L’or de Houndé ne brille pas pour tout le monde
Jeune à la mine d'or de Houndé en train de travailler la terre pour extraire de l'or, juin 2025. Photo Studio Yafa

L’or de Houndé ne brille pas pour tout le monde

A Houndé, l’or coule à flots mais pas forcément jusqu’aux populations. Dix milliards de francs CFA ont été investis grâce au fonds minier depuis 2019 à travers la construction des écoles, des forages, des centres de santé… Pourtant, certains habitants s’interrogent sur l’impact de la mine dans le développement local. Une inquiétude qui a suscité une émission-débat avec des acteurs de la localité.

Sur le papier, les chiffres sont impressionnants. Mais dans les faits, des habitants de la commune de Houndé soulèvent des inquiétudes. Pour mieux comprendre, trois acteurs que sont Souleymane Ouédraogo, orpailleur dans la commune de Houndé. Dramane Bamogo, représentant de la Mairie, et Yi-han-lo Lanou, président du Conseil provincial des Organisations de la société civile du Tuy se sont retrouvés pour en débattre. Invitée, la société minière, Houndé Gold, installée dans la commune n’a pas répondu à l’appel. Mais en face, un public composé d’une centaine de personnes avait des préoccupations.

Des réalisations visibles

Dramane Bamogo, représentant de la mairie, tente d’assurer d’entrée. L’installation de la mine d’or dans la commune a eu un impact positif. Elle a permis à la commune d’augmenter ses recettes. « Dans le domaine de la voirie, on a plus de 4 milliards de F CFA qui ont été investis. Dans l’éducation, on a plus de 2,5 milliards de réalisations. Dans le domaine de la santé, on a près de 900 millions de F CFA qui ont été investis », décrit Dramane Bamogo, avec fierté. Il cite l’exemple du centre de santé du secteur 3 de Houndé, déjà fonctionnel.  Des châteaux et des adductions d’eau potable ont été construits également.

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Les parties prenantes au débat ont relevé les insuffisances dans la réalisation des projets de développement. Photo: Studio Yafa.

Souleymane Ouédraogo est orpailleur au secteur 3 de Houndé. Il reconnaît et salue la construction du centre de santé fonctionnel dans son quartier. Mais, il se sent oublié en tant qu’orpailleurs. Il s’attend à un transfert de compétence de par la mine aux jeunes de la localité. Il regrette l’absence de formation et d’employabilité des jeunes par la mine d’or installée. « Nous aussi, on souhaite qu’ils nous forment pour que nous puissions avoir des jeunes géologues, qui puissent nous aider dans nos travaux », propose-t-il. « Cela ne relève pas de la mairie mais de la mine », rétorque-t-il.

Des chantiers bloqués

Pourtant, ces investissements sont loin de satisfaire certains acteurs de la société civile. Dans le public, un membre du comité communal de veille citoyenne ne cache pas son inquiétude. Il rappelle à la mairie que des chantiers de certains collèges sont encore en souffrance. Des enfants de moins de 10 ans sont obligés de marcher plusieurs km pour aller à l’école. Ce qu’il ne trouve pas normal. « Est-ce que la mairie pourra faire la finition de ces infrastructures ou bien nous sommes à quel niveau ? Parce que si ça reste en l’état, ça risque d’être une perte pour la commune », interroge-t-il. Le représentant de la mairie reconnaît les difficultés et promet que tout est mis en œuvre pour y remédier. Pour certains intervenants dans le public, même si des réalisations sont faites, la qualité laisse souvent à désirer.

Dans le public, des femmes ont tenu à souligner les problèmes non pris en compte dans la manne produite par les mines. Photo: Studio Yafa.

Le débat glisse ensuite vers la question de l’impact économique. Yi-han-lo Lanou, président du Conseil provincial des organisations de la société civile du Tuy, regrette que la mine ne puisse pas absorber assez le chômage. Il évoque également l’accès limité des commerçants locaux aux marchés de la mine. Yi-han-lo Lanou dénonce également le coût de la vie devenu insupportable pour beaucoup. « Houndé est l’une des villes les plus chères du Burkina. Tout le monde ne travaille pas à la mine. Mais nous subissons les conséquences de l’implantation de la mine », juge-t-il.

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Des femmes présentes dans la salle ont aussi interpellé la mairie car se sentant souvent oubliées. La mairie rappelle que des efforts ont été faits. « Il y a déjà eu de la formation [pour les femmes]. Même si ce n’est pas au titre du fonds minier, mais c’est au titre du budget de la commune. Mais il faut dire que c’est le fonds minier qui a dégagé certaines dépenses », explique-t-il. Pour les personnes vivant avec un handicap, Dramane révèle qu’une politique est mise en place pour une prise en charge en fournitures scolaires pour les enfants vivant avec un handicap.

Face à la multiplicité des attentes, Dramane Bamogo reconnaît les limites actuelles. Cependant, certains actes ne relèvent pas de ses compétences. « C’est vrai, ces 10 milliards de F CFA, on trouverait que c’est énorme. Mais il faut dire qu’à Houndé, il y a beaucoup de défis à relever », souligne-t-il. Toutefois, des stratégies sont mises en place pour une meilleure prise en compte des populations.

Boukari Ouédraogo