Mariam Ouattara, une femme journaliste au cœur de la CAN 2023
Mariam Ouattara réalisant un montage après un match de football, 23 janvier 2024, Yamoussoukro. © Studio Yafa

Mariam Ouattara, une femme journaliste au cœur de la CAN 2023

Journaliste à la télévision nationale du Burkina Faso, Mariam Ouattara a vécu sa première Coupe d’Afrique des Nations (CAN) du 12 janvier au 11 février 2023, en Côte d’Ivoire. Elle nous raconte son expérience enrichissante et les défis qu’elle a dû relever dans un milieu majoritairement masculin.

Mariam Ouattara a eu la chance de participer à la CAN 2023, qui s’est tenue en Côte d’Ivoire. C’était sa première CAN. La jeune reporter à la télévision nationale du Burkina Faso en garde un souvenir inoubliable. « C’était une belle expérience, confie-t-elle. Elle est enrichissante parce que pendant cette compétition, j’ai découvert d’autres choses », assure la jeune fille.

Mariam Ouattara en salle de presse à la CAN 2023.
Mariam Ouattara parmi ses confrères dans un centre de presse de la CAN 2023, Bouaké. © Studio Yafa

Couvrir une Coupe d’Afrique de football n’est pas comme couvrir le championnat national. Il y a des règles à respecter. Il faut suivre tout un protocole pour filmer les matchs, interviewer les joueurs en conférence de presse ou dans les zones mixtes. Ce qu’elle n’a pas l’habitude de voir.

Émerveillée par l’organisation

Pour le compte de la télévision nationale du Burkina Faso, elle a couvert les matchs du Burkina Faso principalement mais aussi d’autres pays. La journaliste a été impressionnée par le niveau de jeu mais surtout les infrastructures. « Le stade de Bouaké, construit en 1984, est impressionnant. Il a été rénové pour la CAN et offre un confort optimal. Aujourd’hui, il est couvert et dispose de toutes les commodités. Il n’a rien à envier au stade du 4-Août, qui date de la même année. On est un peu jaloux », indique Mariam Ouattara qui a intégré le service sport de la télévision nationale depuis 2017.

En prenant cet exemple, elle fait une comparaison avec la situation du Burkina Faso qui n’a toujours pas de stade homologué par la Confédération Africaine de Football (CAF) et la Fédération Internationale de Football Association (FIFA). Il n’y pas que le niveau de jeu et les infrastructures qui impressionnent Mariam. Il y a aussi l’ambiance et l’hospitalité des Ivoiriens qui ont su faire de la CAN, une fête populaire.

Les équipes de journalistes travaillent souvent tard. Mais, c’est un rythme de travail auquel elle est habituée depuis qu’elle a intégré la télévision nationale. « A Ouagadougou, que ce soit pendant la CAN ou la Coupe du Monde, quand je finis tôt, c’est 23 heures. Et ça, c’est du premier jour jusqu’au dernier jour de compétition. Et à Bouaké, rien n’avait essentiellement changé de ce côté-là », informe-t-elle. Pour Mariam Ouattara, tant que le travail n’est pas fini, il n’y a pas de place pour manger. Ce qui n’est pas toujours facile à supporter. Elle ne s’en préoccupe guère.

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Participer, à la CAN n’a pas été de tout repos pour Mariam Ouattara, qui a dû faire face à des défis, en tant que femme journaliste dans un milieu majoritairement masculin. Elle a dû faire preuve de caractère et de professionnalisme pour se faire respecter.

« Étant une femme dans un milieu d’hommes, il faut avoir son caractère et je pense que je n’en manque pas et je l’utilise dans mon travail. Quand on se retrouvait en conférence de presse, je n’ai jamais vu plus de trois femmes dans une salle de conférence, pourtant souvent archi-comble », déplore-t-elle. La native de Bobo Dioulasso en a profité pour tisser des relations avec des confrères d’autres pays.

Mariam Ouattara qui marche près du Stade de la Paix de Bouaké
La CAN était aussi une découverte pour Mariam Ouattara, Bouaké, 20 janvier 2024. © Studio Yafa

Mais, cela ne pose pas de problème à Mariam Ouattara qui joue souvent des coudes pour se faire une place et placer son micro. Pour elle, il n’y a pas à s’offusquer d’être seule dans un monde composé pour la plupart d’hommes. Elle reconnaît. Les hommes ne considèrent pas souvent les femmes journalistes à égalité. « Ma consœur Christelle Paré me fait souvent remarquer que les hommes ne nous considèrent pas comme des confrères mais juste comme des enfants ». Ce qu’elle reconnaît. Elle promet de sa battre pour s’imposer par la qualité de son travail.

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Toutefois, reconnue comme l’une des meilleures dans son domaine, celle qui trace son chemin dans le monde du journalisme sportif au Burkina Faso se considère comme un modèle pour de jeunes étudiantes en journalisme. « Si les étudiantes déjà me connaissent, je pense que c’est déjà quelque chose. Des vocations peuvent naître de là. Encore que la mienne ne vient pas du fait que j’ai vu quelqu’un, une autre dans le domaine à qui je voulais forcément ressembler », estime-t-elle.

Le chef de service sport de la RTB télévision s’est montré satisfait du travail réalisé par sa consœur. « C’était une première expérience et je suis satisfait de la qualité de son travail. Elle est désormais une journaliste sportif ‘’accomplie’’ prête à couvrir toute seule une CAN. Je l’ai vu s’adapter rapidement au rythme de la compétition tout en prenant des initiatives. Elle s’est par exemple essayée au stand up sous forme de faux direct. C’est formidable », avoue-t-il.

Mariam Ouattara déplore le fait que l’équipe nationale du Burkina Faso se soit limitée au stade des huitièmes de finale de la compétition. Elle aurait aimé suivre le parcours de l’équipe nationale jusqu’en finale. Mais, elle espère que ce n’est qu’une partie remise.

Boukari Ouédraogo