SECACO : acte de naissance d’une usine devenue village
Une vue d'une partie du village de SECACO (Ph. Studio Yafa)

SECACO : acte de naissance d’une usine devenue village

Usine au départ, SECACO est devenu par la suite un village. Ce village s’affiche de nos jours comme un haut lieu d’orpaillage. Retour sur l’histoire…

Voici l’histoire d’un village atypique. L’on pourrait même dire que c’est un village que rien ne prédestinait à le devenir. En tous les cas, la création de ce village sort de l’ordinaire des mythes et légendes que l’on a l’habitude d’entendre dans la création des villages. Pas de brave guerrier, pas de guerre de conquête de territoire, pas d’annexion, pas de soldats faits esclaves, pas d’armée. Rien !

L’acte de naissance du village de SECACO a été écrit suite à une aventure économique, selon plusieurs sources écrites et aussi selon le chef du village, Kalifa Koh. Usine de production de carburant à partir d’amandes de karité, la Société d’exploitation du carburant colonial (SECACO) a fait place à un village, après les indépendances, détaille Kalifa Koh. Il est appuyé dans ses propos par Mamadou Sanfo, la soixantaine, l’un des natifs de cette localité de la Boucle du Mouhoun, Province des Balé.

Lire aussi: Bomavé, Trésor humain vivant : il respire la nature et vit son art

A une vingtaine de kilomètres du chef-lieu provincial, Boromo, SECACO était le site d’une usine du même nom, dont les travailleurs étaient amenés à travailler de force, à en croire le chef. Il explique aussi que durant les périodes où l’usine tournait à plein régime, c’était 24h/24.  Pour ce faire, certains ouvriers dormaient sur place. L’usine étant éloignée des lieux d’habitation. C’est ainsi que certains ont ensuite rapproché leurs familles pour être en contact avec femme et enfants.

Finalement, chacun y a trouvé quelque chose à faire. Après la disparition de l’usine, beaucoup sont restés, et se sont retournés vers l’agriculture. Le chef du village, Kalifa Koh, raconte qu’habitent dans ce village des Nouni, avec Koh, Go… comme patronymes, les premiers à s’installer, ensuite ont rejoint des Mossis, des Winiens, des Peuhls… Il situe la création de SECACO, en tant que village, en 1942. La vie de SECACO était rythmée par la succession des saisons, jusqu’à la découverte de l’or dans la localité.

Un village comme un autre

De nos jours, cette localité est plus connue en tant que site d’orpaillage, objet d’attraction de nombreux jeunes. SECACO ou la ruée vers l’or. Sur place, à SECACO, l’on peut se rendre compte de cette fièvre de l’or. Il y a le village, les habitations, deux écoles primaires, un centre de santé, une vie normale de village, mais une grande partie occupée, à quelques pas, par les sites abritant l’orpaillage. C’est comme si tout le monde pratiquait l’orpaillage ou des activités liées. Des boutiques, des commerces, et autres petits métiers, mais la vie semble tourner autour de l’or à SECACO.

Le chef du village de SECACO, Kalifa Koh (Ph. Studio Yafa)

Le président du Conseil villageois de Développement (CVD), Abdoul Aziz Sankara (48 ans),né à SECACO, fait comprendre que le village est organisé autour des activités sur les sites d’orpaillage. Dans ce sens, à l’en croire, il est prélevé de petits fonds. Et sur la base de ceux-ci, ils ont « fait les premiers travaux de la voie qui mène à SECACO, des aménagements au CSPS et à l’école ». Par exemple, cite-t-il, « au CSPS, nous avons construit la salle de garde. Ça nous sert également à gérer les cas sociaux. Des gens malades qui n’ont pas de moyen pour se soigner, ou ceux qui sont malades et veulent repartir chez eux mais n’en n’ont pas les moyens, on les aide.  C’est en prélevant chez les orpailleurs qu’on arrive à faire cela ». Le chef renchérit: « l’exploitation de l’or nous a sauvés de beaucoup de difficultés ».

Lire aussi: Petits commerces au bord de la route: le succès de l’escale de Boromo

Les personnes rencontrées à SECACO, déplorent des difficultés d’accès à leur village. « Ici notre difficulté, ce sont les voies d’accès. On a un centre de santé, en cas d’évacuation, c’est vraiment compliqué », regrette le chef.

C’est en effet, un parcours du combattant pour se rendre dans cette localité, à partir de Boromo. Le chemin est tortueux, parsemé, en plus de tronc d’arbres et de trous, suite à la saison des pluies. Par moment, il faut laisser la voie déjà tracée pour se faufiler entre les arbres pour pouvoir avancer. Un vrai calvaire pour les habitants de Aninayou, ancien nom de SECACO.

Boureima Dembélé