Le Moui bongo : les mets de Salamata Tapsoba conquièrent des centaines de Ouagavillois
Salamata Tapsoba, dite ''Sala Moui Bogo'' vend le riz depuis plus de 20 ans (DR)

Le Moui bongo : les mets de Salamata Tapsoba conquièrent des centaines de Ouagavillois

Le ‘’moui bongo’’ ou encore le riz accompagné d’une sauce de pâte d’arachide aux boyaux de moutons est un plat de plus en plus apprécié par les Burkinabè. Salamata Tapsoba vend ce met typiquement burkinabè depuis plus de 20ans. ‘’Sala moui bongo’’ comme l’appellent affectueusement ses clients a su se créer une communauté de consommateurs fidèles et a fait de cette activité son gagne-pain quotidien.

Installée dans son ‘’restaurant par terre’ ’ou encore restaurant de rue aux abords d’un goudron au quartier Bilbalgho, Salamata Tapsoba ou ‘’Sala Moui bongo’’ s’active pour faire plaisir à ses clients.

Dès les premiers rayons du soleil, la spécialiste du ‘’moui bongo’’ avec son équipe est en place attendant les premiers clients matinaux. « Je viens ici à 05h30 et dès 06h je suis prête à répondre à la demande de mes premiers clients », explique-t-elle en précisant que certains clients très matinaux prennent son riz comme petit-déjeuner pour mieux affronter la journée.

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Il est 05h 30. Salamata Tapsoba arrive dans son bureau ou du moins dans son restaurant par terre. Elle est vêtue d’une robe en pagne de couleur jaune avec un foulard multicolore sur la tête. La mère de famille affiche un sourire permanent qui apporte un plus à son cadre accueillant et chaleureux. Déjà sur pied à 03h du matin, elle s’active à la cuisine avec l’aide de deux femmes qu’elle a embauchées pour rendre disponibles les premières bassines de riz, de sauce, de viande et de spaghetti pour le plus grand bonheur des premiers clients.

Jeunes, enfants, adultes, la clientèle de ‘’Sala Moui bongo’’ est très variée. Son hangar qui abrite quelques bancs et quelques tables servant de restaurant par terre ne désemplit pas jusqu’à une heure tardive dans la nuit. Selon la vendeuse il y a énormément de personnes qui n’arrivent pas à faire la cuisine chez elles pour plusieurs raisons et avec son business, elle leur permet d’avoir à manger même dans la nuit avec un budget raisonnable. « Il y a des personnes à cause du boulot n’arrivent pas à se faire à manger ou pour d’autres raisons. Si elles viennent ici même à 22h, elles auront à manger et moi aussi j’aurai l’argent, et tout le monde est satisfait », fait-elle savoir.

Un héritage maternel

Depuis plus de 25 ans, Salamata Tapsoba est dans la préparation et la vente du Moui bongo. Elle avoue avoir commencé cette activité très jeune. « J’ai commencé cette activité depuis toute petite. J’ai quitté les bancs en classe de CM2 pour assister ma mère et ma sœur dans ce commerce. Plus tard ma mère nous a quittés et ma sœur a donc continué ce qu’elle nous avait légué comme héritage. Malheureusement elle va, elle aussi, rejoindre le ciel alors je décide de pérenniser cet héritage », dit-elle avec un sourire qui laisse transparaître sa fierté et sa détermination.

Ce savoir-faire, Salamata l’a également inculqué à ses enfants qui n’hésitent pas à lui apporter un coup de main pendant les vacances scolaires ou à leurs temps libres.

Plusieurs difficultés pour une réussite assurée

‘’Sala Moui Bongo’’ après le décès de sa grande sœur qui avait repris le commerce de leur maman a eu beaucoup de difficultés à relancer ses activités. A l’en croire lorsqu’elle a repris la vente du Moui bongo, elle a été victime de harcèlement par son entourage qui était prêt à lui mettre des bâtons dans les roues. « Quand j’ai repris le commerce, j’étais beaucoup jalousée par mes belles-sœurs et même par les voisins », raconte-t-elle.

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En plus du harcèlement et de la jalousie dont elle a été victime, elle a dû arrêter son commerce pendant deux semaines. Son entourage, selon elle la calomniait avec les propriétaires des lieux qu’elle obtenait pour son commerce. « Chaque lieu que je gagnais et que mon commerce commençait à bien se porter, cela suscitait de la jalousie et des petites querelles qui me poussaient à quitter les lieux », relate-t-elle.

A cela j’ajoute le manque de moyen financier qui a été un grand blocage pour la pérennisation de son entreprise mais en aucun cas l’envie d’abandonner n’a effleuré son esprit. « C’était vraiment dur, je pleurais par moments et je me questionnais beaucoup mais jamais je n’ai ressenti l’envie d’abandonner car j’avais un objectif. Mon souhait était de pérenniser l’héritage de ma mère et de ma sœur mais aussi me prouver à moi-même que je pouvais y arriver et c’est ce que j’ai fait », dit-elle avec des larmes aux yeux.

Son actuel voisin a été celui que les anges ont envoyé vers elle pour décanter sa situation. En effet durant ses deux semaines d’inactivité, ce dernier lui a fait une très bonne proposition qu’elle a décidé de mettre en pratique et jusqu’à présent elle ne regrette pas de l’avoir écouté. « Il m’a dit de voir avec mon époux pour faire directement la cuisine dans mon ménage au lieu de le faire en grande famille et qu’il allait m’aider à obtenir une place loin de sa boutique. Comme si ma mère et ma sœur veillaient sur moi, tout m’a été favorable. Et depuis lors mon commerce a été propulsé », confie-t-elle.

‘’Sala Moui bongo’’ a toujours bénéficié du soutien de son époux et de ses enfants pour rester debout malgré les difficultés qui se sont présentées à elle.

175 kilogrammes de riz vendus par jour

Par jour ‘’Sala Moui bongo’’ prépare trois sacs et demi de 50 kilogrammes de riz, ce qui pousse à croire que la vente de riz est un secteur d’activité très rentable. Bien que le prix du sac du riz soit augmenté, la ‘’spécialiste du Moui bongo reste fidèle au nombre de sacs de riz vendus afin d’être sûre de pouvoir répondre à la demande de la clientèle.

Chez elle, le prix du plat varie en fonction des ajouts demandés. En effet avec la somme de 200F un citoyen quelconque peut se procurer le ‘’Moui bongo’’ de Sala. Ainsi, elle propose du riz accompagné de sauce pâte d’arachide ou de la soupe, avec du poisson, de la viande de poulets, du spaghetti et de la viande de mouton ou de bœufs et des légumes comme le chou, l’aubergine locale et bien d’autres.

La mère de famille peut réaliser un bénéfice de plus de 50.000f, ce qui lui a permis d’économiser et de satisfaire des besoins essentiels.

Plusieurs clients variés et hygiène au rendez-vous

Adultes, jeunes, enfants…, la clientèle de ‘’Sala Moui bongo ‘’est très variée. Du lundi au vendredi, Sala Tapsoba sert plusieurs dizaines de personnes qui sont fidèles à sa cuisine.

Hassane Kouanda, habitué des lieux indique manger du ‘’Moui bongo’’ chaque matin sans jamais s’en lasser car l’hygiène et le goût sont au rendez-vous. « Elle fait du très bon repas avec des ingrédients naturels. Chaque matin je suis fidèle au rendez-vous qu’elle nous donne du lundi au vendredi et même certains soirs je passe encore manger son bon riz dans un cadre propre et accueillant », indique-t-il.

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Quant à Azaël Bonkoungou, manger dehors a toujours été un problème pour lui à cause du manque d’hygiène qui se fait remarquer. Mais Sala a su se démarquer en imposant une règle d’hygiène stricte qui a su le convaincre et a fait de lui l’un de ses fidèles clients. « La première fois que j’ai mangé son riz dans son restaurant, j’ai été séduit par la qualité et l’hygiène qui y étaient. Généralement les restaurants par terre ne sont pas hygiéniques et les repas sont exposés avec des mouches autour des plats. Chez elle, chacune de ses employées a un rôle bien défini. Il y a celle qui sert avec elle, celles qui s’activent à la cuisine et celles qui sont chargées de rendre les lieux et les plats propres », clame-t-il.

Elsa Bicaba mère de deux enfants et son époux sont des habitués du restaurant de Sala. En couple, ils ne manquent pas d’occasion de se régaler et d’en apporter à leurs proches. « Depuis ma première grossesse je mange son riz. C’est mon mari qui m’a fait découvrir ce lieu et depuis lors je me suis abonnée. Je mange et j’en apporte à ma famille et à mes amis », affirme-t-elle.

Fière de son activité génératrice de revenus, Salamata est reconnaissante à sa maman pour lui avoir transmis son savoir-faire et ambitionne aussi passer le témoin aux plus jeunes.

MoussoNews avec Studio Yafa