Malgré le contexte sécuritaire difficile dans certaines localités du Nord du Burkina Faso, Ouahigouya, capitale du Yaadga, choisit de rester animée.
Il est 23 heures au secteur 1 de Ouahigouya. Devant le maquis Frégate, des dizaines de motos s’entassent, des voitures bordent la chaussée. A l’intérieur, les notes de musique se mêlent aux éclats de rire. Comme un pied de nez au climat sécuritaire, l’ambiance est festive et tenace. Pour Mohamed Bélem, alias Papous Service, promoteur culturel, les nuits de Ouahigouya n’ont rien perdu de leur éclat.
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« Toute activité est menée la nuit à Ouahigouya. Il y a des débits de boissons et des maquis qui animent jusqu’à 05h du matin. Nous, en tant que jeunes et promoteurs culturels, on essaie de maintenir la ville dans l’ambiance, raison pour laquelle chaque mercredi on invite des artistes du Burkina pour des animations, d’où son nom mercredi de paya », explique Mohamed Belem.
Bonne ambiance dans les kiosques
A quelques rues de là, Romaric Balma s’affaire derrière ses marmites. Dans son restaurant nocturne, spaghetti, omelettes et soupe se servent jusqu’au petit matin. L’insécurité, il la reconnaît en périphérie, mais insiste : la ville reste calme. « On sort à 19h jusqu’à 05h du matin. On prépare du spaghetti, des omelettes et on fait de la soupe. Par la grâce de Dieu le marché ça va », assure le jeune homme.
Minuit passé, la Place de la Nation grouille encore de monde. Des jeunes, assis ou debout, profitent du wifi gratuit pour surfer sur leurs téléphones. Parmi eux, Adama Zorom, la trentaine, qui ne craint pas de rester dehors tard dans la nuit.
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« On n’a pas peur, souvent on veille jusqu’à 01h du matin, souvent plus que ça. Dans la ville de Ouahigouya tout va bien, c’est dans quelques villages que l’insécurité persiste, mais les forces de l’ordre et de sécurité font de leur mieux pour instaurer la quiétude », explique-t-il.
Politique et sport dans les échanges
Au secteur 6, autour d’un thé fumant, Salif Ouédraogo et ses amis discutent politique, sport et actualité. Pour eux, Ouahigouya reste fidèle à son visage nocturne. « Tout va bien à Ouahigouya la nuit. On peut veiller jusqu’à 03h du matin. En plus de ça, les patrouilles des FDS nous galvanisent et nous donnent plus de courage à rester à des heures tardives la nuit », affirme Salif Ouédraogo.
De la musique aux débats de grin, en passant par les petits commerces et la connexion internet, la cité de Naaba Kango cultive sa résilience. Ouahigouya tient bon.
Mansour Gassambé