce point de vue, dire qu’il va travailler à ce qu’ils reviennent, je pense que c’est une position purement électoraliste qui visent à séduire les nostalgiques de l’ancien régime », tranche-t-il. Pour lui, durant ces cinq dernières années, le président Roch Kaboré s’est plusieurs fois prononcé sur la question. « Lui-même a passé le temps à dire qu’on n’a pas empêché quelqu’un de revenir dans son pays », ajoute-t-il.

Pour l’étudiant en Sciences de la santé, Yacouba Guiré, la réconciliation nationale doit prévaloir. Il voit dans les propos du chef de l’Etat, une volonté de rassembler les burkinabè autour des questions essentielles. « Mais avant, il faut que la justice fasse son travail. Si un burkinabè se reproche des choses néfastes qu’il a faites au pays, il peut revenir pour  les affronter. Mais s’il veut de l’impunité à son arrivée, il faut qu’il sache que les victimes ou les parents des victimes sont là et n’ont pas oublié », défend l’étudiant. Jeune commerçant, aux abords du grand marché de Ouagadougou, Ibrahim Cissé dit apprécier positivement cette annonce, mais précise-t-il, si elle n’a pas de visée politique cachée. « Selon moi, le terrorisme a un lien avec ces histoires de division des burkinabè. Mais si la réconciliation nationale permet à tous les exilés de revenir au pays pour travailler à le faire avancer, c’est bien. Il n’y a pas de problème à ce que Blaise revienne, ce qui est sûr, il ne pourra plus être président », commente le jeune commerçant.

 

Selon lui, les Burkinabè sont resté divisés ces cinq dernières années, et il est temps de parler à l’unisson. Pour lui, même si son retour doit passer par la case prison, Blaise Compaoré doit rentrer : « S’il a des dossiers en justice, qu’il se plie seulement. Ce qui est sûr, il ne va pas mourir parce qu’on l’a jugé. Même si on l’enferme, il va en ressortir. Il y a des gens qu’on a enfermé mais qui ont été libérés »  Yempani Lankoandé renchérit pour dire que la sortie du chef de l’Etat est une fuite en avant parce que insiste-t-il, « présentement ce n’est pas la question la plus préoccupante du moment. Nous avons des questions d’insécurité par exemple ». C’est la forme de la sortie du président Roch Kaboré qui est critiquée par d’autres jeunes comme Adama Ouédraogo. Il se refuse même à en parler. « Je ne commente pas cette actualité. Si c’était si sérieux, il se serait adressé directement aux burkinabè, en passant par les médias locaux. Pourquoi parler à des médias étrangers sur des questions qui intéressent ses compatriotes ?», se demande le jeune homme.

Le 15 octobre 2020, le président du Faso a accordé un entretien à France 24 et à RFI. Répondant à une question sur la réconciliation nationale, il a déclaré qu’ « après les élections, nous aurons à finaliser le processus de réconciliation. Tout le monde pourra rentrer tranquillement au Burkina Faso et ceux qui ont des dossiers en justice se présenteront pour défendre leur situation ». Il a poursuivi en expliquant que dans sa vision, s’il est réélu, le premier semestre de 2021 sera mis à profit pour « régler ces questions (…) ».