Lancé en juillet 2024 dans le cadre du programme FasoVeil, le Projet de Veille Citoyenne dans le secteur de l’Eau et de l’Assainissement (PVEA) vise à renforcer la participation citoyenne dans la gestion de l’eau et de l’assainissement dans les régions des Cascades et des Hauts-Bassins. Chargée de communication et du genre du Centre d’études et d’expérimentations économiques et sociales de l’Afrique de l’Ouest – Pôle régional Burkina (CESAO-PRB), Nathalie Millogo se voit confier la coordination du PVEA.
Fin 2023, le Centre d’études et d’expérimentations économiques et sociales de l’Afrique de l’Ouest – Pôle régional Burkina (CESAO-PRB) a été sélectionné pour conduire le projet de veille citoyenne dans le secteur de l’eau et de l’assainissement (PVEA) dans sept communes des régions des Cascades et des Hauts-Bassins. A la tête de cette initiative, Nathalie Millogo une communicante passionnée au service de l’accessibilité et de la gestion de l’eau potable dans la région des Hauts-Bassins. Dans les couloirs du CESAO-Pôle Régional Burkina à Bobo-Dioulasso, elle s’active entre réunions stratégiques et préparation de la deuxième phase de collecte de données du projet.
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Mais au départ, Nathalie Millogo ne se destinait pas à la communication. « J’aimais les langues, surtout l’anglais. Mais après la fermeture prolongée de l’Université de Ouagadougou en 2010, je me suis retrouvée sans repères », raconte-t-elle. C’est à Niamey, lors d’un séjour chez sa sœur, qu’elle prend la décision de se réorienter vers la communication. A l’en croire, ce n’était pas un choix par défaut: « En moi, il y avait déjà ce goût pour les mots, pour les messages qui rassemblent ».
De retour à Ouagadougou, elle intègre un institut privé et obtient sa licence en communication des organisations et des entreprises. En 2013, elle décroche un stage au CESAO, alors en pleine relance après plusieurs années de fermeture. Il n’existait pas encore de service de communication. Elle va en poser les bases. « Mon mémoire portait sur la stratégie de visibilité de l’institution. J’ai vu le CESAO renaître et j’ai grandi avec lui. », raconte-t-elle.
Une approche participative pour des résultats durables
Aujourd’hui chargée de communication et du genre, Nathalie Millogo ne se limite pas à la mise en œuvre d’une stratégie de communication. Sa fonction est résolument tournée vers l’action citoyenne. C’est donc naturellement et grâce à son profil qu’elle s’est vue confier la coordination du Projet de Veille Citoyenne dans le secteur de l’Eau et de l’Assainissement (PVEA) dans le cadre du programme FASOVEIL.
Mis en œuvre par le Laboratoire Citoyennetés et la Fondation Hirondelle, le projet FASOVEIL « Faciliter la Veille citoyenne et la Redevabilité avec la Société civile » repose sur deux composantes principales : le renforcement des capacités des organisations de la société civile (OSC) pour améliorer les politiques publiques, et la production et diffusion de contenus médiatiques pour soutenir les actions de redevabilité des OSC.
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« Mon rôle est d’encadrer les associations locales qui collectent les données, d’organiser les émissions radiophoniques, de faciliter les rencontres avec les acteurs institutionnels. En un mot, faire le lien entre les citoyens, les techniciens, les décideurs. C’est une première pour nous, d’entrer ainsi dans le suivi citoyen des politiques publiques », explique Nathalie Millogo.
Chaque six mois, les associations partenaires collectent des données sur la base des onze indicateurs clés tirés du Plan National d’Approvisionnement en Eau Potable (PNAEP). La collecte ne s’arrête pas aux chiffres. Elle s’accompagne de débats radios, de concertations régionales et de plaidoyers auprès des autorités locales afin que les communautés elles-mêmes expriment leurs besoins.
Le paradoxe entre la pluviométrie et l’accès à l’eau
À mi-parcours du projet, Nathalie se dit satisfaite des avancées. « On a des partenaires locaux engagés, des collectivités qui écoutent. Il y a un climat de confiance. Mais le chemin est encore long », fait-elle savoir.
Selon Nathalie Millogo, malgré leur riche pluviométrie, les régions des Cascades et des Hauts-Bassins souffrent d’un cruel paradoxe : « Il pleut beaucoup, mais les habitants boivent l’eau des puits ordinaires ». Elle évoque avec gravité les conséquences de cette situation : maladies hydriques, corvées d’eau pour les femmes, défécation à l’air libre faute de latrines. Elle milite donc pour la multiplication des forages, pompes à motricité humaine, bornes-fontaines collectives car pour elle l’eau potable doit devenir une évidence, et non un privilège.
Ainsi, elle trace sa route, entre plaidoyer et action dans un pays où la gouvernance de l’eau reste un défi crucial. Elle est devenue, au fil du temps, l’une des actrices qui font bouger les lignes en dépit des nombreux défis.
Studio Yafa avec MoussoNews